La Chronique Agora

Taux interbancaires : le baromètre du système financier

▪ Ces dernières semaines, alors que les risques de contagion liés à l’endettement des pays européens les moins solvables étaient à leur paroxysme, les autorités européennes ont mobilisé quelque 750 milliards d’euros ainsi que le soutien de la BCE pour acheter des obligations souveraines et enrayer ce problème. Cette tension s’est directement traduite sur le marché interbancaire.

Comme leur nom l’indique, les taux interbancaires désignent les taux auxquels les banques s’échangent de l’argent entre elles. Ces taux traduisent une moyenne qui est basée sur les déclarations des banques. En conséquence, lorsque la perception du risque est faible, les taux demandés sont bas — car le prêteur a confiance dans la capacité de l’emprunteur à le rembourser. A l’inverse, quand les taux remontent, c’est que le prêteur estime qu’il y a un risque et qu’en contrepartie, la rémunération doit être plus élevée.

▪ L’Euribor et le Libor entre tension et détente…
L’Euribor (Euro Interbank Offered Rate) à trois mois est la référence dans le domaine. Il s’agit ici du taux offert pour rémunérer les dépôts en Europe. Son équivalent à Londres s’appelle le Libor (London Interbank Offered Rate) est reste donc sur une échéance à trois mois — il est libellé en dollar.

Aussi, il peut être intéressant d’observer l’évolution de ces indicateurs ces dernières semaines. Le constat est simple et rapide : les tensions ont poussé le rendement du premier à 0,68% tandis que cet agrégat s’établissait à 0,46% pour le second, au plus haut de l’année.

Cependant, depuis l’annonce du plan de soutien massif (le 10 mai au matin), la détente est visible sur des échéances plus rapprochées — il y a un décalage temporel sur les contrats à trois mois. Sur l’Eonia (taux des dépôts au jour le jour) par exemple, après avoir dépassé les 0,6% le 07 mai, les rendements reviennent depuis quelques jours sur des niveaux plus "raisonnables" autour des 0,35%.

▪ …face à des inquiétudes grandissantes
Malgré cela, il est à mon avis important d’analyser avec un peu de recul ce que l’on a observé dernièrement et surtout les implications.

En effet, avec un Euribor à 0,68% quand le Schatz (taux allemand à deux ans) évolue autour des 0,50/0,55% signifie ni plus ni moins que le coût de financement des banques à trois mois a dépassé celui de l’Allemagne sur une période à deux ans !

Evidemment, si l’Allemagne représente plus que jamais le "summum" de la sécurité en Europe, le fait que les investisseurs demandent plus de 10 points de base de plus d’intérêt pour une durée six fois plus courte met en lumière les inquiétudes grandissantes quant à l’exposition des banques européennes (principales détentrices de dettes souveraines)…

▪ Ce taux peut s’avérer gagnant avec les CFD
Pour terminer avec un parallèle sur les CFD, cette notion est en effet importante à appréhender. Si vous tenez vos positions pendant plusieurs jours, n’oubliez jamais que le calcul quotidien des frais de financement d’une position en CFD — qui vous sont débités dans le cas d’une position haussière mais surtout, crédités dans le cas d’une position vendeuse — dépend en général des taux interbancaires du pays de l’actif sous-jacent.

En conséquence, en envisageant le pire, avec un retour du scénario catastrophe comme lors de la faillite de Lehman Brothers où les taux interbancaires s’étaient envolés (l’Euribor 3 mois dépassait les 5% en en octobre 2008), la tenue de position short sur des CFD durant plusieurs jours/semaines deviendrait alors vite rentable ! Si personnellement je n’y crois pas, force est de constater que les tensions observées ces derniers temps poussent malgré tout à y réfléchir…

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