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Les taux d’intérêt sont négatifs… mais que va-t-il se passer maintenant ?

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Les banques centrales essayent par tous les moyens de booster la croissance — même s’il faut en passer par les taux négatifs. Tout ce qu’elles obtiendront, cependant, c’est une dépréciation de la monnaie. Un beau désastre à venir, selon Dan Denning.

Lors de l’attaque du train postal Glasgow-Londres en 1963, 2,6 millions de livres sterling ont pu être volées grâce au piratage de la signalisation de la voie ferrée dans le but de faire stopper le train. C’était audacieux. Le butin s’élevait à environ 50 millions de livres actuelles. Mais sur l’échelle des cerveaux criminels, le gang des quinze voleurs qui a réalisé le casse le plus célèbre de l’histoire britannique est hors concours par rapport au gang actuel de voleurs qui dirigent les banques centrales du monde entier.

Ces personnes – Janet Yellen, Mario Draghi, Mark Carney et Haruhiko Kuroda – ont réalisé un hold-up bien plus important. En falsifiant les signaux de prix – les taux d’intérêt court et long terme – ces banquiers centraux ont risqué des milliers de milliards de dollars d’épargnes mondiales. Alors que le monde portait toute son attention sur les risques du Brexit, un risque plus grand et plus dangereux apparaissait : la « fin de la partie » par les banques centrales aura pour conséquence une chute massive du prix des actions et des obligations.

Des distorsions sans précédent

Que les taux d’intérêts puissent à nouveau monter – contrairement aux intérêts exprimés des banques centrales – semble une possibilité lointaine. Après tout, la Réserve fédérale américaine a rapidement abandonné son plan de « normalisation » des taux cette année. La raison immédiate fut la publication en mai du rapport sur l’emploi aux Etats-Unis, le plus mauvais depuis six ans.

Les marchés s’attendaient à 160 000 emplois supplémentaires ; au lieu de quoi il n’y en eut que 38 000. Résultat : les traders estiment à présent qu’il n’y aura plus d’autre hausse des taux d’intérêt avant février 2017, et la présidente de la Fed Janet Yellen n’a rien fait pour décourager cette vision des choses. En réaction, le rendement des bons du Trésor US à 10 ans a touché un plus bas – 1,57% à la mi-juin.

L’événement improbable qui pourrait
déverrouiller des gains à 4 chiffres

Cette aventure va de la CIA au Pentagone… implique Henry Kissinger et Winston Churchill… et débouche sur une « Clé Secrète » qui pourrait vous rapporter des plus-values allant jusqu’à +1 616%.

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En soi, cela n’avait rien d’alarmant, contrairement à ce qui arriva par la suite. La « prime de terme » sur le bon du Trésor à 10 ans chuta vers un plus bas, passant en territoire négatif. Qu’est-ce que cela signifie ?

L’estimation de la prime de terme n’est pas une mesure précise ; on peut l’interpréter comme le rendement supplémentaire que les investisseurs exigent pour prendre le risque qu’entraîne le fait de prêter de l’argent sur une période très longue – une hausse inattendue de l’inflation par exemple. En général, comme son nom le laisse entendre, on s’attend à ce que la prime de terme soit positive – mais en juin, la prime est passée en dessous de zéro.

En d’autres termes, les investisseurs n’exigent pas de compensation supplémentaire pour prêter sur le long terme – en fait, acceptaient un rabais. Pourquoi ? En partie à cause de la forte demande d’actifs liquides « sûrs », comme les bons du Trésor ; et en partie parce que tout le monde s’attend à ce que les taux restent bas et que la déflation est un plus grand risque que l’inflation Cela signifie que les investisseurs considèrent les obligations long terme comme moins risquées que celles court terme (il vaut mieux se fixer maintenant sur un rendement légèrement supérieur plutôt que risquer d’être ramené à un rendement bien plus faible au bout de quelques années).

Panique et aversion au risque

C’est là une situation extraordinaire puisque cela suggère que malgré les agissements radicaux des banques centrales – et une absence de déflation dans les statistiques américaines – les investisseurs considèrent comme impossible l’idée que l’inflation décolle un jour. Et pas seulement aux Etats-Unis. Pendant une brève période en juin, la courbe des taux suisses – c’est-à-dire les obligations sur toutes les maturités, du court terme à 30 ans – a été négative.

Autrement dit, les investisseurs payaient l’Etat suisse pour avoir l’autorisation de lui prêter leur argent jusqu’à 30 ans. Cela reflète l’extrême aversion au risque – une ruée en panique vers la sécurité chez les investisseurs institutionnels, ce qui a également entraîné le Bund allemand à 10 ans en territoire négatif et le Gilt britannique à 10 ans à un plus bas.

On sait qu’on a atteint un point inhabituel dans l’histoire économique lorsque le désir de se préserver financièrement est tel qu’on accepte qu’une petite partie de sa richesse soit détruite afin d’éviter le risque perçu d’une plus grande destruction. Avec plus de la moitié du total des obligations d’Etat – environ 10 000 milliards de dollars – en taux négatifs, les graines ont été semées pour un anéantissement dévastateur du marché obligataire. Lorsque les Etats émettent des obligations à 20, 30, 50 et même 100 ans à des taux faibles, et que les investisseurs se ruent dessus, on est en présence d’une situation dangereuse.
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Les investisseurs obligataires risquent à présent de très grosses sommes d’argent en pariant que les taux n’augmenteront pas avant longtemps. Cependant, vu que les taux sont actuellement à des niveaux les plus bas, ou s’en approchent, cela ne semble-t-il pas bien imprudent ? C’est précisément lorsque tout le monde pense qu’une tendance ne peut que prendre telle direction qu’il vous faut réfléchir autrement. Les grands mouvements – de ceux qui peuvent ruiner ou enrichir un investisseur – ont lieu lorsqu’on s’y attend le moins. C’est là un point capital.

C’est l’achat d’obligations par les banques centrales – et le climat général de peur lorsque se terminera toute cette expérience monétaire – qui a conduit les rendements à long terme à de tels niveaux bas. A partir de là, ils peuvent baisser encore légèrement – mais les taux ne peuvent descendre plus bas que le point à partir duquel les investisseurs préfèrent garder leur cash.

Soit ils peuvent rester bas pendant une longue période de déflation et de stagnation (auquel cas, les obligations semblent parfaitement logiques)… Soit ils peuvent monter plus vite et plus haut que personne ne l’imagine actuellement. C’est ce dernier scénario qui m’inquiète le plus. Qu’est-ce qui pourrait le rendre possible ?

Nous verrons cela dès demain…

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