La Chronique Agora

SpaceX contraint de revenir sur Terre

SpaceX - décollage de Falcon 9

SpaceX, la créature d’Elon Musk, éprouve des difficultés de financement, se voit contrainte de licencier et revoit ses ambitions à la baisse.

L’économie réelle finit toujours par reprendre ses droits.

SpaceX, longtemps encensée pour ses prouesses technologiques, sa santé financière et pour avoir incarné le prototype de l’entreprise innovante indépendante des financements publics, doit désormais faire face à la réalité.

Certes, ses innovations sont bien réelles. Elle a réussi, en quelques années, à faire plus progresser les lanceurs spatiaux que la Nasa et Arianespace n’ont pu le faire en 20 ans.

En revanche, l’image de start-up capable d’autofinancer ses frais de R&D était très exagérée : la NASA a versé, au fil des ans, plusieurs milliards de dollars à SpaceX pour l’aider à développer le successeur de la navette spatiale.

Il semblerait que ce modèle de financement, même complété par de très nombreux vols commerciaux, ne soit plus suffisant pour offrir à Elon Musk les moyens de ses ambitions.

Pourtant, l’année 2019 devait être celle de la consécration pour SpaceX.

Au mois de janvier, la capsule Dragon, pressentie comme le véhicule de choix de la NASA pour pouvoir – enfin – retourner dans l’espace sans le concours des Russes, devait faire une répétition générale à vide.

En parallèle, la BFR (désormais plus poétiquement nommée Starship) devait effectuer ses premiers vols statiques, une étape importante dans le cycle de développement d’un lanceur.

Cerise sur le gâteau, l’entreprise annonçait en décembre avoir battu un nouveau record en terme de valorisation. Lors de sa levée de fonds du mois de décembre, les investisseurs seraient entrés au capital sur la base d’une valorisation de 30,5 Md$, soit une hausse de 50% par rapport aux 21 Md$ de début 2018 !

[NDLR : Cette performance de +50 % en un an vous semble incroyable ? Elle est pourtant tout à fait classique dans le monde des entreprises non-cotées… A condition toutefois de sélectionner les bonnes pépites ! L’entreprise dénichée par Etienne Henri pourrait rapporter + 2 700% à ses actionnaires de la première heure. Pour en savoir plus, cliquez ici.]

Des projets en pagaille, des fonds en abondance et des investisseurs heureux… La situation semblait idéale pour Elon Musk. Un seul « petit » problème a pointé son nez en ce début d’année : la solvabilité de l’entreprise.

Qui veut encore financer SpaceX ?

La levée de fonds du mois de décembre a été un demi-succès. Sur les 500 M$ d’actions que l’entreprise espérait vendre, seuls 273 M$ ont trouvé preneur. Est-ce parce que la valorisation demandée était trop importante ? Ou parce que l’accès au crédit se resserre aux Etats-Unis ?

Gardons-nous bien de tenter d’expliquer cette frilosité en recourant à des théories invérifiables ; constatons simplement que la levée de fonds n’a pas eu le succès escompté. Plus grave : cette levée faisait suite à un premier échec financier en novembre dernier.

SpaceX avait alors échoué à placer un emprunt obligataire de 750 M$ pour financer sa nuée de satellites Internet, et avait dû se contenter de 250 M$.

Selon Bloomberg, Goldman Sachs, pourtant très proche d’Elon Musk, avait d’ailleurs refusé d’organiser la levée au vu des conditions demandées.

A cette occasion, les analystes ont appris que SpaceX, réputée rentable depuis des années, ne l’est en fait que par des artifices comptables comme la comptabilisation des acomptes perçus sur les futurs lancements et l’exclusion de certaines dépenses de R&D.

De tels stratagèmes, bien que monnaie courante à Wall Street, ne sont pas des plus engageants pour une jeune société censée être en croissance et rentable !

SpaceX se met à la sobriété

C’est un fait : les flots de capitaux commencent à manquer à SpaceX.

L’entreprise va devoir réduire sa voilure pour apprendre à naviguer dans un environnement où l’argent gratuit n’existe plus.

Elle a d’ailleurs annoncé la semaine dernière se séparer de 10% de ses effectifs. Nul doute que les salariés restants, déjà bien sollicités, ne vont pas chômer vu la quantité de projets menés de front.

La présidente de SpaceX, Gwynne Shotwell, a justifié ce plan de licenciement en invoquant la nécessité de réduire les coûts pour pouvoir continuer à travailler sur tous les objectifs en parallèle. Aucune activité ne serait, en l’état, abandonnée, et la direction compte sur une augmentation de la productivité des équipes (dont l’origine reste à déterminer) pour continuer à promettre autant, avec moins.

Elon Musk devra-t-il mettre de l’eau dans son vin et cesser de vouloir simultanément concevoir les meilleurs lanceurs de satellite, de nouvelles fusées interplanétaires, des moyens de transport intercontinentaux et une flotte de satellite Internet ?

Peut-être, si les fonds viennent à manquer.

Il reste toutefois à l’entrepreneur une dernière cartouche à tirer pour renflouer les caisses : l’introduction en Bourse. Vu le succès d’estime dont bénéficie l’entreprise, elle pourrait rapporter plusieurs milliards de dollars – de quoi continuer encore quelques années à innover en faisant fi de la rentabilité !

[NDLR : Quelle que soit la santé réelle d’une entreprise et sa solidité financière, certaines personnes sortent toujours gagnantes d’une IPO : les actionnaires de la première heure. Ceux de SpaceX ont déjà fait +1 500% de plus-value potentielle depuis 2012… alors que l’entreprise n’est toujours pas cotée !

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