La Chronique Agora

Il est temps de rentrer…

▪ Il ne s’est pas passé grand’chose ces derniers jours. L’or a perdu quelques dollars. C’est tout.

Après avoir clamé un peu partout que l’or était parfaitement abominable, la presse grand public est revenue à une position neutre sur le métal jaune. Un récent titre de Barron’s :

"L’or retrouve son éclat".

Les marchés font l’opinion. L’or a gagné près de 20% par rapport à son plancher de mai. Les opinions à son sujet sont devenues plus favorables.

On n’a encore rien vu. Toutes les grandes banques centrales de la planète ont mis en place une forme ou une autre d’assouplissement quantitatif. Elles ne peuvent pas toutes réduire leurs opérations en même temps… ou ça déclenchera la calamité qu’elles tentent d’éviter — une dépression. Elles doivent donc continuer. Les marchés… et l’économie… en dépendent.

Vous voulez voir quelque chose qui a vraiment de l’éclat ? Il suffit d’attendre un peu !

En attendant, les routes américaines ce week-end étaient encombrées de gens qui se rendaient à la plage, à la montagne et à des fêtes un peu partout. C’était Labor Day… le dernier pont avant de reprendre le collier.

Vous serez heureux d’apprendre que notre mère se porte bien. Nous n’étions pas certain que le voyage en France cet été ait été judicieux. Elle semblait si fragile. Mais elle voulait venir, nous nous sommes donc donné pour objectif de l’amener et de la ramener sans problème. Nous y sommes parvenu et avons poussé un soupir de soulagement lors de l’arrivée à l’aéroport de Dulles il y a quelques semaines.

Notre mère est charmante. Elle aura 94 ans le mois prochain. Elle a ralenti, ces dernières années. Ses pensées et sa conversation sont plus lentes. Elle marche comme si elle n’allait nulle part.

Elle a les idées claires. Elle fait des mots croisés en français — une langue qu’elle ne maîtrise pas — pour garder ses cellules grises en ordre de marche.

▪ Une fanfare en Iowa
Mais elle devient excentrique. Chaque fois qu’elle est seule dans la maison, elle met The Music Man. Elle regarde ce film encore et encore.

Vous connaissez peut-être l’histoire, cher lecteur. Un escroc arrive dans une petite ville de l’Iowa. Il gagne de l’argent en convainquant les péquenauds qu’ils ont besoin d’une fanfare… puis en leur vendant les instruments et les uniformes. Ce qui semble une arnaque tellement innocente et respectable… et si difficile à accomplir… qu’on ne peut s’empêcher de ressentir de la sympathie pour Robert Preston, dans le rôle principal.

Il commence par persuader les citoyens de River City que leur ville est damnée à cause de la chute libre de la moralité. Plus spécifiquement, les jeunes ont commencé à traîner à l’académie de billard… et à utiliser du langage aussi "cool" que "c’est bath" ou "et ta soeur, elle bat le beurre ?"

Que faire pour contrer ce mal sombre et satanique ? Eh bien, la ville a besoin de quelque chose pour lui remonter le moral… quelque chose qui rende les gens fiers de leur ville et d’eux-mêmes… une fanfare !

Le plan fonctionnait bien. Il avait ses commandes. Il avait son argent. Les uniformes arrivaient de Des Moines. Il était temps de prendre la poudre d’escampette. Mais quelque chose s’était produit. Le héros avait trop bien réussi. Les gens de River City avaient embrassé le rêve d’une fanfare. Ils étaient devenus plus confiants en eux-mêmes et en leur avenir. Oui, cher lecteur, le Music Man semblait avoir accompli un miracle… on aurait un peu dit qu’il avait fait chanter les boiteux comme Pavarotti et danser les muets comme Fred Astaire.

Sauf que le plus grand miracle n’est pas arrivé aux citoyens de River City mais au Music Man lui-même. La libraire célibataire du coin en était venue à croire non plus seulement aux cuivres et aux tambours… mais en lui. Pour la première fois de sa vie, il se voyait comme quelque chose de différent… quelque chose de mieux, un pauvre pécheur qui avait été racheté par les rêves et l’amour.

La grâce, la beauté, l’amour et la vérité… même en Iowa.

Ce doit être ce que notre mère aime tant dans ce film.

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