La Chronique Agora

La solitude du panneau routier en haute montagne

▪ A la Chronique Agora, nous comprenons la solitude du panneau routier en haute montagne. Vous savez, ces panneaux "danger : chute de pierres", qui patientent, stoïques, plantés au-dessous de quelque paroi vertigineuse.

Personnellement, je n’ai jamais assisté à la dégringolade du moindre gravillon à proximité de ces signaux.

La tentation serait donc forte de me dire qu’ils ne servent à rien… et que les fameuses "chutes de pierres" ne sont que fantasmes nés du cerveau paranoïaque d’un ingénieur des Ponts et Chaussées vers la fin des années 60.

On pourrait penser la même chose des perpétuels avertissements de vos rédacteurs quant aux dangers qui règnent sur les marchés : trop d’argent injecté par les autorités monétaires, une reprise qui n’est qu’un écran de fumée masquant des économies moroses, et des crises potentielles (Zone euro de notre côté de l’Atlantique, prêts étudiants et municipalités ruinées aux Etats-Unis, système bancaire chauffé au rouge en Chine, et j’en passe) qui enflent un peu partout sans toutefois éclater pour de bon.

Lever le pied de l’accélérateur ne peut pas faire de mal, à proximité des zones dangereuses…

Se pourrait-il que nos panneaux ne servent à rien, qu’aucun rocher ne vienne jamais s’écraser sur la route des investisseurs ?

Peut-être. Mais lever le pied de l’accélérateur ne peut pas faire de mal, à proximité des zones dangereuses…

▪ A défaut de chutes de pierre, Bill Bonner nous indiquait jeudi où nous en étions sur l’itinéraire de la crise économique : "

"Lorsque la crise de 2008-2009 est arrivée, notre prédiction ressemblait à un itinéraire touristique : d’abord Tokyo… puis Buenos Aires".

"Nous voulions dire par là que l’économie américaine entrait dans une période de désendettement ressemblant fortement à celle du Japon. Le remboursement, le défaut et le passage en perte et profits de la dette seraient longs et difficiles, pensions-nous. Ensuite, lorsque ce serait terminé… nous nous retrouverions dans une période d’inflation, voire d’hyperinflation. Cela pourrait se produire de deux manières différentes".

"Une fois le désendettement terminé, les gens commenceraient à emprunter et dépenser à nouveau. Cela augmenterait la masse monétaire — surtout avec une base monétaire plus grande dans laquelle puiser — et ferait grimper les prix".

"Ou bien, désespérée et impatiente de revoir les beaux jours d’avant la crise, la Fed pourrait avoir recours à un stimulus monétaire direct (une sorte de largage par hélicoptère). La Fed a sûrement un plan d’urgence sur le sujet. Un banquier central sensé ne penserait même pas à faire une telle chose. Mais nous vivons une époque d’improvisation, en termes d’expérimentations monétaires. Il ne faut rien écarter".

"Les prix à la consommation américains — selon les chiffres officiels — augmentent d’un peu moins de 2% par an. Les économistes ne s’inquiètent pas de l’inflation, mais de son absence. Nous sommes encore largement à Tokyo, non Buenos Aires".

▪ En tant qu’investisseur, vous demandez-vous sans doute, quelle stratégie adopter dans de telles circonstances ? Je pencherais pour le pragmatisme prudent recommandé par Eric Lewin dans La lettre PEA :

C’est évidemment beaucoup plus sain de regarder les marchés en fonction de la croissance
des sociétés

"C’est évidemment beaucoup plus sain de regarder les marchés en fonction de la croissance
des sociétés que sous l’angle des tombereaux de liquidités déversées ou pas dans la sphère
financière — avec la création de bulles malsaines", explique Eric.

"[…] A présent que l’économie américaine est sortie de son cercle vicieux, il semble normal et sain d’arrêter ce type de politique laxiste. Et cela, les marchés l’ont parfaitement intégré ; ils vont donc devoir trouver d’autres leviers, d’autres motivations pour investir le cash disponible. Ces leviers, je vous l’ai dit, ce seront les entreprises".

"Alors justement, qu’est-il attendu de ce côté ? D’après le consensus (même s’il faut s’en méfier), si 2013 a été marquée par une baisse de l’ordre de 2% à 3% des résultats des entreprises du Stoxx 600, 2014 devrait voir une progression de 14% de ces fameux résultats. 14%, c’est quand même beaucoup. Or, les actions (européennes comme américaines) sont chères aux cours actuels. Elles se payent sur un PER de 19 aux Etats-Unis et de 17 en Europe. A la moindre déception, les indices pourraient consolider. Il faudra donc faire en sorte de ne pas tomber dans un optimisme béat et de garder les pieds sur terre".

Et surtout… faites attention aux falaises, cher lecteur !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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