La Chronique Agora

Stocker vos métaux précieux : l’option néo-zélandaise

Où conserver votre or en toute sécurité ? La Suisse ou le Liechtenstein sont des possibilités, bien sûr… mais les antipodes sont une autre option.

La 14ème mouture du rapport In Gold We Trust a été publiée le 27 mai 2020. Depuis la précédente édition, Ronald-Peter Stöferle et Mark J. Valek procèdent à un audit détaillé des meilleures destinations pour stocker ses métaux précieux.

En deux mots, je rappellerai que l’idée est d’accroître le niveau de sécurité de vos avoirs en  optant pour un pays qui présente de bien meilleures garanties que la France sur un certain nombre de critères :

– stabilité politique, économique et fiscale ;

– respect des libertés financières individuelles (des ressortissants domestiques mais également des étrangers) ;

– respect du droit de propriété (idem) ;

– culture domestique vis-à-vis des métaux précieux.

Cette question est particulièrement d’actualité puisque, comme le relèvent Stöferle et Valek (S&V) :

« Dans la tourmente actuelle autour du Covid-19, les lois et protections normales sont suspendues. La répression financière et les contrôles des capitaux ne feront que s’intensifier, parallèlement à l’émission de plus en plus importante de dettes par les Etats. »

N’imaginez pas que le contrôle des capitaux est une technique de répression financière réservée aux Chinois ou aux Vénézuéliens. S’il n’est pas urgent d’agir pour stocker vos métaux à l’abri de l’Etat français, il est en tout cas urgent d’y réfléchir.

L’année passée, je vous avais restitué l’audit que les deux analystes d’Incrementum avaient fait du Liechtenstein, de la Suisse et de Singapour. Cette année, S&V nous font voyager dans des contrées un peu plus ensoleillées puisque c’est en Nouvelle-Zélande, en Australie et à Dubaï que nous allons nous rendre.

Honneur aux deux pays qui affichent l’effigie d’Elisabeth II sur leurs billets et leurs pièces de monnaie !

Zoom sur la Nouvelle-Zélande

Si vous ne connaissez rien ou presque à la Nouvelle-Zélande, c’est normal, et au moins pour deux raisons.

Cet Etat insulaire constitué de deux îles principales et de 600 îles plus petites est en effet particulièrement isolé géographiquement. Le pays n’a que des frontières maritimes, et les relations entre les Kiwis néo-zélandais et les Wallabies australiens, séparés par un horizon bleu de 2 000 km, sont cordiales au point que les premiers chambrent les seconds en les appelant leurs « frères aînés » (« the older sibling »).

Sur le plan politique, cette monarchie constitutionnelle à régime parlementaire est un petit îlot de stabilité. Loin des conflits politiques et sociaux sur le mode français, c’est plutôt par le rugby que le pays fait parler de lui à l’international.

En tant que partie intégrante du Commonwealth (la reine Elisabeth II est donc le chef de l’Etat) depuis sa fondation dans les années 1920, le pays bénéficie d’une longue tradition d’Etat de droit fort et indépendant. Sans surprise, la Nouvelle-Zélande figure régulièrement dans le haut de tableau des classements mesurant la liberté humaine et la lutte contre la corruption, loin devant la France.

Indice de la liberté humaine 2019 de l’Institut Fraser

Indice de lutte contre la corruption 2018 de Transparency International

S&V relèvent que « le gouvernement n’a jamais confisqué d’or, et aucune loi n’a été adoptée pour rendre cela possible ». Comme vous le savez, l’Hexagone ne peut pas en dire autant. La France est certes la patrie de Frédéric Bastiat, mais en pratique elle est surtout celle de Robespierre.

A l’inverse, la culture néo-zélandaise est plus axée sur le fair-play et le respect des droits individuels. Le pays a d’ailleurs été le premier au monde à accorder le droit de vote aux femmes en 1893 (contre 1944 pour la France).

Sur le plan économique, non seulement la Nouvelle-Zélande est dans le top 10 des pays les plus prospères de la planète (avec une tendance à la hausse au cours des dernières années), mais l’Etat néo-zélandais vient d’enchaîner quatre années successives de surplus budgétaire, ce qui porte sa dette en-dessous de la barre des 20% !

Comme quoi la gabegie budgétaire est un choix politique et les Allemands ne sont pas des extra-terrestres…

Bref, autant vous dire que la Nouvelle-Zélande n’est pas à la pointe de la TMM et des technologies de spoliation des épargnants. Comme l’écrivent S&V :

« Cet historique substantiel en matière de prudence financière accroît le niveau de confiance dans le fait que votre or est en sécurité, même si vous vivez à 10 000 km. »

Curiosité : on peut produire de l’or sans avoir de tradition d’épargne en or

Dernier point : si la Nouvelle-Zélande est effectivement un pays producteur d’or (un peu moins de 10 tonnes par an), on ne peut pas dire pour autant que le pays fasse l’objet d’une véritable tradition aurifère.

Volumes de production minière en 2018 selon le Conseil mondial de l’or

Les Kiwis épargnent en effet très peu en or – le foncier est de loin leur « valeur refuge » favorite. La banque centrale de Nouvelle-Zélande ne fait pas mieux puisque cela fait 30 ans qu’aucune once d’or ne figure plus à l’actif de son bilan.

S&V reprennent :

« En d’autres termes, l’or ne fait pas l’objet d’une grande attention et la rigueur réglementaire est donc moindre vis-à-vis de la détention d’or. Par exemple, la Nouvelle-Zélande n’a pas de règles de déclaration relatives à la détention de métaux précieux, à l’exception des procédures KYC [NDLR : connaissance du client]. En outre, au-delà d’une pureté de 99,5% ou plus, l’or ne fait pas l’objet de taxe à l’importation ni de TVA. »

Tout cela explique pourquoi des figures du monde des affaires telles que Peter Thiel (fondateur de Paypal), Reid Hoffmann (fondateur de LinkedIn), Kim Dotcom (le germano-finlandais à l’origine de Megaupload et de Mega) et d’autres milliardaires ont choisi ce pays pour leur résidence fiscale.

S&V ne voient pas vraiment d’inconvénient à la Nouvelle-Zélande en tant que pays où stocker ses métaux précieux, hormis peut-être « l’isolement géographique et les difficultés logistiques afférentes » – mais, si vous voulez mon avis, on est là à la recherche de la petite bête pour le principe.

Ne quittez pas vos lunettes de soleil ni votre maillot de bain : demain, nous resterons en Océanie et je vous parlerai de l’Australie !

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