La Chronique Agora

Comment tirer profit des Jeux olympiques de Paris 2024 ? (2/2)

De quelle façon peut-on profiter de l’affût de touristes à venir ?

Dans notre article précédent, nous avons vu que ceux qui voudraient louer leurs logements durant les JO devraient respecter quelques règles.

Mais si cela peut sembler attrayant, attention aux mauvaises surprises !

Installer une boîte à clés n’est pas forcément une bonne idée. En effet, l’installation peut être brisée pour en extraire les clés et accéder facilement au logement. Si une telle mésaventure vous arrive, votre assureur pourrait refuser de couvrir les dommages en considérant que la boîte à clés a favorisé le sinistre. Un vol ou une dégradation pourrait être un moindre mal en comparaison d’un squat.

Cela dit, il n’y a pas que des voleurs ou des squatteurs qui peuvent vous faire du tort…

Il y a aussi les locataires. Le web regorge de témoignages de loueurs qui ont eu la très mauvaise surprise de retrouver leur logement abîmé, voire saccagé. Des mésaventures qui sont souvent liées à de fausses déclarations des locataires. Par exemple, ceux-ci indiquent qu’ils sont un couple avec deux enfants, alors qu’ils sont une bande de jeunes venus faire la fête. Ils sont capables de retourner complètement le logement et de vous fâcher définitivement avec vos voisins qui auront subi un tapage diurne et nocturne plusieurs jours de suite.

On nous rétorquera que la plupart des locations se passent sans encombre. C’est vrai. Mais il suffit de tomber sur LE mauvais locataire pour rendre l’expérience traumatisante. Surtout – mais c’est un point de vue personnel – qu’avec l’envolée des prix, les locataires pourraient se croire tout permis. Plus le bien est loué cher (comme au moment des JO), plus les clients sont exigeants et mécontents de trouver un service qu’ils n’estiment pas à la hauteur du prix payé. Grande est alors la tentation de manifester son mécontentement, voire de « faire payer » le propriétaire du bien.

Autre déconvenue possible, même si l’affaire a été amplifiée outre-mesure par les hackers russes : les punaises de lit. Il n’est, en effet, pas impossible que les locataires ne viennent pas seuls. Une mauvaise surprise dont on aura le plus grand mal à se débarrasser. Et qui coûtera cher !

Si les mauvaises surprises ne peuvent pas être complétement éliminées, il existe des moyens efficaces pour les prévenir.

Tout d’abord, au lieu d’installer une boîte à clés ou de faire appel à un service de conciergerie, il est conseillé d’accueillir soi-même les locataires. C’est le meilleur moyen de « sentir » à qui l’on a affaire, et de vérifier que les locataires sont bien ceux qu’ils ont prétendu être quand ils ont réservé le bien.

Le deuxième moyen est d’éviter les néo-locataires, c’est-à-dire ceux qui n’ont jamais utilisé les services de la plateforme (Airbnb, Abritel, Booking, etc.) et qui, par conséquent, ne sont pas encore évalués. Il est préférable de s’en remettre à des locataires qui ont un historique et qui bénéficient de bons commentaires.

Après, on peut vider son logement de tout ce qui a de la valeur sentimentale ou financière, mais cela suppose d’avoir un lieu où entreposer ce que l’on ne désire pas mettre à la portée d’inconnus. C’est sans doute plus facile à faire dans une maison (en réservant une pièce) que dans un appartement. Mais cela enlève aussi, pour les locataires, beaucoup d’intérêt à votre logement. Ils n’ont plus alors vraiment l’impression de vivre chez l’habitant.

Bien sûr, les plateformes de réservation proposent des garanties.

Airbnb, pour rester sur l’intermédiaire le plus connu, annonce faire bénéficier ses clients d’une protection appelée Aircover qui couvre les dommages de l’hôte jusqu’à trois millions de dollars et une responsabilité civile pour les hôtes toujours à hauteur d’un million de dollars.

Cependant, on n’est jamais trop prudent. Le propriétaire aura donc avantage à souscrire une « garantie villégiature » auprès de son assureur pour couvrir les dommages matériels causés accidentellement par les locataires et qui peuvent engager sa responsabilité civile de propriétaire (dégât des eaux, incendie…).

Quoi qu’il en soit, s’improviser loueur pour la première fois au moment des Jeux olympiques n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit. La pratique des plateformes de location s’avère plus complexe qu’on ne pourrait le croire. Tout peut, et même doit, être paramétré : calendrier, prix, conditions de réservation, nombre minimal de nuitées, etc. Un novice pourrait oublier des éléments essentiels et transformer l’expérience en mauvaise surprise pour lui et/ou pour son hôte.

