La Chronique Agora

Comme le montre l’exemple Cybernetix/Technip, les petites valeurs deviennent des proies idéales

▪ Les small ne coûtent pas cher et deviennent des cibles faciles
Il n’y a pas une semaine sans qu’une opération financière ne soit annoncée. La dernière en date concerne Cybernetix. J’ai suivi la valeur sur le site et, le 4 novembre dernier, vous ai annoncé son rachat par Technip. La société va sans doute être absorbée au prix de 19 euros par action, ce qui représente une valorisation boursière de 31 millions d’euros… et une prime de 35% par rapport au dernier cours coté !

Une très belle prime donc, mais qui ne va sans doute pas ruiner Technip, le géant parapétrolier qui pèse en Bourse 7,3 milliards d’euros et a dégagé 417,6 millions euros de bénéfice en 2010. Cybernetix est le spécialiste des robots en milieux hostiles. Il y a évidemment une réelle cohérence industrielle à voir les deux groupes se rapprocher, mais la forte baisse des small caps les a rendus souvent très attractifs. Tenez, dans ce cas, le prix payé par Technip n’est supérieur que de 5% au plus haut de 18,16 euros enregistré cette année par Cybernetix, et la small cap valait à peine 10 euros fin septembre dernier !

De même, il est tout à fait logique qu’Altarea COGEDIM, le spécialiste de l’immobilier commercial, jette son dévolu sur RueduCommerce.com. Il a fait une offre de 100 millions d’euros, ce qui représente une prime de quelque 48% par rapport au dernier cours coté. Le groupe immobilier se doit de développer Internet dans ses centres commerciaux. C’est l’alliance du click and mortar : c’est-à-dire d’une entreprise classique de distribution qui allie la vente en ligne (click) à sa vente physique classique (mortar).

Il y a également l’acquisition de la biotechnologique Novagali par le Japonais Santen avec une prime de 71%. Mais, comme je vous l’ai dit plusieurs fois, je préfère ne pas trop m’étendre sur ce secteur des biotechs, car je ne le maîtrise pas vraiment et je pense qu’il est difficile de s’y aventurer lorsque l’on n’est pas spécialisé.

Et puis, début octobre, je vous parlais déjà de l’acquisition par Cristal Union (on est dans le sucre) du groupe Vermandoise avec des primes de respectivement 98% et 125% pour ses filiales Vermandoise de Sucreries et Sucrière de Pithiviers. Cette opération donne quand même naissance au cinquième acteur européen du sucre…

Et vous avez évidemment suivi les opérations sur Meetic ou encore sur Modelabs qui datent de quelques mois.

Beaucoup de fusacq ont lieu dans le domaine des small caps à cause, principalement, de leur faible valorisation boursière, et de la nécessité, vu les conditions économiques actuelles, de consolider les marchés. Le moment est opportun quand vous êtes un prédateur.

Un autre phénomène marquant dont je veux vous parler est en ce moment le désintérêt des chefs d’entreprise pour les marchés boursiers. Maesa en est la parfaite illustration. J’avais abordé ce problème dans un précédent article sur le risque de credit crunch qui allait atteindre  les small caps.

▪ Les small commencent à bouder les marchés actions
Le 7 novembre, l’offre simplifiée annoncée par Maesa s’est ouverte. Cette opération n’est pas initiée par un prédateur mais par les fondateurs eux-mêmes de Maesa, associés à des fonds gérés par Edmond de Rothschild. Le cours de 13 euros est proche du prix d’introduction de 13,50 euros de février 2006. Une opération dont je me suis occupé lors de mon passage professionnel chez Euroland.

Cette opération illustre le sentiment de beaucoup de dirigeants : à quoi bon rester coté alors que les bonnes nouvelles passent complètement inaperçues ? Certes, il y a du vrai dans tout cela. Mais la cotation permet de crédibiliser la société aussi, ce mouvement que je vois se dessiner de « retrait de la cote » est, je trouve, regrettable.

▪ La Bourse, nouveau moyen de se financer ?
Lorsque vous êtes public, vous avez évidemment une plus grande crédibilité vis-à-vis de vos clients ou de vos fournisseurs. De plus, être coté permet de lever des fonds plus facilement. Les entreprises, on l’a vu récemment avec Naturex, le spécialiste des extraits végétaux naturels, lancent des augmentations de capital, ce qui leur permet de trouver des capitaux.

Actuellement cela reste plutôt une bonne solution puisque les banques rechignent désormais à prêter. Oui, le terme credit crunch revient de plus en plus souvent dans la bouche de mes interlocuteurs, chefs d’entreprise. Difficile de trouver du crédit bancaire actuellement alors que des pertes sont inéluctables sur la Grèce et que l’Italie donne des signes de faiblesse.

Désormais, pour une entreprise, il devient plus facile de lever des fonds en Bourse qu’auprès de l’institution qui est censée les aider. C’est désormais vous, les investisseurs, les actionnaires qui aidez à la croissance des small caps ! Enorgueillissez-vous, cher investisseur : vous faites un acte citoyen en remplaçant le travail des banques !

Reste que toutes ces opérations appauvrissent la cote alors que les introductions en Bourse se font de plus en plus rares. Récemment, on a eu l’IPO de COGRA, un spécialiste de la production de granulés de bois. Et encore, cette introduction a porté sur 3,3 millions d’euros…

Première parution dans Small Caps Confidentiel le 08/11/2011.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile