La Chronique Agora

SII, vous connaissez ?

▪ C’est toujours avec beaucoup de nostalgie que je me rends à la Bourse de Paris. Il y a quelques jours, je déjeunais à la Bourse de Paris dans un restaurant qui était jadis une institution… Le maître d’hôtel est toujours en smoking — mais c’est la seule marque héritée du passé. Pendant des années, jeune étudiant des années 80, chaque midi, j’arpentais les allées au Palais Brongniart. La cotation était alors à la criée et l’on pouvait encore discuter aussi bien avec les agents de change qu’avec les fondés de pouvoir ou quelques chefs d’entreprise venus assister à la cotation de leur société. Il est loin le temps de L’Argent de Zola ! Cette époque est révolue…

Mais écrasons vite cette petite larme nostalgique ; j’ai du nouveau pour vous. Et qui est justement à mille lieux de cette époque puisque j’ai déjeuné avec l’état-major de SII, une société spécialisée dans la Recherche & Développement (R&D) externalisée. Pour l’histoire, la société accompagne les grands projets technologiques de ses clients avec notamment de l’ingénierie technique, scientifique et industrielle ou encore de l’assistance technique.

Parmi ses principaux concurrents, vous trouvez notamment des groupes connus comme Alten ou encore Altran. Mais c’est Ausy qui, en termes de taille notamment, ressemble le plus à SII.

La société a des clients dans de nombreux secteurs, très différents les uns des autres : « nous couvrons de nombreux secteurs d’activité avec par exemple 32% dans les télécoms médias, 19% dans l’aéronautique ou encore 9% dans la banque assurance », m’explique Eric Matteucci, le président du directoire. Il est accompagné lors de notre déjeuner par Patrice Demay, membre du directoire, et par Bernard Huvé, le fondateur du groupe qui est encore actionnaire principal avec quasiment 55% du capital.

L’homme qui a créé SII en 1979 n’est plus aux commandes du groupe depuis trois ans : « j’habite aux Etats-Unis, proche de mes enfants. J’aime la vie en Floride et je ne reviens que deux fois par an », précise-t-il. J’ai connu Bernard Huvé il y a environ cinq ans quand j’essayais de démarcher de nouveaux clients pour Euroland Finance. (Pour ceux qui me lisent pour la première fois, je précise que je m’occupais des introductions en Bourse). A l’époque, Bernard Huvé ne voulait pas faire d’opération de croissance externe, au point que certains ne manquaient pas de le critiquer sur la non-utilisation de sa trésorerie.

Depuis, la situation a bien changé : « notre chiffre d’affaires a été multiplié par 15 en trois ans à 40,6 millions d’euros et l’international représente maintenant 18% de notre CA », me précise Eric Matteucci, assez satisfait d’avoir insufflé une nouvelle dynamique au groupe. Et je le comprends : l’international vient de connaître son cinquième exercice de croissance consécutif.

D’ailleurs, au vu des regards des uns et des autres et des sourires, j’ai vraiment l’impression que le fondateur suit quand même de près la stratégie du groupe et demeure en parfaite adéquation avec celle-ci.

L’activité internationale de SII est donc en pleine croissance, et notamment externe : le groupe vient d’acheter Uniway, une société belge spécialisée dans la conception et la réalisation d’applications métiers basés sur les technologies Internet.

« Notre rentabilité opérationnelle est supérieure à l’international. Sur l’exercice 2010-11, SII a dégagé une marge opérationnelle de 9,28% avec des envolées de chiffre d’affaires en République tchèque à +111%, ou encore en Pologne avec +80% ! » m’indique le nouvel homme fort du groupe.

▪ SII, après un exercice 2009-10 assez difficile (comme pour l’ensemble des acteurs du secteur), a connu un beau rattrapage sur 2010-11 (clos fin mars). Son chiffre d’affaires n’a progressé que de 17% à 222,1 mero (millions d’euros), mais comme j’ai coutume de vous le dire, il n’y a pas que ce chiffre à regarder : sa rentabilité a explosé.

Jugez plutôt : son résultat opérationnel a progressé de 85% à 13 mero, permettant à la marge opérationnelle de faire un bond de 3,8% à 6,1%. Que dire également de son résultat net, en hausse de 93% à 8,7 mero… La marge nette atteint ainsi 3,9% contre 2,4% auparavant.

Lorsqu’on regarde les grandeurs plus spécifiques au secteur informatique, on constate que le taux d’inter-contrat moyen a fortement baissé pour atteindre 5% sur l’exercice 2010-11 contre 7,3% en 2009-10. Une sacrée amélioration…. SII est donc un bon élève dans la classe R&D externalisée.

Certes, on est encore loin des 10% de marge opérationnelle d’Alten mais ne boudons pas notre plaisir, d’autant que les perspectives restent très bonnes sur l’exercice actuel. Tout en dégustant un excellent assortiment de fromages, l’état-major du groupe en vient aux perspectives : « nous visons un chiffre d’affaires supérieur à 250 mero avec une progression du résultat opérationnel supérieur à 15% soit un niveau de résultat supérieur à 15,5 mero ».

SII veut évidemment poursuivre un développement rentable : d’abord en complétant son maillage territorial en France, et du coup en combinant les clients locaux et les services offshore pour les plates-formes internationales. Vaste programme. Mais la stratégie du groupe semble assez claire quand on la dissèque. Etre un grand acteur national et international en somme !

SII a d’ailleurs les moyens de se développer : sa structure financière est des plus solides… Ses capitaux propres atteignent 62,1 mero, et sa trésorerie nette de dettes atteint 18,9 mero. De quoi pouvoir faire des emplettes à l’étranger sans être obligé de lancer une augmentation de capital…

La Bourse salue cette bonne gestion et s’enthousiasme pour ses perspectives : le titre a pris 27,7% depuis le début de l’année, ce qui nous donne une capitalisation boursière de 120 mero. Il y a selon moi encore de la marge avant d’être survalorisé.

En effet, si l’on part sur un chiffre d’affaires de 255 mero sur l’exercice actuel avec un maintien des marges, on obtient un bénéfice net de l’ordre de 10,2 mero, soit un PER de 11,7. Si l’on prend maintenant comme ratio la VE/REX (soit la valeur d’entreprise rapportée au résultat d’exploitation), on obtient un ratio de 6,5.

J’ai vraiment le sentiment que l’action a encore un potentiel de 20%. Sur un mois, la valeur est stable alors que le CAC 40 a perdu 3,6%… elle résiste, avant de décoller !

[NDLR : Ne manquez pas de retrouver toutes les analyses d’Eric Lewin dans notre nouvelle lettre gratuite, Small Caps Confidentiel : préparez-vous à découvrir le monde des petites valeurs comme vous ne l’avez jamais vu ! Pour vous inscrire, c’est très simple : il suffit de cliquer ici — et n’oubliez pas : Small Caps Confidentiel est et restera GRATUITE]

Première parution dans Small Caps Confidentiel le 28/06/2011.

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