La Chronique Agora

Subventionnons les subventionneurs !

▪ De Bloomberg, hier matin :

"Deux agents immobilier du Connecticut ont trouvé le moyen de profiter du krach de l’immobilier US : acheter à bas prix, vendre rapidement. Leur tactique était également illégale".

"Sergio Natera et Anna McElaney connaîtront leur sentence en août à la cour fédérale de Hartford après avoir plaidé coupable pour fraude. Leur délit consistait à persuader des prêteurs d’approuver la vente de la maison pour moins que le montant dû — ce qu’on appelle une vente à découvert — sans révéler qu’il y avait de meilleures offres. Ils revendaient ensuite la maison avec profit".

Il y a toujours moyen de gagner de l’argent. Lorsque les prix grimpaient, les spéculateurs peu scrupuleux gagnaient de l’argent en faisant semblant que les maisons valaient plus que leur prix réel. A présent, ils font des profits en faisant semblant qu’elles valent moins que leur prix réel !

Le problème, c’est que personne ne sait exactement ce que les choses valent. Et on sait encore moins ce qu’elles vaudront demain ou après-demain.

▪ Les théories sur l’économie et les marchés développées ces cent dernières années sont quasiment toutes insensées. Les marchés ne sont pas parfaits. Ils ne reflètent pas la vraie valeur des choses. Il n’y a aucun moyen de savoir quelle est cette vraie valeur. Les marchés découvrent plutôt la valeur en permanence de manière aussi irrégulière qu’imparfaite. Ils reflètent la réalité et les fantasmes… l’avenir et le passé… les mathématiques et le flou.

Lorsque les autorités ont baissé les taux d’intérêt à la suite de la mini-récession de 2001, les propriétaires ont réalisé qu’ils pouvaient posséder une maison plus grande avec les mêmes mensualités. Les maisons ont soudain pris de la valeur. Cela a fait grimper les prix et mené les propriétaires à conclure que les maisons étaient un bon investissement, en plus d’un endroit où poser son chapeau. Et puisque la valeur de leur nantissement avait augmenté, ça a poussé l’industrie hypothécaire à prêter plus agressivement… et même, en fin de compte, imprudemment.

Les prix ont grimpé plus encore. C’était la belle époque.

Puis le marché a découvert que les maisons ne valaient finalement pas tant que ça… parce que l’industrie du prêt s’était entendue avec Wall Street et Washington pour faire grimper les prix bien au-delà de ce que les gens pouvaient se permettre de payer. Le propriétaire moyen ne pouvait plus se permettre d’acheter la maison moyenne. Fannie Mae et Freddie Mac, par exemple, soutinrent tous les plans hypothécaires, jusqu’au plus crétin. Et ensuite — quelle surprise ! — les gens se sont retrouvés avec des mensualités hypothécaires qu’ils ne pouvaient rembourser.

Les prix on chuté. Dommage.

Et on apprend maintenant que Fannie et Freddie ont besoin d’un plus grand renflouage :

"Le sauvetage de Fannie/Freddie atteindrait les 160 milliards de dollars, 1 000 milliards dans le pire des cas"…

En hausse, en baisse. Achetez… Revendez… Subventionner… puis secourir le subventionneur.

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