La Chronique Agora

Le système s’asphyxie

Les joueurs du casino boursier ne peuvent perpétuellement se payer les uns sur les autres : il faut un apport de richesse réelle exogène, il faut des flux.  

Les apprentis sorciers ont découvert le mouvement perpétuel : la croissance adossée aux actifs et les actifs adossés à la croissance.

Exactement ce que John Law a voulu tenter avec la fameuse Compagnie d’Occident (qui a souvent changé de nom) ! Il a échoué parce que les grands princes ont à un moment donné joué contre lui – et lui ont demandé de la vraie monnaie.

La monnaie et le crédit adossés aux actifs, cela ne marche pas. Ce fut aussi l’expérience des assignats, avec comme actifs les biens confisqués au clergé.

Décortiquons le système

Vous créez de la monnaie nationale qui ne rapporte rien. Les détenteurs se pressent d’acheter quelque chose qui rapporte un peu – et qui surtout procure des plus-values, en mode pyramide de Ponzi.

L’inflation du prix des actifs, considérée comme « une fortune », permet de créer encore plus de crédit puisque le pays est de plus en plus « solvable » ! Les garanties, les collatéraux voient leur valeur monter sans cesse.

Jusque-là, tout va bien : les stocks d’actifs « solvabilisent » les dettes.

Reste le problème des flux qui, eux, ne progressent pas.

Il faut donc une pompe pour gonfler ces flux. Cela peut être celle du refinancement de l’immobilier : les propriétaires immobiliers extraient leurs plus-values par le refinancement de leurs dettes.

Cela marche tant que l’on peut baisser les taux et faire apparaître un intérêt au refinancement. Quand il n’y a plus d’intérêt, la pompe stoppe. Vous comprenez que le zero bound, la limite du zéro pour les taux, doit à tout prix être enfoncée.

La baisse des taux est désormais indispensable

Le mécanisme est le même pour la richesse mobilière. La baisse des taux est indispensable pour continuer à bénéficier du mécanisme. L’un des aspects les plus flagrants est le rachat d’actions, les buybacks.

Quand la baisse des taux prend fin ou même s’inverse, c’est le grippage.

Aïe, aïe !

Notez la progression du ratio de la richesse sur le PIB : il faut créer de plus en plus de richesse fictive pour obtenir un peu de croissance de ce PIB.

Le système se condamne lui-même à cause de ceci : on peut gonfler les stocks, les flux ne suivent pas. Il faut des flux exogènes. Les joueurs ne peuvent perpétuellement se payer les uns sur les autres : il faut un apport de richesse réelle, il faut des flux.

Ratio richesse des ménages/PIB : il n’y a plus de limites !

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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