La technologie a toujours influencé la liberté — en bien ou en mal. De quel côté les nouvelles technologies actuelles vont-elles faire pencher la balance ?
Le Dow continue de chuter. Bloomberg nous explique pourquoi les professionnels abandonnent le navire :
« Les actions du S&P 500 ont chuté 18 jours sur 23 depuis leur sommet de septembre, soit le double, environ, de la fréquence des trois dernières corrections. Cela a été tel que l’un des indicateurs techniques de plus long terme, la moyenne mobile à 200 jours sur le S&P 500, a chuté pour la première fois en deux ans et demi.
Au lieu du schéma auquel les traders sont habitués — un ou deux plongeons ultra-stressants suivis d’un d’une hausse en V –, les ventes entamées il y a trois semaines ont été plus lentes et plus régulières. Un jour modérément mauvais en suit un autre, avec moins de rebonds. Le S&P 500 a décliné pendant 12 des 14 derniers jours, une chose qui ne s’était plus produite depuis mars 2009″.
L’argent factice est peut-être illimité. La technologie est peut-être illimitée. L’information est peut-être illimitée. Mais le temps ne l’est pas.
Le temps est compté. On se retrouve toujours à court de temps : les bulles, les booms, la technologie, les dettes, la vie elle-même. Tout.
Force ou coopération
Durant notre conférence dans les Bermudes, John Stossel a souligné qu’il n’y a en réalité que deux manières pour les gens de s’entendre : la coopération ou la force.
Soit ils font des accords gagnant-gagnant dans le secteur privé… soit ils sont contraints à des accords gagnant-perdant par le secteur public. La liberté ou l’esclavage.
Ces deux impulsions sont toujours présentes, dans nos traditions et dans nos gènes. Laquelle domine ? Quand une société devient-elle plus libre… et quand les gens se laissent-ils bousculer et dicter leur conduite ?
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Le choix nous appartient, direz-vous. Mais ce n’est pas une question de choix, de désir ou de clarté morale. Cela dépend plus de la technologie que d’une décision consciente.
Dans toutes les sociétés, à tous les points de l’histoire, il y a toujours des gens qui prennent le dessus.
Ce sont les « renards » de Pareto, qui contrôlent le « gouvernement » — c’est-à-dire que ce sont eux qui ont les armes.
Par le passé, il s’agissait généralement d’une caste militaire qui prenait le pouvoir par la force. Aujourd’hui, ils préfèrent la fraude… appuyée par des gendarmes. Dans les deux cas, il s’agit d’une élite — parfois utile, mais toujours sujette à la corruption et au parasitisme.
Démocrates… républicains… socialistes… libéraux… ils essaieront toujours de s’en tirer avec le plus possible, en d’autres termes. Et ce « possible » n’est pas une question de choix ; c’est une question de puissance de feu.
De sacrés bons tireurs
Nous avons vécu en France, en Angleterre, en Argentine et, pour de courtes périodes, au Nicaragua. Devinez quoi ? Nous ne nous sentions pas plus libre aux Etats-Unis que dans les autres pays.
Il y a des nuances et des exceptions locales, bien entendu. Mais les universitaires ne disent pas autre chose : entre l’Europe et les Etats-Unis, à tout le moins (nous laisserons le Nicaragua et l’Argentine en dehors de cela), le niveau de liberté personnelle est à peu près similaire.
Cela n’a pas toujours été le cas. Lorsque les Etats-Unis ont été fondés, les Américains étaient largement plus libres que les Européens. Leur gouvernement était plus limité. Et il avait moins d’autorité sur eux. Pourquoi ?
Cela venait peut-être des idées des Lumières, s’enracinant avec force dans le sol vierge du Nouveau Monde.
Il est plus probable que c’était dû au fait que les colons étaient hardis, auto-suffisants, lourdement armés et répartis sur une vaste zone à moitié sauvage. Il était très difficile, pour un gouvernement centralisé, de les contrôler.
