La Chronique Agora

Les taux de rendement de votre épargne sans risque à attendre dans le futur

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Les rendements de l’assurance-vie en euro, du livret A et du PEL sont désormais en dessous des derniers chiffres d’inflation.

Nous nous étions quittés au mois de mars avec une Fédération française de l’assurance (FFA) qui avait enfin annoncé son estimation du taux de rendement moyen des fonds euros en 2017 à 1,8%, rendement qu’elle jugeait « performant » et dont elle invitait les épargnants à se réjouir.

Le taux de rendement moyen des fonds euros en 2017 révisé
à la baisse

Depuis, Facts & Figures a publié son baromètre 2018 de l’épargne-vie. Le cabinet estimait le 1er juin que le rendement moyen 2017 était de 1,67%, inférieur donc au chiffre de la fédération (soit 0,5% net d’inflation).

Question : jusqu’à quel niveau le rendement moyen des fonds euros devra-t-il descendre pour que la FFA juge la performance décevante ?

Facts & Figures envisage un taux moyen entre 1,40% et 1,80% pour 2018. En ce qui me concerne, j’ai du mal à me réjouir en tant qu’épargnant que l’on me présente une nouvelle diminution possible du taux de rendement moyen des fonds euros comme une bonne nouvelle…

 

En somme, la FFA et le fonds euros, c’est un peu comme Emmanuel Macron et l’endettement de la France : on est censé se réjouir car la situation continue de se dégrader mais à un rythme moins élevé que prévu…

Le taux de rendement moyen réel du fonds euros négatif
dès 2018 ?

Sachant par ailleurs que l’inflation telle que mesurée par l’INSEE se montait à 1% en 2017 contre 2% en mai 2018 – « son plus haut niveau depuis août 2012 » comme le relève L’AGEFI –, « l’enjeu, pour les prochaines années, consistera à réussir à couvrir l’inflation », comme l’indique Cyrille Chartier-Kastler de Facts & Figures.

D’où cette deuxième question : l’épargnant devra-t-il danser la Macarena lorsque le taux de rendement moyen réel du fonds euros sera en dessous de zéro ?

Zéro rendement et zéro papier

Votre société d’assurance pourrait commencer à se faire plus discrète à partir de l’année prochaine.

Sauf opposition de votre part, l’ordonnance numéro 2017-1433 du 4 octobre 2017 « relative à la dématérialisation des relations contractuelles dans le secteur financier » (applicable depuis le 1er avril) permettra en effet à votre banquier ou à votre assureur de vous avertir par e-mail que votre relevé annuel est disponible… sur votre espace client.

Livret A : le gouvernement s’efforce de ronger votre trésorerie

Encore une « bonne nouvelle », qui date du mois d’avril. Réjouissez-vous épargnants, votre bon ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire vous a promis que le taux de rémunération du Livret A sera maintenu à 0,75% jusqu’en janvier 2020, et ne descendra « jamais » en dessous de 0,5%.

La méthode de calcul de ce taux sera donc revue et simplifiée. A partir du 1er février 2020, le taux du Livret A sera fixé comme « la moyenne semestrielle du taux d’inflation et des taux interbancaires à court terme (EONIA) », dans la limite minimale absolue de 0,5%, « arrondi au dixième de point le plus proche, au lieu de l’arrondi au quart de point pratiqué actuellement ».

Le gouvernement acte ainsi officiellement la fin du « plancher d’inflation », le principe selon lequel le taux du Livret A ne pouvait descendre en-dessous du niveau d’inflation hors tabac des six derniers mois augmenté d’un quart de point, comme le veut la formule de calcul en vigueur.

Ce principe était en effet déjà été bafoué puisque le taux de 0,75% en vigueur se situe déjà en-dessous de l’inflation…

Fin avril, constatant que l’Eonia ne cesse de décliner depuis fin 2014, cBanque se posait la question suivante :

Au final, « fixé à 0,50%, [ce taux] pourrait bien devenir la règle plutôt que l’exception. »Moins de deux mois plus tard, le gouvernement introduit de nouvelles dispositions par arrêté, dans l’optique d’éviter toute envolée du taux à partir de février 2020 au cas où l’inflation ressusciterait.

Selon les explications du JDN :

« Afin de contenir une éventuelle remontée brutale du taux d’intérêt du Livret A en 2020, suite à une forte hausse des taux interbancaires, par exemple, la différence entre deux révisions successives de taux du Livret A ne pourra pas dépasser 0,5 point (au lieu de 1,5 point jusqu’alors). Cela donne déjà une indication sur le taux du Livret A à partir du 1er février 2020 : celui-ci sera obligatoirement compris entre 0,5 et 1,25%. »

Un PEL moribond ?

Pour ce qui est du PEL (270 milliards d’euros d’encours), il a enregistré au mois de mars sa pire collecte mensuelle depuis plus de cinq ans, avec 31 M€.

« A ce rythme, le PEL devrait rapidement apparaître en décollecte, ce qui n’est plus arrivé depuis novembre 2012 », commente cBanque.

Rien de très étonnant, puisqu’un PEL ouvert en 2018 ne rapporte que 1% et que ses intérêts seront désormais assujettis à l’impôt sur le revenu dès la première année.

Pourquoi votre épargne « sans risque » ne vous rapporte-t-elle plus rien ?

A fin avril 2018, on parle tout de même de près 280 milliards d’euros d’encours sur le Livret A qui n’ont plus vocation qu’à vous rapporter autour de 0,5%, de 1 340 milliards d’euros d’encours sous gestion en fonds euros d’assurance-vie à rémunérés en moyenne à 1,67%. Niveau performance, le PEL ne fait pas mieux.

Pourquoi un tel traitement de votre épargne ? Comme l’écrit Simone Wapler :

« La grande innovation de notre époque est que les gouvernements n’ont plus besoin de votre argent pour se financer et nourrir leurs zombies. Ils n’ont donc pas besoin de vous rémunérer. Mario Draghi – John Law du XXIème siècle – rachète la dette d’Etat et distribue tous les mois 60 milliards d’euros aux zombies. »

Evidemment, des prix de marché seraient plus favorables à votre épargne. A tout prendre, il vaudrait mieux que le gouvernement supprime le Livret A (et les autres formes d’épargne réglementée), mais qu’il arrête d’empiler des montagnes de dette.

Les banques commerciales seraient alors en concurrence pour rémunérer votre trésorerie, et votre épargne de long terme pourrait être rémunérée au vrai prix, plutôt qu’au taux indirectement décidé par la banque centrale.
[NDLR : La seule façon qui vous reste de faire prospérer votre épargne consiste à prendre des risques sur une petite partie en espérant un gros rendement. Découvrez ici des possibilités de décupler votre mise en participant à la croissance de jeunes entreprises en croissance ayant déjà du chiffre d’affaire, des clients et des marges.]

Hélas, comme nous le verrons prochainement, la situation n’est pas près de s’arranger, sachant que les Français sont les champions mondiaux de l’épargne.

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