L’OMS préconisait de taxer le sucre pour améliorer la santé publique mais elle est récemment revenue sur cette position.
Dans un nouveau rapport (1), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) revient sur sa position de taxation sur le sucre, afin de lutter contre les maladies non-transmissibles (MNT).
On peut lire en page 44 de ce rapport :
« Il y avait un large consensus sur la plupart des sujets, mais certains points de vue restaient en conflit sans compromis possible. Ainsi des recommandations telles que réduire la consommation de sucre par des taxes sur les boissons sucrées et la responsabilité du secteur privé ne pouvaient pas être endossées dans ce rapport, en dépit d’un large soutien de nombreux rapporteurs (2). »
Au cours des deux dernières années, l’organisme des Nations Unies préconisait d’augmenter les taxes sur le sucre, afin d’en réduire la consommation et donc améliorer la santé publique. Ce faisant, les défenseurs de cette thèse — soutenue notamment par le milliardaire Michael Bloomberg — ne sont pas seulement condescendants, ils ont aussi tort !
L’administration Trump semble d’ailleurs refuser cette taxe régressive et paternaliste.
Eric Hargan, secrétaire adjoint américain pour la santé et les services sociaux, a argumenté qu’il n’était pas clair que l’imposition de taxes sur les boissons sucrées comme les sodas et les jus de fruits améliorerait la santé publique. Les auto-proclamés « défenseurs de la santé publique » se sont indignés et dans leur vision du monde, tous ceux qui ne soutiennent pas leurs appels à des impôts plus élevés seraient financés par l’industrie du sucre.
La plupart des gouvernements poussent à limiter la consommation de sucre, que ce soit l’interdiction des fontaines de sodas en libre-service en France, ou des taxes sur les boissons gazeuses en Irlande. La France a introduit une taxe sur les boissons gazeuses en 2012, mais l’augmentation du taux d’obésité et l’absence d’études à long terme rendent son effet difficile à évaluer. Quantifier l’effet sur les taux d’obésité, à l’échelle de la population, d’une seule augmentation de taxe sur un produit particulier est une tâche ardue.
Cependant, on peut faire des analyses de similitude en se servant par exemple du Danemark, qui a introduit sa « taxe sur les matières grasses » (ou « fat tax« ) fin 2011.
En octobre 2011, le gouvernement danois a introduit une taxe sur les aliments et les boissons considérés comme étant de la « malbouffe », tels que le beurre, les laits, le fromage, la viande, la pizza et les huiles, contenant plus de 2,3% de graisses saturées.
Après 15 mois, la taxe a été supprimée par la même majorité parlementaire, les Danois reconnaissant la mesure comme un échec.
Pourtant, une étude parue dans le Journal européen de la nutrition clinique démontre que pendant que cette mesure était en vigueur, la vente de ces aliments avait bel et bien chuté de 10% à 15%.
Cependant, cela ne tient pas compte de l’effet de stockage ou de thésaurisation par les Danois avant introduction de la taxe, comme le révèle une étude danoise : « […] cette quantité de ‘thésaurisation’ pourrait aussi expliquer la diminution de la consommation de matières grasses observée, du moins dans la période qui a suivi l’introduction de la taxe. »
En fait, lorsqu’on analyse les effets sur les 15 mois pendant lesquels la taxe était en vigueur au Danemark, on constate une baisse marginale de 0,9% de la consommation d’aliments gras et de boissons, un résultat qui se situe dans la marge d’incertitude de telles statistiques.
Avant l’introduction des taxes sur les matières grasses ou sur le sucre, toutes les conséquences indirectes devraient être considérées par les politiciens. Le résultat danois démontra que les consommateurs consommaient les mêmes quantités de graisse et de sucre, tout en diminuant la qualité des produits (en achetant des marques moins chères).
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Les consommateurs à faible revenu consacrent une plus grande partie de leurs salaires à l’épicerie, ce qui les rend plus touchés par les hausses d’impôt sur les biens de consommation.
Dans les faits, une taxe sur le sucre est une taxe sur les pauvres. Ce n’est d’ailleurs pas nié par les « défenseurs de santé publique ». En effet, le milliardaire Michael Bloomberg, qui a fortement restreint le choix des consommateurs pendant son mandat de maire de New York et qui siège à l’OMS en tant qu’ « ambassadeur mondial pour les maladies non transmissibles« , s’exprima avec les mots suivants (4) :
« Il y a des gens qui disent que [ces] taxes sont régressives. Oui elles le sont et c’est leur point fort. Le problème est justement avec les gens qui n’ont pas beaucoup d’argent. Des taxes plus élevées devraient avoir plus d’impact sur leur comportement et sur comment ils s’alimentent. J’entends des gens dire : ‘nous ne voulons pas taxer les pauvres !’ Mais en fait, nous voulons que les pauvres restent en vie plus longtemps, pour qu’ils puissent s’éduquer et profiter de la vie. » (4)
En gros le message est : taxons plus les pauvres puisque c’est pour leur bien !
Non seulement ce point de vue est démenti par les faits mais il ignore les effets indirects de ces taxes, qui ne fonctionnent pas de façon aussi simpliste que le prévoient ces élites.
Un tel propos est aussi arrogant et condescendant de la part de quelqu’un qui peut s’offrir tous les luxes du monde avec une fortune de plus de 50 milliards de dollars.
(1) Téléchargeable en anglais ici
(2) There was broad agreement in most areas, but some views were conflicting and could not be resolved. As such, some recommendations, such as reducing sugar consumption through effective taxation on sugar-sweetened beverages and the accountability of the private sector, could not be reflected in this report, despite broad support from many Commissioners.
(3) https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0306919213000705
(4) https://www.youtube.com/watch?v=Mkf_Wc_WaCU