▪ Il y a quelques temps, je suis allé à Toronto pour une conférence sur ce que les spécialistes du secteur appellent "les métaux technologiques". Il s’agit d’éléments entrant dans la fabrication de toutes sortes de matériaux avancés, dans l’électronique, l’optique et plus encore. Sans les métaux technologiques, la plupart des systèmes technologiques ne fonctionneront pas correctement.
Boeing, par exemple, construit des avions. Une bonne partie de la structure et de la surface des avions sont faites en aluminium. Boeing achète donc de l’aluminium à Alcoa — lequel a, à son tour, toute une chaîne de sites de traitement, de fonderies, de mines et de minerai en divers endroits de la planète.
Ou bien Boeing achète des moteurs à General Electric, par exemple. GE a toutes sortes de fournisseurs qui construisent des pièces et des composants pour ces moteurs. Les fournisseurs, à leur tour, ont leurs propres chaînes d’approvisionnement, comprenant des métaux exotiques et très solides comme le titane. Et lorsqu’on suit la chaîne du titane, on finit par trouver un dépôt d’ilménite dans la roche québécoise ou sur une plage australienne.
C’est là que les terres rares (TR) entrent en jeu. Les TR sont une série d’éléments essentiels pour le design et la fabrication d’armes et de systèmes de pointe, entre autres choses.
Cependant, le fait est que bon nombre de chaînes d’approvisionnement importantes, actuellement, sont dominées par des producteurs qui ont le mandarin comme langue maternelle. Environ 95% des terres rares de la planète viennent de Chine. C’est un problème sérieux, en termes de sécurité de l’approvisionnement.
Le défi industriel crucial, pour l’Occident, est de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en terres rares, avant de développer ses propres sources de TR.
▪ Les terres rares en quelques mots
D’abord, il nous faut comprendre ce que sont les TR, ce qu’elles font et pourquoi cela fait une grosse différence que de ne pas pouvoir en obtenir. C’est une question de chimie. Les TR sont la série des Lanthanides dans le Tableau périodique des éléments.
Les lanthanides ont des propriétés chimiques et physiques uniques, qui mènent à toutes sortes de miracles technologiques. On utilise par exemple le cérium pour le polissage du verre, essentiel dans le secteur de l’optique. Le néodyme et le dysprosium sont essentiels pour fabriquer des aimants servant à la construction de puissants moteurs. L’erbium et le terbium sont des phosphores importants pour les systèmes d’éclairage. L’yttrium est essentiel pour la métallurgie à haute température. Et ainsi de suite.
Si l’on veut fabriquer des métaux exotiques, des moteurs électriques solides, des systèmes électriques complexes, des aimants ultra-puissants, de l’optique avancée, de l’électronique de pointe et toutes sortes de choses tout aussi futuristes, on tombe en plein dans le secteur des TR. Sans terres rares, on ne peut pas y arriver.
Ce sont là de bonnes nouvelles pour les investisseurs. Mais le plus grand défi qui semble attendre l’Occident, c’est que par de nombreux aspects, nous ne connaissons pas précisément toutes ces terres rares, parce que peu de gens font de la recherche sur ces matières.
▪ Ce que vous devez savoir avant d’investir dans les terres rares
Si vous voulez vous positionner dans le secteur des terres rares, allez-y doucement et répartissez bien votre argent. N’accumulez pas de grosses quantités de valeurs. Agissez patiemment, avec des limites strictes, proche des plateaux récents. Si vous commencez à acheter à pleines charretées, vous ne ferez qu’augmenter les volumes, provoquerez une frénésie et les day traders finiront par vous plumer centime après centime.
Vous devez comprendre que le secteur des TR est fluide et plein de risques. En ce moment, la plupart des gestionnaires financiers, institutions, fonds, courtiers et bon nombre d’investisseurs ne détestent pas les TR — ils les haïssent, à cause des pertes encaissées par le passé.
D’un autre côté, la majeure partie des maisons de courtage n’ont jamais vraiment compris les TR et ne comprennent pas plus ce qui est en train de se passer dans le secteur. Ils se rappellent uniquement ce qui s’est passé il y a quelques années, quand nous avons eu un boom des TR qui s’est transformé en bulle — laquelle a ensuite éclaté. Pendant que la bulle gonflait, de nombreux investisseurs et gestionnaires se sont pris pour des génies et ont cru que toute cette histoire de TR était littéralement du gâteau.
Eh bien, l’expérience administre de dures leçons. A présent, suite au krach des prix des terres rares, nous avons un certain nombre d’entreprises qui sont beaucoup plus efficaces aujourd’hui qu’il y a deux ans — et pourtant, les prix des valeurs ne sont qu’à une fraction de ce qu’ils étaient auparavant.
C’est-à-dire qu’aujourd’hui, nous avons des dirigeants mieux adaptés. Nous avons des actifs miniers et minéraux mieux compris. Nous avons de meilleurs flux en termes de chimie et de métallurgie. Des relations de marché se forment pour les fournisseurs de TR. Pourtant, personne ne veut acheter ces actions.
Ainsi, pour les investisseurs technologiques, le moment semble raisonnablement bien choisi pour aller faire des courses à bas prix… même s’il faut savoir que même aux planchers actuels, de nouvelles baisses restent tout à fait possibles.