La Chronique Agora

Un sommet de marché, et une décennie perdue

Les actions pourraient ne rien rapporter pendant de nombreuses années à venir…

Les taux ont monté. Des craquements se font entendre. Les États-Unis volent au secours des déposants de banques en faillite. Cependant les actifs financiers se payent encore très cher et les bonnes affaires sont trop rares.

Comme Bill Bonner le répète souvent, « la Réserve fédérale montera ses taux directeurs jusqu’à ce que quelque chose casse« . Ce quelque chose est-il la Silicon Valley Bank ? La Réserve fédérale va-t-elle « pivoter » ? Nous n’en savons rien, mais nous ne sommes pas obligés de jouer à la devinette. Nous ne changerons notre stratégie que lorsque les actions seront revenues à un niveau d’achat raisonnable.

Aujourd’hui, nous allons parler de Phil Fisher.

Phil Fisher est une légende des marchés financiers, bien qu’il n’ait jamais travaillé à Wall Street.

Il est né à San Francisco en 1907. Il a étudié le business à Stanford et décroché son premier emploi dans une banque de San Francisco en 1928.

En août 1929, il écrivit un rapport aux cadres de sa banque en prédisant pour les six mois à venir le plus grand marché baissier en un quart de siècle. Puis n’ayant pas suivi son propre avis, il perdit tout son argent dans le krach de 1929.

En 1933, au plus fort de la Grande dépression, Fisher était au chômage et incapable de trouver du travail. Il a alors fondé sa propre entreprise, Fisher & Co, dans un minuscule placard sans fenêtre, si petit qu’il put à peine y mettre un bureau.

Durant sa première année d’exercice, il gagnait 2,99 $ par mois. Dans sa seconde année, 29 $ par mois. Mais armé de ce qu’il avait appris à propos des actions durant le krach et avec l’idée qu’une action est un bon investissement, il acquit des valeurs de croissance de très bonne qualité pour son compte et celui de ses clients et, vers 1935, il avait un « noyau de clients fidèles » et détenait « les bases d’une entreprise extrêmement profitable ».

Il poursuivit durant 60 ans une carrière d’investisseur connu pour concentrer ses investissements dans peu de lignes de portefeuille, composé de quelques merveilleuses entreprises qu’il conservait indéfiniment. Il a aussi écrit un des livres d’investissement les plus populaires de tous les temps : Common Stocks and Uncommon Profits (Actions ordinaires et profits extraordinaires).

Même Warren Buffett a été influencé par les idées de Fisher et a dit qu’il s’agissait de l’un des deux hommes qui avaient façonné son style d’investissement (le second étant Benjamin Graham). Fisher apparaît aussi dans le best-seller de John Train, The Money Masters, aux côtés de Buffett, Templeton, et Graham.

Voici une bonne interview (texte en anglais) de Fisher, juste après le krach de 1987 et un article sur son profil et ses méthodes d’investissement. Vous pouvez aussi vous procurer une traduction de son livre Actions ordinaires – Profits extraordinaires.

Mais pourquoi utiliser Phil Fisher comme modèle de reconnaissance dans quelques années ?

Parce que lorsque ce marché baissier aura terminé son cours et que les prix des actions seront bien moins élevés qu’aujourd’hui, nous vous encourageons à mettre tout votre argent disponible dans une douzaine de valeurs de très grande qualité, des aristocrates des dividendes et de la trésorerie, et de ne jamais les vendre. Et nous ferons de même.

Vous pourrez alors vivre de dividendes et de vos plus-values.

Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous avons encore quelques années d’attente, même si nos spécialistes travaillent inlassablement sur leur liste des meilleures valeurs à acquérir le moment venu.

Dans ce laps de temps, nous continuerons à collecter des revenus sûrs quand nous le pourrons et à préserver notre capital.

Voici un graphique qui montre le rendement réel après inflation de l’indice américain S&P500 depuis un siècle.

Un siècle de rendement réel du S&P500

Les actions sont un excellent investissement à détenir sur le long terme. C’est tellement évident que nous ne considérerions pas le fait d’acheter autre chose dans l’optique de capitaliser à long terme.

Mais à plus court terme, les actions traversent des marchés haussiers et des marchés baissiers. Dit autrement, vous avez une décennie ou deux de gains énormes, habituellement suivies d’une décennie ou deux de mouvements plus erratiques.

Ce dernier siècle a connu quatre grands marchés haussiers et trois grands marchés baissiers. Nous appuyons souvent notre démonstration par un graphique montrant l’évolution de l’indice Dow Jones comparé au cours de l’or.

Mais vous pouvez clairement voir les marchés haussiers et baissiers sur ce graphique du S&P500. Nous y avons repéré les marchés baissiers en rose.

Attention : nous ne parlons pas de marché baissier de la même façon que les professionnels de Wall Street. Selon eux, un marché baissier est une simple chute de 20% par rapport à un sommet. Nous utilisons l’expression de marché baissier plutôt pour parler d’une décennie perdue pour les investisseurs comme ce graphique le montre. La valeur nominale des actions ne semble aller nulle part. Mais en valeur réelle, ou exprimée en or, elles peuvent perdre 50% ou plus. C’est un marché baissier. Du temps perdu à jamais. Durant ces périodes, les portefeuilles fondent.

Notre opinion est que nous venons de rentrer dans un tel marché baissier, le quatrième en un siècle. En regardant notre graphique, il est facile d’imaginer qu’un nouveau plateau de dix ans a démarré depuis le dernier sommet.

Observez attentivement la période 1973 – 1984. Ce sont les années dites des chocs pétroliers durant laquelle l’inflation était forte. Les actions n’ont pas progressé durant cette période.

Imaginons que la Réserve fédérale arrive à ramener l’inflation à 3% ou 3,5% mais jamais à revenir à 2%, que se passera-t-il ? Si vous combinez l’inflation et des valorisations extrêmes vous obtenez ces plateaux indiqués en pointillés. Des années, des décennies où les actions ne rapportent rien. Nous pensons que nous sommes exactement au début d’une telle période.


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