La Chronique Agora

Survivez à la tragédie boursière ! (1)

Le croirez-vous ? Même Warren Buffett, l’homme le plus riche du monde est touché par la crise ! Certes, "le sage d’Omaha" dit à qui veut l’entendre que c’est le moment d’acheter en Bourse pour le long terme, et c’est d’ailleurs ce qu’il fait. Et je suis sûr qu’il a raison.

N’empêche, sa société d’investissement, Berkshire Hathaway, vient d’annoncer une baisse de 77% de son bénéfice net au troisième trimestre, à tout de même 1,06 milliard de dollars. Cette société est très exposée au secteur de l’assurance, ce qui a affecté ses résultats avec les dégâts causés par les ouragans, mais ce sont aussi les pertes sur investissements financiers qui expliquent ce résultat inhabituel.

En tant que holding, le résultat de Berkshire Hathaway n’est pas le seul paramètre à apprécier, son actif net réévalué donne en réalité une bonne idée de la valeur de l’entreprise. Celui-ci se tient bien à 120,15 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre, contre 120,73 milliards de dollars au 31 décembre 2007.

Mais octobre a été terrible pour Warren, comme pour beaucoup d’investisseurs avec une diminution de neuf milliards de dollars de son actif net réévalué, en raison de la chute en Bourse des valeurs en portefeuille (actions et obligations) et de malencontreux contrats de ventes à terme sur indices. Au moment où j’écris cette lettre, le cours de l’action a perdu environ 35% depuis le début de l’année…

Tous les professionnels vous le diront : ils n’ont jamais vu de telles conditions de marché, avec une telle volatilité, une combinaison de tant de forces contradictoires s’acharnant à emmener le marché ici ou là. Mais avec une seule direction globale : la baisse…

Arrêt sur image
Quand vous voyez un "sage" comme Warren Buffett essuyer de tels revers en Bourse, vous vous dites qu’il est peut-être temps d’arrêter votre marche en avant pour réfléchir un peu. Souffler, prendre du recul sur les événements qui nous bousculent depuis plusieurs mois, faire le point sur les choix qui ont été faits. C’est exactement ce que je vous propose de faire ce mois-ci. Dans le cadre de ma lettre, Défis & Profits, nous avons commencé à constituer notre portefeuille de long terme il y a juste six mois. Pour mémoire, la crise des subprime a éclaté bien avant, au cours de l’été 2007, et depuis, les performances des Bourses mondiales sont restées médiocres, jusqu’à l’effondrement dû à la crise financière cet été.

D’ailleurs on vous a parlé de crise, ce qui sous-tend une idée de provisoire, d’éphémère ; puis vous avez entendu "récession", ce qui paraît plus durable et plus sévère, et voilà que l’on ose chuchoter le mot "dépression", ce qui est nettement plus impressionnant et qui nous ramène à l’idée de maladie grave. En guérira-t-on, docteur ?

Sans être praticien, j’ai la conviction que nous en sortirons, sûrement avec quelques plaies et bosses, mais aussi peut-être revitalisés. Combien de temps prendra la convalescence ? Alors là, les opinions divergent : des optimistes voient les Etats-Unis repartir au deuxième semestre 2009, tandis que les plus pessimistes ne voient de salut qu’en 2011. Qu’en savent-ils ?

Il peut se passer tellement d’événements, favorables ou non, dans les mois qui viennent… Les choses peuvent empirer, avec un chômage qui exploserait partout dans le monde, se doublant d’une crise alimentaire mondiale, elle-même pouvant dégénérer en affrontements plus classiques, tandis que des tensions multipolaires nous mettraient au bord d’une vraie guerre mondiale. Scénario fantaisiste ? N’en croyez rien, tous ces sujets agitent les instituts de réflexion, à la recherche d’anticipations possibles à ces évolutions dramatiques.

A l’inverse, la gravité de la situation et la reconnaissance des erreurs commises ces dernières années peuvent conduire à des accords internationaux visant à plus de régulation et à des politiques coordonnées de relance de l’économie. C’est évidemment le scénario que je préfère, en restant bien conscient qu’il prendra beaucoup de temps avant de produire des effets tangibles.

Les priorités de Barack
Quoi qu’il en soit, l’Amérique a un nouveau président, et si ce n’est pas une révolution comme les médias se sont empressés de le dire, c’est en tout cas une évolution majeure : évolution sociétale en effet puisque c’est un métis qui a été élu, évolution politique et économique après des années de libéralisme débridé et de frénésie financière dont l’irresponsabilité a conduit les plus vulnérables dans des situations tragiques, avec les effets de bord que l’on connaît sur le reste de la planète.

Vous avez vu, comme moi, se dessiner les nouvelles priorités :
– endiguer, contrôler la crise financière avec la gestion de tous les produits toxiques nichés dans les organismes financiers ; relancer la consommation, élément clé de la machine économique aux Etats-Unis et ailleurs ;
– mettre en oeuvre un plan de soutien à l’économie dont la grande composante sera un programme en faveur des infrastructures publiques (ponts, routes, écoles, infrastructures ferroviaires). On parle de 50 milliards de dollars… qui feraient partie du nouveau plan de soutien à l’économie de 175 milliards de dollars annoncé par Barack Obama. L’impact de ce programme serait la création de deux millions d’emplois. La création d’une banque des infrastructures dotée de 60 milliards de dollars en dix ans et dédiée au financement de routes, d’aéroports, du transport ferroviaire, etc. ;
– en outre, le programme du candidat a insisté copieusement sur les mesures à prendre en faveur de l’environnement, avec la promotion des énergies renouvelables, la limitation des gaz à effet de serre et des émissions de carbone.

Si tout cela est assez nouveau pour les Etats-Unis, vous savez que ces grandes idées sont déjà partagées par d’autres nations, et par l’Union européenne notamment ; simplement, quand on connaît le rôle moteur des Etats-Unis sur la scène mondiale, leur adhésion à cette liste de priorités peut changer la donne.

Nous verrons comment dès demain…

Meilleures salutations,

Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora

(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis & Profits.

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