La Chronique Agora

Les stratégies des banques traditionnelles pour résister à la concurrence

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Le modèle des banques du vieux monde est menacé par les fintechs. Guerre des prix (dont vous pouvez profiter) et alliances contre nature sont les deux principales ripostes.

Certains vieux acteurs bancaires réagissent timidement en faisant des efforts sur les tarifs. Ainsi, face aux néobanques, Boursorama Banque est revenue au mois de septembre 2017 au tout gratuit sur les opérations courantes, sans distinction de revenus. Son offre Welcome, jusqu’alors facturée 1,50 € par mois, doit lui permettre d’élargir sa clientèle aux personnes ayant des revenus inférieurs à 1 000 € par mois.

La filiale de la Société Générale veut donc clairement avoir l’offre la moins chère pour tous, face au succès du Compte-Nickel et la percée de N26 et consorts. Mais baisser les prix suffira-t-il à contrecarrer les néobanques, qui sont bien plus performantes pour leurs clients et utilisateurs ? On peut en douter…

En Suède, la banque SEB (Skandinaviska Enskilda Banken) a introduit en novembre 2016 le premier assistant virtuel carburant à l’IA au sein d’un service client, comme le note La Tribune. SEB n’a pourtant rien d’une start-up puisque sa création date de la fusion en 1972 de la Stockholms Enskilda Bank et de la Skandinaviska Banken, respectivement fondées en 1856 et en 1864.

Alors que l’IA était jusqu’à présent cantonnée à des tâches de back-office, elle a désormais un pied dans la porte du service client. En l’occurrence, c’est le visage d’une femme prénommée Aida qui répond directement aux sollicitations des clients sur la page d’accueil du site internet de la banque.

Basée sur un logiciel américain, Aida a encore du mal avec les subtilités du Suédois, mais elle « peut d’ores et déjà résoudre certains problèmes simples comme fournir une identité de banque mobile ou guider pas à pas un internaute qui n’est pas encore client ». Le porte-parole du personnel s’est réjouit du bon accueil réservé à Aida par les équipes du service client : « nous avons présenté très clairement Aida comme un complément du service client humain. Aujourd’hui, elle est loin d’être parfaite. » Hum, hum…

D’autres encore choisissent une stratégie intermédiaire et s’allient aux distributeurs pour ne pas se faire couper l’herbe sous le pied sur le marché du paiement sur mobile

En août dernier, j’ai évoqué la Fnac qui venait de lancer sa propre carte bancaire en partenariat avec le Crédit Agricole Consumer Finance. Ce type de stratégie s’explique en partie par le fait que la banque et la grande distribution ont des adversaires en commun sur le marché du paiement sur mobile.

Or, il s’agit d’un secteur hautement stratégique puisqu’il est attendu que les volumes triplent dans les cinq ans à venir. Le JDN explique qu' »Avec l’implantation d’Apple Pay en France en 2016, l’arrivée imminente de Samsung Pay sur le territoire, sans oublier les premiers pas du Chinois Alipay [NDLR : le système de paiement du géant de l’e-commerce Alibaba], les acteurs français ne comptent pas rester sans rien faire. » Sans oublier WeChat, la filiale du chinois Tencent, qui compte à son actif plus de 600 millions d’utilisateurs mensuels (contre 450 millions pour Alipay).

« Personne ne sait si Apple Pay va rafler le marché », déclare sur le JDN Stéphane Dalifard, vice-président du pôle services financiers chez Capgemini Consulting. Ce que l’on observe néanmoins, c’est qu’à l’instar de certaines banques traditionnelles, des fintechs comme Lydia, N26 (qui a passé la barre des 500 000 clients au mois d’août, dont 100 000 en France) et Starling ont annoncé qu’elles allaient intégrer Apple Pay à leur offre. Orange Bank serait également de la partie.

Pour se protéger des concurrents issus du numérique, trois banques (Crédit Mutuel, BNP Paribas et Oney, la banque d’Auchan), deux distributeurs (Carrefour et Auchan) ainsi que Total et Mastercard ont lancé le 18 mai LyfPay (prononcer « laïfe-pai »). Ce nouveau portefeuille électronique ou wallet multi-enseignes, dont la naissance fait suite à la fusion de deux solutions de paiement mobile, se distingue des wallets classiques en regroupant paiement mobile, tickets de caisse, carte de fidélité, coupons et promotions. A la différence d’Apple Pay, Samsung Pay et Android Pay, l’application est universelle et utilisable sur tout type de smartphone.

La Tribune :

« Concrètement, arrivé en caisse, le client ouvrira son application qui générera automatiquement un QR code à usage unique qui sera scanné par lecteur optique (la ‘douchette’ de l »hôte de caisse’), comme le code-barre d’un produit. Le client devra valider la transaction en entrant le code de l’application (et non celui de sa carte bancaire) ou par empreinte digitale (pour les mobiles qui le permettent).« 

Le paiement mobile à la française parviendra-t-il à enrôler suffisamment d’utilisateurs pour ne pas rejoindre le cimetière des apps de paiement mobile ? Nous le verrons dans « trois à quatre ans », durée nécessaire « pour arriver à des volumes significatifs », selon les actionnaires de LyfPay.

Cela exigera de cette alliance contre-nature qu’elle résiste à l’épreuve du temps, alors que « les grands commerçants cherchent toujours à rester indépendants du secteur bancaire car le paiement représente un gros budget pour eux », analyse Nicolas Brand, directeur marketing et stratégie d’Ingenico France, dans le JDN.

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