La Chronique Agora

Tony Hayward, dévoré par des zombies

▪ Pauvre Tony Hayward.

Il a été dévoré par les zombies la semaine dernière.

Maintenant que nous avons compris comment ça fonctionne, nous voyons les forces de l’histoire en marche partout autour de nous — une lutte éternelle entre les zombies et les producteurs. Nous sommes entouré de zombies. Ils sont partout autour de nous. Les avocats. Les bureaucrates. Les politiciens. Les esclaves de l’Etat-Providence. Les escrocs. Les tire-au-flanc. Les râleurs.

▪ Mais revenons-en à l’économie pour un petit moment. Hier était le jour le plus long de l’hémisphère nord. Ce qui signifie que l’année est à moitié terminée.

Les mesures de relance ralentissent… le chômage commence à remonter. L’immobilier US semble prêt pour une nouvelle dégringolade.

David Rosenberg :

"On ne peut nier le renouveau du déclin du marché résidentiel américain, et cela transcende la fin des crédits d’impôts — le secteur est fondamentalement faible. De plus, la demande n’a pas réagi à la dernière baisse des taux hypothécaires et les intentions d’achat immobilier sont, en un mot, moribondes. L’indice de l’Association américaine des constructeurs immobiliers (NAHB) est passé de 22 en mai à 17 en juin — un plancher de trois mois. L’indice concernant les acheteurs a reculé, de 14 à 16, mais la chose la plus importante résidait dans l’effondrement de quatre points des ‘futures perspectives de vente’, de 23 à 27 — elles n’avaient pas été si basses depuis les profondeurs de la récession, en mars 2009".

Eh bien, vous ne pouvez pas dire que nous ne vous avons pas prévenu. C’est une Grande Correction, pas une reprise.

▪ Et pendant ce temps, les zombies gagnent du terrain.

C’est jeudi dernier qui a dû sembler être le jour le plus long, pour Tony Hayward.

"Le Congrès déchire le dirigeant de BP", comme le disait le Financial Times.

M. Hayward a été confronté à un panel de zombies du Congrès US. Ils l’ont enchaîné à un rocher pour que les membres du comité de l’énergie puissent se repaître de ses organes internes chacun à leur tour.

Durant sept heures, le PDG de BP a été interrogé sans relâche ; on lui a posé toujours les mêmes questions. Et à chaque fois ses réponses étaient les mêmes. Non, il n’était pas expert en matière de propriétés liantes du ciment sous-marin. Non, il n’était pas sur place quand la plate-forme a explosé. Non, il ne savait pas exactement ce qui avait mal tourné ; il attendait les résultats de l’enquête des experts, comme tout le monde.

Mais les zombies ne se souciaient pas vraiment d’aller au fond des choses. Ils visaient la jugulaire. Et le bras droit. Et le foie.

D’après ce que nous avons pu lire, M. Hayward a tenu le coup. Il a joué son rôle. Il ne s’est pas écarté du script. Il est resté calme tandis qu’on le dépeçait. Sa voix n’a pas tremblé pendant qu’on l’amputait du foie.

Les politiciens du comité, en revanche, étaient décevants, même pour des zombies. Ils avaient les téléspectateurs de leur côté. Ils auraient dû nous faire rire et pleurer. Pourtant, en dépit de tous leurs dons théâtraux, ils semblaient incapables de faire plus que mettre un masque d’indignation usé. Comme un homme qui voudrait se débarrasser de sa femme et la trouve in flagrante delicto ; leur courroux semblait plus contrefait qu’authentique.

Ni Hayward ni les zombies en chef, Henry Waxman et Bart Stupak, ne gagneront d’Oscar. Mais ils ont joué comme on pouvait s’y attendre. Hayward a dit ce qu’il avait à dire. Ses interrogateurs ont feint de se soucier profondément des poissons et des oiseaux, de la faune et de la flore du golfe.

C’est la réaction de la foule qui nous a perturbé. Dans un combat entre un groupe de zombies et un véritable producteur, les gens devraient pencher du côté du pétrolier. Après tout, lorsqu’ils se rendent dans une station-service, ce n’est pas le dernier rapport du Congrès qu’ils mettent dans leur réservoir. Lorsqu’ils chauffent leurs maisons, ils ne se tournent pas vers les avocats pour leur fioul. Le carburant est précieux. Ils le savent. Et ils savent que quelqu’un doit aller le chercher. En fait, leur demande d’octane est si pressante, et le prix si élevé, que les producteurs doivent s’éloigner de plus en plus des terres. Personne ne forerait à plus d’un kilomètre sous la surface de la mer pour trouver du pétrole si les gens n’en avaient pas un si terrible besoin. Tôt ou tard, une plate-forme allait céder.

On aurait pu penser que le public montrerait plus de sympathie à l’égard des gens qui risquent leurs vies et leur argent pour amener le pétrole au marché.

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