La Chronique Agora

Changeons de sujet

▪ Qui sont les perdants de la chute de l’or ? Les estimations de la perte totale dépassent les 1 000 milliards de dollars. Qui est de l’autre côté ? Et à qui devaient-ils cet argent ?

Nous n’en savons rien. Ce pourrait n’être rien d’autre qu’un recul normal dans un marché haussier surtendu mais sain. Nous allons attendre la suite des événements… comme tout le monde.

Alors changeons de sujet.

L’une des choses qui contrarie à peu près tout le monde en Argentine, c’est l’argent, la monnaie, la devise. La valeur du peso évolue vite. Il y a le taux officiel… et il y a le taux officieux. Personne ne sait ce que vaut un peso. De nombreuses personnes — votre humble correspondant compris — doivent se livrer à des calculs relativement complexes. Il y a sans doute surchauffe de la zone du cerveau liée aux mathématiques.

« Il faut faire le plein de la camionnette », nous a dit Elizabeth hier.

« Eh bien… je n’ai plus de liquide en pesos… Utilisons la carte bancaire ».

« Ils n’acceptent pas les cartes. En espèces seulement ».

« Payons avec des dollars, alors ».

« Ne sois pas bête. Ca nous coûterait 50% plus cher. Il ne va pas nous faire un taux avantageux ».

« Allons retirer des pesos à un automate ».

« C’est tout aussi désavantageux… on aura le taux officiel ».

Voyons voir… nous voulons payer en pesos, mais seulement si nous obtenons ces pesos au taux non-officiel. Sinon, mieux vaut payer en dollars… uniquement si votre interlocuteur est prêt à accepter les dollars au taux du marché libre.

En général, on finit quelque part entre les deux. Si on essaie d’amener de l’argent en Argentine, le gouvernement insiste pour qu’on l’échange sur le marché officiel. Mais on peut toujours faire des échanges au taux officieux… soit en apportant des liquidités physiques dans le pays… soit en travaillant avec un changeur officieux.

Les changeurs achètent des obligations pour votre compte à Miami. Ensuite, ils vendent ces obligations à Buenos Aires. Le marché des obligations doit être à peu près le même dans les deux pays. Le changeur est heureux d’avoir des dollars ; vous êtes heureux d’avoir des pesos à dépenser… ou, dans notre cas, payer nos aides agricoles et frais d’entretien.

▪ L’Argentine, pays de désastres économiques
C’est toujours un plaisir d’aller en Argentine. C’est un pays où les histoires de désastres économiques font partie de la vie quotidienne… où la politique gouvernementale s’appuie vraiment sur les théories insensées des économistes… et où les citoyens lambda doivent déterminer comment s’accommoder d’un système monétaire qui est à moitié fou — et à moitié incompétent.

Lorsque nous sommes ici, nous avons besoin de dépenser des pesos… surtout à la campagne, où les gens ne sont pas aussi forts en maths qu’à Buenos Aires. Mais tout achat sérieux — si vous achetez un appartement, par exemple — exige des dollars… soit sur la table, soit au-dessous. Il faut donc être préparé.

La plupart des gens veulent des billets verts. Mais ils ne peuvent pas les prendre, parce que les autorités argentines leur poseront beaucoup de questions. Si un commerçant accepte des dollars au taux officieux, il aura des soucis.

Ce qui contraint les acheteurs comme les vendeurs de dollars à se réunir dans de sombres « cavernes »… L’agence Dow Jones nous en dit plus :

« Le marché des changes argentin devient souterrain. Alors que le gouvernement limite l’accès aux devises étrangères, les Argentins à la recherche de dollars, difficiles à obtenir, ont été forcés de se rendre dans des cuevas, ou cavernes — des unités clandestines où les clients paient très cher pour échanger des pesos contre des dollars ».

« Acheter des dollars dans un but d’épargne est interdit, et lorsqu’on voyage en dehors du pays, les autorités n’autorisent que de petites quantités de devises étrangères. Les voyageurs doivent soumettre une demande en ligne aux autorités fiscales nationales quelques jours avant de partir, et ont généralement une autorisation pour bien moins que le niveau demandé. Les entreprises doivent avoir l’autorisation du gouvernement avant d’importer des équipements et des matériaux au taux de change officiel bon marché. Le fisc local a même mis des chiens renifleurs de dollars aux postes-frontière pour attraper les personnes voyageant avec des devises non-déclarées ».

Se rendre en Argentine, c’est comme suivre un cours de doctorat dans le domaine de la catastrophe monétaire et de la mauvaise gestion économique. Cela nous rappelle que les politiciens peuvent transformer une économie en un beau gâchis quand ils s’y mettent vraiment.

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