La Chronique Agora

Sommes-nous entrés dans un grand marché baissier ? (1)

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

Ce qui s’est passé lundi sur les marchés actions est historique ! Paris, Tokyo, Bombay, Shanghai, Frankfurt, Londres — toutes les bourses ont décroché violemment, pas une n’a résisté. Rien qu’à Paris, 65 milliards d’euros sont partis en fumée. Pschitt ! Je parle de votre argent…

Je ne vais pas revenir sur cette journée noire. Tout le monde en parle et traite le sujet aujourd’hui.

En revanche, je suis certaine que vous vous posez deux questions :
– la baisse du marché actions est-elle derrière nous ou devant nous ?
– l’économie rebondira-t-elle d’ici la fin de l’année, ou allons-nous nous enfoncer dans le marasme ?

Je vais vous donner mon avis — et je vous conseille de ne pas vous arrêter là. Allez glaner les avis des professionnels, confrontez-les, et faites-vous votre propre opinion. Ayez toujours l’esprit critique — c’est le seul moyen de ne pas vous faire manipuler.

Allons-y…

C’est grave docteur ? Ma réponse est clairement : oui
Nous ne sommes pas dans une crise type 2001 avec rebond rapide de l’économie dans les mois qui suivent la crise.

A l’époque, le paquet fiscal (à l’image de celui de 140 milliards de dollars annoncé par Bush vendredi) a fonctionné car les Américains ont réinjecté massivement l’argent distribué dans le système, affectant les fonds à la consommation durant les six mois qui suivirent.

La consommation US est tétanisée
Aujourd’hui, les Américains sont surendettés : 13% de défaillance sur les prêts subprime, 10% sur les prêts de catégorie A et les défaillances sur cartes de crédit s’envolent !

Ils sont purement et simplement dans l’incapacité de consommer et encore moins de souscrire à un emprunt obligataire géant pour financer la croissance. Le paquet fiscal de Bush ne se transformera pas en consommation pour soutenir l’économie. Les ménages prendront cet argent pour rembourser leurs dettes. C’est très différent.

N’oubliez pas que l’épargne des ménages US est nulle. Peanuts ! Donc pas de marge de manœuvre. On ne peut pas compter sur la consommation US pour relancer la machine… or la consommation est à l’origine de 70% de la croissance américaine.

Restent les deux autres moteurs de la croissance : les exports et l’investissement. Nous allons y revenir.

La situation est grave car il s’agit d’une crise financière : le système est au bord de l’implosion
Je vais être honnête et directe avec vous : de tout temps, les crises les plus graves ont toujours été les crises financières. Or nous vivons actuellement la plus grave crise financière depuis la Seconde Guerre mondiale. 1929 était avant tout une crise financière, qui s’est ensuite transmise à l’économie.

Que s’est-il passé en 1929 ?

Les banques ont subi des revers violents en bourse. Ce qui a entraîné une hausse des coûts d’intermédiation et un credit crunch massif. C’est exactement ce qui est en train de se passer. Sauf qu’aujourd’hui, nous avons des armes monétaires, fiscales et budgétaires qui nous permettent d’atténuer les conséquences économiques. Mais pas de les éviter à mon avis.

Voici un tableau rapide de la situation financière actuelle. Un rapide portrait, en deux temps, trois mouvements :

1 – Les banques sont massivement embourbées dans le subprime… et ça va durer
Elles affichent les unes après les autres des pertes monstrueuses : 10 milliards par-ci, 18 milliards par là. L’un d’entre vous d’ailleurs, dont le neveu est trader chez Calyon à New-York, m’a fait part des rumeurs qui circulent dans les salles de marché : Citigroup serait au bord de la faillite !

C’est une rumeur, certes. Mais elle donne une idée de l’ampleur des dégâts.

Regardez la Société Générale : 230 millions de provisions passées. Et selon certains il faudrait en passer jusqu’à 2 milliards !!

Pire : on découvre que les banques chinoises ont, elles aussi, joué avec le subprime !

En clair : le subprime représente une masse de 500 milliards de dollars à digérer — 100 milliards sont pour l’instant remontés à la surface, officiellement déclarés et provisionnés. Les 400 milliards qui restent sont dans le pipe et vont sortir dans les mois à venir. Accrochez-vous au cocotier ! L’iceberg va émerger…

Nous verrons la suite dès demain.

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
 
L’Edito Matières Premières est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières en cliquant ici.

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