▪ Entrez, entrez, n’hésitez pas à faire de bonnes affaires. A vous les -30%, -50% (en moyenne sur les valeurs bancaires) et même jusqu’à -70% sur certaines références (Technicolor, Air-France/KLM, Véolia) par rapport à janvier 2011.
Les vitrines du CAC 40 et du SBF 120 sont pleines d’offres alléchantes mais ce n’est pas la ruée — au propre comme au figuré. C’est la faute, nous explique-t-on, aux soldes flottants de la mi-septembre ou de la fin novembre 2011.
Les acheteurs ne se laissent pas facilement convaincre par le seul montant du rabais indiqué sur l’étiquette. Ils disposent d’un budget beaucoup plus serré que 12 mois auparavant (le QE2 de la Fed battait son plein) et ils veulent être certains que leurs emplettes sont compatibles avec le profil des stocks dont ils viennent de faire l’inventaire fin décembre.
Certains investisseurs ont gardé le souvenir de prix plus avantageux au milieu de l’automne ; d’autres retrouvent leurs cours des 23 septembre ou 23 novembre dernier (sur Peugeot, EDF, Suez, Société Générale ou Crédit Agricole notamment). Ils ne gagneraient donc rien à renforcer leurs lignes aux niveaux actuels.
Volumes : ça ne se bouscule pas au portillon
Même si l’année a plutôt bien commencé en Europe et se déroule très favorablement à Wall Street, il se confirme que l’ambiance ressemble davantage à celle de ventes privées (réservées à un nombre très limité de clients) qu’à un rush (proche de l’hystérie collective) de type black friday aux Etats-Unis.
A Paris en particulier, le nombre d’acheteurs demeure confidentiel et s’est à peine renforcé depuis la fin de la Trêve des confiseurs.
Quelques observateurs (plutôt avisés) affirment que les liquidités se font d’autant plus rares sur les marchés qu’elles apparaissent chaque soir plus abondantes aux guichets de la BCE (qui ne les rémunère pourtant qu’à 0,25%).
La défiance entre les divers agents (banquiers, assureurs) s’amplifie au fil des semaines. Cette frilosité pourrait être alimentée par l’anticipation d’une seconde démarque sur les dettes souveraines et les émissions de certains établissements de crédit européens ; ces derniers n’ont plus que la BCE comme contrepartie et fournisseur de dollars.
Soldes grecs : tout doit disparaître (avant liquidation ?)
Il ne faudrait pas que la Grèce décroche ces prochains jours les panneaux « toute la dette à -50% » pour afficher à la place « soldes monstres à -75% », prix massacrés, tout doit disparaître avant liquidation.
Pour les actions, c’est un peu pareil. Si le compartiment obligataire se mettait à ressembler à une grande braderie, le phénomène pourrait rapidement se généraliser aux entreprises cotées dont le gearing (niveau de l’endettement par rapport à la génération de cash flow) apparaît trop tendu.
Il s’agit typiquement des entreprises de service aux collectivités, de spécialistes de la chimie, de la plupart des constructeurs automobiles occidentaux, à l’exception des groupes allemands — mais ces derniers ont été basculés dans la catégorie produits de luxe.
Le parallèle avec les soldes d’hiver (dont le coup d’envoi a été donné ce mercredi) a ses limites. En ce qui concerne les valeurs mobilières, personne ne sait quand doit s’achever la période du déstockage massif qui a débuté au milieu de l’été dernier.
Et il y a peu de chance qu’une éventuelle dernière démarque se calque sur les dates officielles prévues par la préfecture (du 11 janvier au 14 février).
Les opérateurs attendent de déterminer si les marchés préparent la mise en route de la nouvelle collection printemps-été 2012 où s’ils attendent que les températures fraichissent enfin pour brader les derniers anoraks.
Difficile d’anticiper quels seront les caprices du thermomètre d’ici le 21 mars et la fin officielle de la saison hivernale. Tout le monde le répète depuis le début de l’automne 2011, le plus doux des 100 dernières années : y’a plus de saison !
Et comme pour résumer le climat d’indécision actuel, personne ne parvient à déterminer de quelle région vont surgir les vents dominants. A priori pas encore du nord (symbole d’un marché haussier), mais peut être plus du sud (symbole d’un marché baissier).
Les indices américains font du sur-place
Nous n’observions pas un souffle d’air à Wall Street à la mi-journée mercredi. Les indices américains ondulaient à peine, si ce n’est de 0,1 ou 0,15% de part et d’autre des niveaux testés dès le premier quart d’heure de cotation. -0,25% pour le Dow Jones, -0,15% pour le S&P +0,15% pour le Nasdaq qui tentait d’inscrire une cinquième séance de hausse consécutive.
A Paris, le chaud et le froid ont soufflé alternativement en matinée, le CAC 40 gagnait +0,8% au bout de deux heures de cotation (testant 3 236 points) avant de consolider de -0,8% en cours d’après-midi (jusque vers 3 181 points).
Le rouge dominait franchement vers 17h29 mais l’indice a bénéficié d’un beau coup de pouce au moment du fixing. Le CAC est repassé de 3 196 à 3 205 points (de -0,5% à -0,2%, son niveau d’ouverture), soit une issue psychologiquement plus favorable.
Paris a profité de la résistance de Wall Street qui ne veut rien céder des gains accumulés depuis le 19 décembre et qui tutoie ses meilleurs niveaux du 28 octobre dernier.
En ce qui concerne le Nasdaq, il lui faudrait gagner plus de 1% pour renouer avec ses meilleurs niveaux de la fin octobre 2011 (2 738 points). Il n’y est pas parvenu mercredi soir puisque sa hausse n’a pas dépassé les 0,3% (à 2 711 points).
Les optimistes se consoleront en constatant que le composite aligne une cinquième séance de hausse consécutive, de quoi se convaincre que des vents favorables continuent de souffler en leur faveur.
Une petite aversion au risque se dessine pourtant avec l’euro qui rechute au contact des 1,2700 $ (après avoir inscrit un plus bas vers 1,2670 vers 15h30).
Le Livre Beige de la Fed publié mercredi soir n’a guère inspiré les cambistes et n’est pas davantage parvenu à tirer Wall Street de sa torpeur. C’est à croire que la Trêve des confiseurs n’en finit plus.
Ben Bernanke et ses collègues se montrent imperceptiblement plus optimistes au sujet de l’activité économique. Cependant, ils ne maîtrisent rien en matière de retombées de la crise européenne s’il s’avère qu’elle se prolonge du fait de la situation de faillite de la Grèce et du manque d’appétit pour les émissions massives du Trésor italien.