Chaque technologie porte en elle le potentiel de conséquences néfastes et bénéfiques.
Certaines viennent s’ajouter du côté gagnant-gagnant. D’autres sont plus adaptées au gagnant-perdant et au Deep State.
La carabine, par exemple, donnait tout son sens au principe que « tous les hommes sont créés égaux ». Un homme armé d’une carabine pouvait facilement abattre un inspecteur des impôts à 180 mètres ou plus.
C’est ainsi qu’un Anglais revenant dans son pays suite à une visite en Amérique à la veille de la Guerre d’indépendance conseillait à ses compatriotes de « régler leurs affaires » avant de partir pour les colonies afin d’étouffer l’insurrection. Les colons, avertissait-il, étaient armés… et étaient sacrément bons tireurs !
Le canon, en revanche, était une sorte d’arme différente, plus adaptée aux gouvernants qu’aux gouvernés.
Jusqu’à l’invention du canon, un seigneur local et indépendant pouvait tenir dans son château, quasiment intouchable par les autorités centrales.
Ensuite, avec le développement du canon — trop lourd et trop cher pour les propriétaires privés –, les murailles sont tombées et les gouvernements se sont développés.
Il y a aussi l’avion, inventé au début du XXème siècle. En 1917, les avions allemands bombardaient la Grande-Bretagne ; 30 ans plus tard seulement un avion — bien trop cher pour une personne ordinaire — a été utilisé pour perpétrer le plus grand crime de guerre de tous les temps, lorsqu’il a largué deux bombes atomiques sur deux villes japonaises.
Une réalité sinistre
Et maintenant… les ordinateurs.
D’abord, on a cru que les technologies de l’information seraient une influence libératrice.
A présent, nous voyons une réalité sinistre apparaître : le Big Data fourni par Google et Facebook est en train de devenir un outil permettant aux élites de surveiller, manipuler et contrôler les gens.
La technologie — et les conditions économiques qu’elle crée — fait naître la morale populaire, et non l’inverse.
Nous pouvons voir cela plus clairement en examinant l’esclavage. Cette pratique existait depuis des milliers d’années quand soudain, en l’espace de quelques décennies, elle a été bannie partout dans le monde civilisé.
Pourquoi ? Une soudaine poussée de clarté morale ? Peut-être. Mais regardez les Etats-Unis.
Apparemment, la lumière ne s’est faite que dans les Etats du nord, où ils n’avaient pas d’esclaves… et où la clarté morale ne coûtait pas bien cher. Dans le sud, où les travailleurs agricoles devaient être payés, on resta dans l’obscurité.
Et l’on pourrait dire que ce n’est pas un hasard si l’esclavage est passé de mode au XIXème siècle plutôt qu’au XVIIIème ou XVIIème.
Avant cela, l’esclavage était économiquement compétitif, avec de la main-d’oeuvre gratuite.
Après la Révolution industrielle, cependant, il était devenu peu rentable. Les usines avaient besoin de travailleurs qualifiés et motivés. Plus un travailleur était qualifié, plus il était difficile de le garder enchaîné.
Frederick Douglas, par exemple, est né esclave dans le Maryland. Pour s’échapper, il est simplement monté dans un train vers le Delaware, un Etat libre.
La Guerre de sécession a très clairement montré de quel côté penchait l’Histoire. Les esclaves du sud pouvaient produire des tonnes de coton et de patates douces. Mais les ouvriers du nord pouvaient fabriquer de l’artillerie et des fusils !
La Révolution industrielle a augmenté le coût relatif de l’esclavage. A partir de là, à moins d’être prêt à vivre dans la pauvreté et le sous-développement — comme la Corée du Nord –, il valait mieux verser aux gens des salaires de misère que les entretenir comme esclaves.
Mais qu’en est-il de la Révolution de l’information ? Fait-elle passer l’équilibre du pouvoir vers la liberté ou l’esclavage ? Et quel est le rôle de Facebook et Google dans cette histoire ?
Rendez-vous lundi !