Par ailleurs, si vous louez pour la première fois, vous n’êtes pas noté sur la plateforme. Une annonce sans commentaires peut effrayer les locataires potentiels. Il faut aussi savoir que les algorithmes des plateformes tiennent compte des avis pour distinguer les offres. Une première annonce sera nécessairement noyée dans la masse.

Il ne faut pas oublier, non plus, si l’on fait tout soi-même, que la location de courte durée présente de nombreuses contraintes. Gestion de l’annonce sur la plateforme, réception et départ des locataires, ménage, etc. Toutes choses qui obligent à être présent alors que l’on est censé être soi-même en vacances. Et si l’on préfère recourir aux services d’une conciergerie, il faut savoir que cela a un coût qui va augmenter, lui aussi, au moment des JO. Sans compter qu’il risque d’y avoir une pénurie de main d’oeuvre et, par conséquent, la possibilité d’avoir un travail bâclé.

Il me semble aussi qu’avoir été soi-même locataire permet d’apprécier ce qu’un hôte attend en termes de services et, par conséquent, de mieux recevoir.

Quelques bons plans ?

Ceux qui se méfient définitivement de la location Airbnb, mais désirent quand même profiter de l’aubaine des JO, peuvent se tourner vers l’échange de logements.

A l’approche des Jeux, les demandes explosent sur les sites spécialisés comme HomeExchange qui facilitent l’échange d’un logement contre un autre. Pendant que des personnes habitent chez vous, vous allez résider chez eux. Ici, pas de spéculation. Les prix n’augmentent pas à cause ou grâce aux JO, car il n’y a pas de prix, mais un troc. Notez qu’il existe aussi des formules plus élaborées dans lesquelles les échanges ne sont pas réciproques, grâce à un système de points. La formule est aussi plus simple que la location, notamment parce qu’elle ne nécessite pas de déclaration préalable en mairie.

Plutôt que de passer une annonce sur une plateforme spécialisée, il peut être judicieux de faire marcher son réseau. Famille, amis, amis d’amis… ils sont sans doute nombreux dans votre entourage ceux qui cherchent un bon plan pour les Jeux, cet été. Louer à un prix d’ami à une connaissance proche ou lointaine (ou faire un échange de logement) ne vous permettra pas de faire fortune, mais vous assurera une plus grande tranquillité.

Il faut avoir en tête qu’il n’y aura pas que les amateurs de sport qui vont se déplacer à l’occasion des Jeux olympiques.

Il y a aussi ce que l’on appelle « l’écosystème JO », composé des officiels, des entraîneurs, des journalistes, des sponsors, des familles des sportifs, etc. Tous ces gens ne seront pas logés au village olympique. Beaucoup iront à l’hôtel, mais certains choisiront l’indépendance qu’offre un logement particulier. Les journalistes, par exemple, pourront préférer louer une grande maison ou un grand appartement dans lequel toute l’équipe (reporters, caméramen, preneurs de son, monteurs…) pourra s’installer et travailler après les épreuves. Les sponsors pourront aussi louer des logements pour leurs collaborateurs mobilisés avant, pendant et après les Jeux.

Il ne faut, en effet, pas perdre de vue que certains arriveront très tôt à Paris pour préparer et gérer la présence de leur entreprise. Les locations recherchées peuvent alors largement dépasser la durée de l’événement.

Et puis, il se pourrait que les retombées des JO se fassent sentir jusqu’en 2025, voire au-delà.

En effet, la formidable publicité que va constituer la retransmission des épreuves sur les écrans du monde entier pourrait susciter des envies de Paris chez tous ceux qui ne se seront pas déplacés en cet été 2024. Par ailleurs, les touristes qui auront délaissé Paris à cause des Jeux et de la foule attendue programmeront immanquablement un voyage ultérieurement. Ces deux phénomènes devraient soutenir la demande de logements pendant plusieurs mois, et peut-être même plusieurs années.

Et pour ceux qui ne veulent vraiment pas louer ?

Si vous ne voulez définitivement pas que des étrangers s’installent chez vous et dorment dans votre lit, pouvez-vous tout de même tirer profit de ces Jeux ?

Oui, peut-être en misant sur des actions de sociétés qui pourraient faire leur miel de l’événement.

La liste n’est pas exhaustive parce qu’elle se limite aux entreprises françaises, et ce n’est surtout pas une promesse, mais il pourrait être opportun de s’intéresser aux secteurs de l’hôtellerie (Accor), de l’aérien (ADP), de l’événementiel (GL Events), de la restauration (Sodexo), du commerce dans les aéroports et les gares (Lagardère), des équipements sportifs (Abeo). Et pourquoi pas aussi des paris sportifs (FDJ), de l’alcool (Pernod-Ricard), du luxe (LVMH, Hermès), etc.

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