La Chronique Agora

Somewhere over the rainbow

▪ Les Publications Agora ont surmonté pas mal de tempêtes, depuis mon arrivée en 2000. De bulles en krachs… de subprime en dot.com… de records de l’or en sommets de l’immobilier… et même des semaines boursières aussi plates que celle que les marchés viennent de vivre. (Mais avez-vous noté que l’or grimpe… grimpe… grimpe ?)

La macro-économie n’est pas la seule à nous avoir fait connaître des aventures mouvementées. En 2000, nos effectifs se comptaient sur les doigts d’une main, entassés dans un appartement converti en bureau sur le boulevard Saint-Germain. Aujourd’hui, j’ai un peu de mal à m’habituer à l’idée que nos équipes occupent deux (2 !) étages entiers, avec des salles de réunions dotées de portes qui ferment, un serveur informatique qui accepte plus de 25 personnes connectées à la fois… et même une machine à café qui fonctionne. La plupart du temps.

Je fais partie des meubles, aux Publications Agora. Et j’avais l’habitude de trouver toujours à mes côtés, dans les bons jours comme dans les très mauvais, mon amie et collègue Fanny Gerbet, directrice et gérante.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

"Emportée par une longue maladie", comme le dit la triste formule consacrée, elle nous a quittés mardi dernier.

Pendant 10 ans, de Baltimore à Londres, du Nicaragua au Poitou, de la rue de la Verrerie au boulevard de la Villette… Fanny a dirigé les Publications Agora, pour en faire une maison d’édition à son image : fidèle à ses principes, humaine, lucide — et toujours décidée à trouver le meilleur même dans les pires situations.

Fanny nous faisait beaucoup rire. Aujourd’hui, elle me fait pleurer. Et si je me permets de partager ma peine avec vous, cher lecteur, c’est parce que Fanny pensait beaucoup à vous.

"Oui mais les lecteurs…" — telle était sa phrase favorite en réunion. "Oui, mais les lecteurs ne comprendront pas", "oui, mais les lecteurs ont besoin d’explications claires", "oui, mais les lecteurs méritent mieux".

Avec exigence, avec raison, avec passion… et avec une bonne dose d’obstination (le contrarianisme, que voulez-vous, ça demande d’avoir un peu la tête de bois), Fanny nous a guidés, conseillés, aidés, tirés, poussés, hissés pour que nous donnions le meilleur de nous-mêmes, tous les jours, dans nos publications, nos conseils, nos stratégies, nos idées.

La conscience de ce que nous avons perdu ne nous empêchera pas de continuer à porter les valeurs qu’elle a su insuffler aux Publications Agora.

Et après la maladie, je souhaite le repos à son âme.

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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