La Chronique Agora

Sommes-nous entrés dans un grand marché baissier ? (2)

 

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

 

Les rehausseurs de crédit entrent dans la partie, aggravant la crise financière
C’est qui, ceux-là ? Ils garantissent les émissions obligataires ainsi que les titres adossés aux opérations de titrisation (dont le subprime).

Retenez ceci : ils sont sept et ils garantissent 2 400 milliards d’actifs ; leurs fonds propres sont très faibles. Pourquoi leur fait-on confiance alors ? Parce qu’ils sont notés "triple A" par l’agence de notation (Fitch) !

Sur ces sept rehausseurs de crédit, deux ont déjà perdu plus de 50% de leur valeur ces derniers jours pour cause de dégradation de la note "triple A" : leurs actifs se déprécient et ils sont dans l’incapacité de se recapitaliser, les conditions de marché ne le permettant pas !

Cela veut dire quoi ? S’ils perdent leur "triple A", les titres qu’ils garantissent vont s’effondrer. C’est très grave.

Pour l’instant, on estime les pertes potentielles pour les investisseurs et emprunteurs à quelque 200 milliards — pour l’instant… Mais l’histoire de rehausseurs de crédit ne fait que commencer. Et rappelez-vous : lorsque la crise du subprime a commencé il y a quelques mois, tout le monde était très serein… les choses ont depuis beaucoup évolué !

Accrochez vos ceintures, on n’a pas fini d’en parler.

Le credit crunch a déjà commencé
Voilà des semaines déjà que les conditions de crédit se resserrent très fortement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Les chiffres sont là, dans les faits. Les banques accordent de moins en moins de crédits.

Et le fléau attaque l’Europe : 89 banques interrogées par la BCE ont annoncé avoir réduit leurs offres de crédit aux ménages et surtout aux entreprises sur les trois derniers mois.

Moins de crédit = moins d’investissement et de consommation = moins de croissance et d’activité. C’est mathématique. Nous allons vers un ralentissement net — et les Américains sont déjà en récession.

La crise financière est en train de se transmettre à l’économie. C’est une réalité.

Le coût de l’intermédiation grimpe déjà…
… ce qui ne va pas aider. Les banques ne se font pas confiance et les taux interbancaires montent. Ce coût va se répercuter sur les agents économiques et, par ricochet, sur l’activité en général. Non seulement les prêts vont se faire rares, mais ils vont être de plus en plus chers !

De mémoire, il n’y a pas de crise financière qui ne se soit pas transmise à l’économie réelle. Je ne crois pas.

Je vous disais plus haut que la croissance US pouvait être tirée par la consommation, l’investissement ou l’exportation. Je viens de vous expliquer que le premier moteur est au plus mal, car surendetté, et que le second va s’enrayer pour cause de credit crunch. Or le dernier, l’export, ne suffira pas à lui seul.

L’économie américaine ne va pas rebondir "comme d’hab’" dans six mois
Non, je ne suis pas rassurée. Et je ne crois pas que l’économie américaine va rebondir "comme d’hab’" dans six mois. Parce que cette fois-ci, on est allé beaucoup trop loin dans les exagérations en tout genre, et qu’il va falloir purger et payer.

N’oubliez pas que l’industrie n°1 aux Etats-Unis est l’industrie financière. Elle est au plus mal. N’oubliez pas non plus que les Etats-Unis représentent 25% du PIB mondial. Il y aura donc un impact sur toutes les zones économiques mondiales.

Je ne vais pas rentrer dans le sujet maintenant, mais je suis de moins en moins optimiste quant à la capacité de la Chine à servir de relais de croissance à l’économie mondiale. Je reviendrai sur ce sujet.

Et la bourse ? Ce n’est pas fini…
Je suis contente de vous avoir incité à la plus grande prudence quant aux actions ces derniers mois. Et je suis rassurée de vous avoir recommandé les métaux précieux et les produits agricoles, riz, maïs, blé et soja en tête. Ils ont tous parfaitement bien résisté au choc ; comme décorrélés du chaos ! Un vrai bonheur. Ce sont eux qui vont sauver votre portefeuille.

Je m’attends à un rebond technique, qui pourrait faire remonter le CAC jusque vers les 5 200 points. Puis la baisse recommencera, lentement mais sûrement. Nous nous rapprocherons des 4 600… 4 300… 3 900… Plus ? Je n’en sais rien. Je ne suis pas devin.

Le grand trend haussier est terminé
La seule chose dont je suis personnellement persuadée, c’est que notre grand trend haussier est terminé. Nous sommes entrés dans un trend baissier.

Or un grand trend baissier est fait de rebonds et de baisses successifs : rebonds dont les points hauts montent de moins en moins haut, et baisses dont les points bas vont de plus en plus bas. C’est ça un trend baissier. Et pour l’instant, la configuration du CAC ressemble beaucoup à cela.

Voilà. Vous connaissez mon sentiment personnel. A vous de vous forger votre propre opinion sur la question !

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora (*)

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
 
L’Edito Matières Premières est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières en cliquant ici.

 

Source : L’Edito Matières Premières

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