La Chronique Agora

Terrorisme : la force des faibles, nouveau vecteur d'insécurité géopolitique (1)

▪ Les images du 11 septembre 2001 sont encore présentes à votre esprit. L’attaque a souvent été comparée à celle des Japonais sur Pearl Harbor en 1941, mais la grande différence réside dans le fait qu’elle a été « civile » : des avions de ligne civils, détournés par des terroristes ne faisant partie d’aucune armée, ont visé des cibles civiles, les tours du World Trade Center.

Au passage, l’objectif psychologique s’est doublé d’un objectif économique : vous n’avez pas oublié que les Bourses se sont brutalement effondrées, et que les taux d’intérêt ont été brusquement abaissés par la Fed pour soutenir l’économie américaine. Les organisations terroristes en ont boursièrement profité…

Si 2001 marque un tournant, le terrorisme n’est pas quelque chose de nouveau. Certains experts trouvent une première manifestation de son existence au Moyen Age, avec les attentats suicides commis contre les Turcs ou les Croisés par une secte chiite.

▪ Le terrorisme moderne remonte à la fin des années 60.
Avant, eh bien ! Je me souviens que l’on montait dans un avion à Orly, ou ailleurs en Europe, en obtenant une carte d’embarquement, simplement après avoir présenté son billet, sans aucun contrôle d’aucune sorte !

Bien sûr, il y eut des attentats anti-Français à l’époque de l’Indochine et de l’Algérie, mais ils restaient limités. En réalité, la guerre des Six Jours menée en 1967 par Israël à titre préventif contre ses voisins arabes, et qui aboutit à l’occupation de territoires à ses frontières, a été le départ pour des actes terroristes palestiniens ou de sympathisants palestiniens, dont Al-Qaïda se réclame encore aujourd’hui.

Mais il n’y a pas eu que cette composante d’origine palestinienne. Peu de temps après, l’IRA a semé la terreur en Irlande du Nord et jusqu’à Londres, puis ce fut le tour des séparatistes basques de l’ETA, du FLNC en Corse. Il y eut les Sud-Moluquois en Asie du Sud-Est, le Sentier Lumineux au Pérou, le PKK en Turquie. La liste est loin d’être exhaustive. Dans le même temps, un terrorisme de société en Occident, de type anarchiste, idéologiquement opposé à « l’impérialisme américain », ouvrait un nouveau front avec la Fraction Armée Rouge en Allemagne, Prima Linea en Italie, et Action Directe en France.

Le terreau du terrorisme est constitué d’un sentiment d’injustice et d’exclusion, de manque de liberté, d’idéologie philosophique ou religieuse. En fait, la multiplication des attentats laisse penser que le terrorisme est une menace bizarre, monolithique et universelle. En y regardant de plus près, on constate qu’une partie des organisations terroristes reste très limitée en termes d’implantation, politiquement et géographiquement.

Pour se donner de l’ampleur, elles n’hésitent pas à se réclamer d’Al-Qaïda, ou à s’y inféoder. Cette dernière est en effet plus difficile à combattre car elle recrute dans le monde entier et dans tous les milieux, ce qui lui permet d’opérer à Londres comme à Moscou.

Il ne faut pas oublier qu’il existe aussi un terrorisme d’Etat, agissant secrètement dans l’ombre pour toucher une communauté conduite à solliciter les médias pour faire valoir sa situation : Libye, Irak, Syrie, Corée du Nord, Pakistan, sont les noms qui reviennent le plus souvent dans la bouche des services secrets. Mais les forces de sécurité algériennes sont soupçonnées d’en faire partie également.

▪ Mondialisation de l’asymétrie
Si tous les régimes sont concernés, les démocraties occidentales facilitent la tâche des terroristes en leur offrant le tremplin publicitaire des médias avides de sensations. Internet et les télévisions sont devenus un véritable support pour la nébuleuse terroriste. C’est surtout son ampleur qui définit le terrorisme de notre époque. En somme, c’est à une véritable mondialisation que nous avons assisté, avec un essaimage aux quatre coins du globe, au sein de communautés très diverses.

D’ailleurs, Internet, support incontestable à la mondialisation, a été largement utilisé par les terroristes soit pour communiquer entre eux, soit pour recruter, soit pour se faire connaître, tout en restant éloignés des territoires ciblés.

Le paradoxe de la situation actuelle ne peut que renforcer la menace asymétrique, en particulier terroriste. Il est évident que les armées occidentales peuvent intervenir partout dans le monde, disposant d’une suprématie technologique et matérielle incontestable. Le corollaire, c’est que pour vaincre, l’ennemi doit déplacer la confrontation sur un terrain où la force militaire n’est pas un facteur décisif.

Nous verrons la suite demain.

[Jean-Claude Périvier est notre spécialiste de la géopolitique ainsi que des investissements géostratégiques. En tant qu’entrepreneur il a appris que pour réussir il faut être visionnaire : identifier les méga-tendances de demain et y investir avant que le monde entier ne s’aperçoive de tout leur potentiel. C’est avec cette approche qu’il rédige chaque mois la lettre d’investissement Défis & Profits, dont cet article est extrait.]

 
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