Par Sylvain Mathon (*)
Le solaire a longtemps été le fer de lance des énergies renouvelables ; il était temps nous nous penchions de plus près sur ce secteur clé ! A dire vrai, je le suis avec attention depuis le début ; mais l’engouement des investisseurs était tel qu’il semblait presque impossible d’entrer sur ces valeurs recherchées. Après le décrochage fulgurant des derniers mois, est-il temps d’y revenir ?
Je vais tenter de répondre à cette question…
Je ne suis pas certain que l’épuration ait trouvé son plancher : il faut donc procéder avec prudence. Mais il est certain qu’à ce niveau de valorisation, et compte tenu des perspectives à long terme du secteur, le solaire commence à se signaler sur notre écran radar.
Les montagnes russes du solaire
Laissez-moi vous présenter le cours d’un des indices de référence du secteur, le SOLEX, calculé par Dow Jones et compilé par SAM Group, qui rassemble plusieurs leaders internationaux du solaire thermique et photovoltaïque.
Le SOLEX fait l’objet d’un tracker émis par la Société Générale (sous le code FR0010319400) : je le signale à titre d’information mais, au plan technique, les risques sont trop présents pour que nous envisagions de prendre position. En revanche, sa courbe en dit long sur la volatilité du secteur et ses tribulations récentes.
Si vous aviez misé sur le secteur fin 2004, vous auriez pu, en théorie, multiplier votre mise par neuf en l’espace de trois ans ! C’est dire la force de l’engouement pour ce secteur… La chute, hélas, est à la mesure de l’accélération : depuis ses sommets de fin 2007, le SOLEX a perdu 75% de sa valeur… Comment expliquer de telles montagnes russes ? Vous vous doutez déjà de la réponse : la spéculation, bien sûr.
Un principe, deux technologies
Le solaire photovoltaïque, le domaine le plus en pointe au plan technologique, consiste donc, au moyen de ces cellules, en la conversion directe de lumière en électricité. Le photovoltaïque représente aujourd’hui 80% environ de la production électrique solaire dans le monde.
Plus ancienne, la technologie thermique consiste à concentrer les rayonnements solaires pour faire bouillir de l’eau, soit pour chauffer un bâtiment, soit pour faire tourner des turbines génératrices. Moins coûteuse et plus facile à mettre en oeuvre, elle demeure une option intéressante, très prisée par les particuliers.
Chronique d’une bulle annoncée
Certains pays, en tête desquels l’Allemagne et le Japon, ont très tôt résolument fait le pari du solaire. Ces pays précurseurs sont encore aujourd’hui des leaders incontestés dans ce domaine.
La donne change à nouveau au début des années 2000. La hausse des cours du baril, conjuguée au boom des pays émergents et à la montée des préoccupations concernant le réchauffement climatique, donne un véritable coup de fouet aux énergies vertes. Le solaire redevient donc à la mode.
La recherche en photovoltaïque reprend de plus belle, et les projets de centrales thermiques, en hibernation depuis quelques années, reprennent des couleurs. Des chantiers s’ouvrent aux Etats-Unis, en Espagne et au Portugal.
La Chine fait une entrée fracassante sur le marché
Au milieu des années 2000, le marché mondial pèse dans les 12 milliards de dollars annuels.
La Chine a fait son entrée sur le marché des cellules solaires, à travers des leaders comme Suntech, Ja Solar ou Chinese Electrical Equipment Group. L’empire du Milieu est désormais le numéro deux mondial des panneaux solaires. 90% de sa production part à l’export, la demande locale reste pour le moment limitée.
L’eldorado pour le venture capital
Pendant ce temps, les investisseurs s’en donnent à coeur joie. Les incitations gouvernementales en font un créneau des plus juteux, la technologie du photovoltaïque est encore en pleine maturation.
Avec ses brevets propriétaires et son énorme potentiel à long terme, le solaire photovoltaïque est un véritable eldorado pour le venture capital. En 2007, on ne comptait pas moins de 1 500 start-ups vouées au cleantech. Et les solaires à elles seules s’adjugeaient plus d’un quart des 2,2 milliards de dollars investis dans le secteur cette année-là.
Nous verrons la suite dès demain…
Sylvain Mathon,
Pour la Chronique Agora
(*) Globe-trotter invétéré et analyste averti, Sylvain Mathon est un peu "notre" Jim Rogers… Après avoir travaillé durant dix ans au service de grandes salles de marché, il met depuis février 2007 toute son expertise en matière de finances et de matières premières au service des investisseurs individuels dans le cadre de Matières à Profits, une lettre consacrée exclusivement aux ressources naturelles… et à tous les moyens d’en profiter. Il intervient régulièrement dans L’Edito Matières Premières & Devises.