L’indium n’est pas un royaume lointain mais un métal rare. Il est connu des métallurgistes pour son cri : lorsqu’on le tord, il émet comme un craquement. Découvert par hasard par deux chimistes allemands en 1863, il n’en exista jusqu’en 1924 qu’un seul gramme à l’état pur. Pas grave, car personne n’écoutait le doux cri de l’indium.
L’électronique a lancé la carrière de l’indium. Le développement de l’électronique l’a toutefois propulsé jusque dans les laboratoires, et il s’utilise pour fabriquer des transistors ultrarapides. On a alors découvert qu’il était moins rare qu’il n’y paraissait de prime abord. En fait, il est trois fois plus abondant sur notre planète que le mercure ou l’argent.
Aujourd’hui, l’indium est propulsé sur le devant de la scène
Une nouvelle carrière s’offre à l’indium. Une carrière au potentiel incroyable, et qui ne fait que commencer — elle est due au développement de deux nouvelles technologies :
– celui des écrans plats et l’énergie solaire. Les écrans LCD (écrans à cristaux liquides) des ordinateurs, téléphones, appareils photos numériques sont gourmands d’indium, qui y fait fonction d’électrode transparente.
– celui du secteur de l’énergie solaire : l’indium, combiné au gallium et au phosphore est un composant essentiel des cellules photovoltaïques, que ce soit dans la technique dite "à jonction" ou celle dite de "couche mince".
Une demande en forte croissance
La croissance de la production des écrans plats était en 2006 de 50%. Quant à l’énergie solaire et la production de panneaux, cette industrie est encore balbutiante mais est promise à un très bel avenir. Donc la consommation d’indium augmente.
Une offre qui régresse
Le problème, c’est qu’en face de cette demande, l’offre ne suit pas. Pire encore, elle régresse. En 2005, la production mondiale s’élevait à 500 tonnes, en 2006 les estimations sont de 480 tonnes selon l’US Geological Survey.
Conséquence : +880% en quatre ans sur le prix
C’est un scénario bien connu dont se régale l’amateur d’investissement en matières premières et que redoutent les industriels. Les prix parlent d’eux-mêmes :
En 2002 : 97 $ le kilogramme
En 2006 : 855 $ le kilogramme.
Oui, pas d’erreur c’est bien un coefficient de 8,8 en quatre ans, soit 2,2 par an, soit encore 220% par an. Et comme il n’y a pas vraiment de substitut possible à moins d’accepter d’énormes pertes de performance, la situation est bien partie pour durer.