▪ Jamais il n’y a eu tant d’allégresse à Baltimore. Depuis dimanche, on se salue avec le sourire entre voisins. Au bureau, les collègues échangent des anecdotes… rient… se tapent dans le dos.
Personne ne semble plus s’inquiéter du taux de criminalité… des ordures dans les rues… de la corruption… ou des rues entières de maisons condamnées. Baltimore est peut-être un trou perdu… mais depuis lundi, personne ne s’en plaint.
C’était le capharnaüm dimanche soir. Feux d’artifice, klaxons, fêtes de rue, accidents… Les noceurs se sont déversés hors des bars et des caves pour se taper dans les mains et retrouver leur voiture. Selon les anciens, on n’avait jamais vu une telle joie — jamais, de toute l’histoire. Même à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Mais nous vivons dans une ville de sports. A Baltimore, le football américain est plus important que la guerre.
Les Ravens, l’équipe de Baltimore, est donc sortie vainqueur. Les joueurs ont pris tant d’avance durant la première mi-temps que nous nous sommes demandé si l’arbitre ne devrait pas mettre fin au jeu… par pitié pour l’équipe adverse. Au lieu de ça, il y a eu une panne de courant : sans doute un fan des adversaires, les 49ers de San Francisco, qui avait voulu arrêter le massacre. Lorsque le courant a été rétabli, les Ravens semblaient avoir perdu leur panache. Mais ils n’en avaient plus besoin. Ils avaient accumulé assez de points pour conserver leur avance. Une parade a été organisée pour célébrer ce deuxième titre de leur histoire.
Pendant ce temps, les marchés boursiers ont baissé. Voici un conseil qui vaudra jusqu’au dernier centime que vous l’aurez payé :
Sortez !
Oui, cher lecteur, sortez des actions américaines. Les marchés US frôlent des sommets historiques. Le journal Barron’s disait à ses lecteurs de se préparer à battre des records cette semaine.
Peut-être. Mais lorsqu’on est proche des sommets, on a plus à perdre qu’à gagner.
De plus, nous avons une meilleure idée.
« J’ai sorti mon argent du marché boursier, » nous a un dit ami durant le week-end. « Je pense que si les actions ont grimpé… elles peuvent aussi baisser. Je suis trop vieux pour ça. J’ai donc utilisé cet argent pour acheter deux nouvelles maisons du côté de la base militaire sur Solomon’s Island. Je n’ai payé que 160 000 $ par maison. Elles sont neuves. Je les loue 1 900 $ par mois à des soldats et à leur famille. Vous pouvez faire le calcul vous-même, mais je crois que, net, ça me fait environ 10%. Et je ne pense pas que leur valeur va baisser. Je crois qu’elle va grimper. »
Nous avons aussi donné un conseil à notre ami :
« Vous voulez faire encore mieux ? Prenez le plus gros prêt hypothécaire possible. On peut avoir un financement à… quoi… 3,5% environ, en ce moment ? Et le taux d’inflation réel est probablement autour des 10%. On gagne ainsi environ 6,5% sur l’argent emprunté… en plus des revenus de la location. Voyons voir, ça fait environ 16,5%… avec un risque très bas. Bien mieux que le marché boursier ».