Il y a par contre de vrais problèmes
Vous pensez peut-être qu’on a fait beaucoup de bruit pour pas grand’chose et que les économies en général ne pouvaient pas être mises en péril par cet "incident de parcours" américain. Si, dans un sens, c’est mon avis, j’émets quelques réserves : si ce problème n’est pas éclairci et résolu rapidement, d’autres secteurs pourraient être impactés par contagion.
En effet, il ne faudrait pas que la confiance des ménages faiblisse (et partant la consommation), et que les banques se montrent frileuses à accorder des crédits aux entreprises. La situation économique des USA pourrait alors devenir plus problématique et c’est là que les autres pays en subiraient les conséquences.
Le second point d’inquiétude vient d’Asie où l’inflation guette. La Chine connaît une croissance hors normes (plus de 10% annuel) mais aussi une hausse des coûts de la vie : salaires, matières premières, nourriture. Elle va donc un jour ou l’autre devoir la répercuter dans ses prix. Le manque de pouvoir d’achat réduira la consommation de produits importés.
Mais comment réduire la nourriture, qui subit aujourd’hui une forte inflation, jusqu’à atteindre le tiers du revenu d’un salarié chinois ? Une seule solution : répercuter la hausse des prix sur les produits exportés. Aujourd’hui peu chers, les produits chinois risquent de voir leurs prix augmenter ! Et la balance des échanges commerciaux, notamment entre la Chine et les USA, va se dégrader encore plus, faisant ressortir les problèmes liés à la monnaie chinoise et au dollar.
Voilà, à mon sens, des éléments qui pourraient être la cause d’un vrai retournement, pour des raisons fondamentales ; mais nous n’en sommes pas (encore) là.
Le doute subsiste sur l’orientation des marchés
Il faut anticiper le marché sur le moyen/long terme, or à cette échéance, il me semble que nous n’avons pas encore tout vu. Ce qui veut dire qu’une nouvelle baisse, peut-être moins brutale mais plus durable que celle que nous avons connue, pourrait se produire.
La situation économique de la zone euro est très moyenne, et ne permet pas d’envisager raisonnablement de voir les marchés repartir durablement de l’avant. Aux USA, même si la croissance est meilleure, il y a des problèmes à résoudre rapidement et d’autres plus latents, qui obscurcissent sérieusement l’horizon. L’affaire des crédits hypothécaires n’est pas encore terminée, et je suis perplexe.
C’est pourquoi il faut à mon sens rester prudent, et ne pas vouloir revenir trop vite à l’achat. Qui peut avoir la certitude que nous avons touché le plus-bas ? Personne.
Des opportunités à bien analyser
Pour moi l’affolement, la peur et le doute orchestrés par les médias ont été les moteurs de la baisse brutale… plus que le problème lui-même. Voilà mon sentiment. Maintenant, je n’écarte pas le fait que d’autres éléments fondamentaux inquiètent les opérateurs. Nous n’aurons pas raison contre le marché, et nous devons donc ajuster notre stratégie.
Comment manoeuvrer après cette chute, et le rebond qui se dessine depuis vendredi dernier ? Les grandes valeurs du portefeuille de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine vont faire l’objet de renforcements sitôt que nous y verrons plus clair. Certains titres que nous avons vendus les six derniers mois (tous sur un gain), seront probablement rachetés. Les graphiques indiquent quantité de signaux d’achat… mais attention, parfois les graphes sont trompeurs !
Toutes les sociétés n’ont pas des fondamentaux sains (vous savez ma position à ce sujet : si l’analyse fondamentale ne donne rien, ne vous y risquez pas !), et pour passer à l’achat, il faut également trouver un point d’entrée solide. Or la plupart des titres ne donnent graphiquement aucune assurance suffisante pour déterminer si la baisse est terminée. Un faux signal est vite arrivé, et nous risquons d’être embarqués ensuite dans un marché baissier.
Dans ces périodes troublées, mieux vaut prendre le temps d’analyser la situation, même si cela vous agace et vous rend impatient. Vous ne jouez pas des haricots… mais votre argent !
Quels secteurs privilégier ?
Concernant les secteurs ? Il faut garder la diversité, et ne pas se débarrasser inconsidérément des valeurs financières. C’est sans doute le moment où l’on doit les examiner de près, car certaines ont perdu pas mal de terrain, et il est toujours question de regroupements dans ce secteur.
Les secteurs demandant beaucoup de main d’oeuvre risquent de souffrir plus que les autres. Mais d’un autre côté, certains services ou ressources vont devenir de plus en plus indispensables. Je pense à l’eau dont la rareté dans certains endroits de la planète pose un douloureux problème. C’est un secteur à ne pas négliger. L’eau sera très certainement l’or bleu de ce siècle. De même qu’à mon avis, le secteur des maisons de retraite médicalisées est un des secteurs les plus porteurs dans l’avenir. La demande restera forte une dizaine d’années au moins, et l’offre ne suit pas.
Meilleures salutations,
Raphaël Garaud
Pour la Chronique Agora
(*) Raphaël Garaud est rédacteur en chef de Vos Finances — La Lettre du Patrimoine. Ce service d’information financière offre à ses membres des moyens exclusifs et fiables de protéger et d’accroître leur patrimoine. Actions, fiscalité, immobilier, investissements alternatifs… Vos Finances — La Lettre du Patrimoine ne laisse rien au hasard lorsqu’il s’agit de faire fructifier votre capital ! Pour en savoir plus…