La Chronique Agora

Statistiques, mensonges et inflation

** "Si on demandait à un groupe de gens assis dans un bar quel est le taux d’inflation, leurs réponses seraient plus près de la réalité que ce que le gouvernement dit dans les chiffres officiels". Ainsi parlait l’économiste John Williams lors d’un rendez-vous avec Addison Wiggin et moi-même.

– Nous voulions rencontrer cet économiste parce que nous apprécions son travail. Les gens cherchant la vérité à tout prix comme Williams sont précieux, parce que les mensonges, eux, sont bon marché. Et parce que peut de gens sont assez motivés pour passer au crible des milliers de pages de rapports économiques indigestes afin de percer les secrets de l’alchimie comptable du gouvernement.

– Les présentes notes représentent une mise à jour sur les derniers travaux de Williams — et ce qu’ils veulent dire en termes d’investissement.

– En bref, voilà comment les choses se passent : les autorités gouvernementales — qui sont des êtres humains ayant autant conscience de leurs intérêts que quiconque — veulent donner la meilleure image possible. Ils se sont rendu compte que cela avait tendance à leur rapporter plus de voix.

– Depuis des années et des années, donc, tous les gouvernements ont fait de petits ajustements sur les chiffres concernant des choses comme l’inflation. Ces petits ajustements, comme vous pouvez l’imaginer, sont toujours à sens unique. Ils rendent les choses plus favorables qu’elles ne le sont. Au cours du temps, ces petits ajustements s’accumulent — et on a alors de grandes différences entre ce qui se passe vraiment et ce que les chiffres officiels affirment.

– Williams a refait les calculs, sans ces petits arrangements. Le taux d’inflation officiel américain — tel que mesuré par l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) — donne un résultat bien différent des chiffres actuels si on lui applique l’IPC pré-Clinton. Les données officielles disent en effet que l’inflation ne dépasse pas les 3%. Cependant, lorsqu’on calcule l’inflation en utilisant les mêmes méthodes que celles utilisées avant que Clinton ne prenne son poste, Williams obtient une inflation qui frôle les 6% !

– Ce dernier chiffre est plus proche de ce que vivent les Américains au quotidien — qui doivent payer leurs courses, leur carburant, leur assurance, leurs factures médicales et bien plus encore. Voilà pourquoi Williams déclare que la personne moyenne a un meilleur sens de l’inflation des prix que ce que peuvent faire croire les chiffres officiels.

– William nous a parlé du mal affectant bien des économistes modernes. "Environ 80% des économistes se trompent dans leurs prévisions annuelles", déclara-t-il. "Pour avoir raison plus souvent, il suffit donc d’aller contre ce que disent la plupart des économistes". En fait, la majeure partie d’entre eux semble prendre les chiffres officiels au sérieux — si bien qu’ils ont une vision très optimiste de l’économie US.

– Aucun économiste grand public de ma connaissance n’est convaincu que les Etats-Unis sont en récession. Pourtant, Williams n’hésite pas à prendre le contre-pied de l’opinion générale. "Nous sommes actuellement en plein milieu d’une récession inflationniste", nous a-t-il dit.

– Williams nous a énuméré les données confirmant une récession : les mises en chantier, les ventes au détail et la production industrielle sont toutes plus basses que prévu. Citons également un paysage industriel faible, une croissance annuelle paresseuse pour les commandes de biens durables, la hausse des inscriptions au chômage et une croissance de l’emploi anémique.

– Les statistiques de Williams montrent clairement que l’économie US est en recul, alors que les chiffres officiels du gouvernement montrent encore une croissance positive.

** Nous n’allons pas entrer dans tous les détails… mais qu’est-ce qu’une récession inflationniste signifie pour les investisseurs ? Pensez aux années 70 — non pas les pantalons pattes d’eph’ et le disco, mais la hausse des prix de l’essence, des biens de consommation courante et de l’or. Pensez à une hausse des taux d’intérêt.

– Une hausse de l’inflation, cela signifie que la monnaie concernée — le dollar, en l’occurrence — permet d’acheter moins. En tant qu’investisseur, vous devez donc garder une longueur d’avance sur ce chiffre de l’inflation, de manière à conserver votre pouvoir d’achat. Et en gardant cela en tête, certains investissements semblent bien plus intéressants que d’autres.

– Par exemple, une obligation dont le rendement est de 5% — à peu près ce que rapportent les T-bonds US à 10 ans — semble plutôt mal adaptée à un taux d’inflation de près de 6%, selon Williams. Dit plus simplement, le taux d’intérêt de l’obligation n’est pas à la hauteur de ce que l’inflation grignote. Les actifs "tangibles" tendent à mieux s’en sortir, dans de telles conditions. Au début des années 70, les matières premières ont grimpé alors même que l’économie s’enfonçait dans la récession. Les investisseurs de long terme devraient donc chercher à acquérir des actifs réels — qu’ils s’agisse de pétrole, de gaz, de terrains bon marché, de droits sur l’eau, de bateaux, de derricks et ainsi de suite.

– Les entreprises dont la croissance dépasse celle de l’inflation devrait elles aussi récompenser les investisseurs, tant que vous ne les payez pas trop cher. Parmi les entreprises capables de nager à contre-courant et d’avoir un cash flow dynamique dans un contexte économique paresseux, on compte certaines sociétés dans le secteur des matières premières et des infrastructures… sans oublier quelques entreprises étrangères sur lesquelles il faut garder un œil.

– En bref : achetez des actifs tangibles bon marché, dont le cash flow se développe.

– Et ne faites pas confiance aux statistiques gouvernementales. En aucun cas.

[NDLR : Pour ce dernier point, c’est à vous de voir, cher lecteur… mais pour les "actifs tangibles" qui vous permettront de résister aux difficultés économiques et boursières qui menacent… un peu d’aide sera sans doute la bienvenue. Il suffit de continuer votre lecture…]

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