La Chronique Agora

Et si la Chine contrôlait votre banque (2/2)

Jack Ma, Alibaba, Chine

Jack Ma, fondateur d'Alibaba

Si l’avenir des services bancaires devient l’apanage des géants d’internet, ceux qui viennent de la Chine voudront une part du gâteau européen.

Les banquiers ont plus de raisons de craindre la concurrence des Google, Amazon, Facebook, Apple que celle des néobanques et autres fintechs. Mais les géants américains de la tech pourraient se voir couper l’herbe sous le pied par des concurrents que l’épargnant occidental connaît (pour le moment) encore très mal.

Qui sont les BATX ?

 Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi sont les rivaux chinois des sociétés américaines de la tech, les GAFA ou même GAFAMI (Google, Apple, Facebook Amazon, Microsoft et IBM). Vous n’en n’avez peut-être encore jamais entendu parler, mais elles ont déjà entamé leur conquête de l’Occident. Face au protectionnisme américain, le débarquement a naturellement eu lieu en Europe.

Baidu, le « Google chinois »

Baidu a été fondé en 2000 par Robin Lee (Li Yanhong en mandarin, 49 ans) qui en est resté le dirigeant. Cette multinationale est l’une des plus grandes sociétés de services Internet et d’intelligence artificielle au monde. Elle est également très présente sur le secteur de l’internet des objets (IoT, en collaboration avec sa compatriote Xiaomi) et des voitures autonomes.

Baidu est le deuxième moteur de recherche au monde et détient autour de 75% des parts sur son marché national, ce qui en fait le « Google chinois ».

 

Son projet Apollo est l’un des principaux programmes de développement mondiaux autour de l’intelligence artificielle.

Bien que Baidu a été la première société chinoise à être introduite sur le NASDAQ, elle concentre pour le moment son développement sur son marché national. Elle se distingue en cela des autres membres du groupe des BATX.

Fin mai 2018, sa capitalisation boursière se montait à 84 Mds $.

Alibaba, N°1 mondial de la vente de détail (mais pas seulement)

Alibaba a été cofondée en 1999 par Jack Ma (Ma Yun en mandarin, 53 ans), qui est resté à la tête du groupe. Cette multinationale est avant tout le géant de l‘e-commerce chinois et le plus grand détaillant au monde, dépassant depuis 2015 les ventes cumulées d’Amazon, eBay et Walmart.

Elle est aussi un leader des services internet (moteurs de recherche, cloud computing…), de l’intelligence artificielle et plus largement de la technologie. Elle développe également sa présence dans l’industrie des médias et du tourisme.

Comme Tencent, Alibaba est l’une des plus grandes sociétés d’investissement au monde.

Le groupe est surtout connu en Occident comme concurrent d’Amazon avec son site Alibaba qui propose des services de commerce de consommateur à consommateur, d’entreprise à consommateur et d’entreprise à entreprise. Taobao, la version chinoise du site, permet aux clients de régler avec le système de paiement AliPay (dont je vous reparlerai).

Le site french.alibaba.com, qui a ouvert ses portes il y a trois ans, est un indéniable succès. Son offre étant plus low cost qu’Amazon, Alibaba France doit plutôt être considéré comme un concurrent direct de sites tels que Cdiscount ou Priceminister.

Le groupe n’en n’est pas resté là et a investi d’autres segments de marchés en Europe.

Alibaba Cloud serait le quatrième acteur mondial du cloud computing. Son deuxième data center européen devrait ouvrir en France courant 2018, comme le rappelle le Siècle Digital. Alibaba compte bien capter ainsi de nouveaux clients européens (20% du marché mondial du cloud computing).

Sa plateforme Fliggy, qui propose aux touristes chinois des voyages clés en main, permet à la firme d’exporter son système de paiement AliPay à l’international. De nombreuses boutiques parisiennes en sont équipées, de manière à faciliter la vie des plus de deux millions de touristes qui visitent chaque année la capitale.

Ce titan concurrence donc non seulement Amazon et eBay mais également Google et Microsoft.

Fin mai 2018, la capitalisation boursière d’Alibaba s’élevait à 509 Mds $, ce qui en fait l’une des 10 plus grosses sociétés au monde.

Tencent, N°1 mondial du capital risque

Tencent a été cofondée en 1998 par Ma Huateng (46 ans) qui en est resté chairman et CEO. Tencent est devenue la plus grande société d’investissement au monde.

Cette multinationale regroupe des centaines de filiales qui offrent toute une série de services Internet à succès (le portail web QQ.com, les services de messagerie instantanée Tencent QQ et WeChat…), du divertissement (numéro 1 mondial du jeu-vidéo), mais aussi des produits comme le téléphone mobile. Tencent est également présent dans les secteurs des services de paiement et de l’intelligence artificielle.

Tencent a indirectement mis un premier pied en Occident en entrant au capital de sociétés dont les services ont une aura internationale. Ainsi, le conglomérat a pris une participation dans le service de musique suédois Spotify en 2017 et possède 12% du capital de Snapchat. Epic Games, la société qui a développé Fortnite, le jeu multi-joueurs en ligne le plus hype du moment, est passée sous pavillon chinois en 2012.

Fin mai 2018, la capitalisation boursière de Tencent se montait à 483 Mds $, ce qui en fait l’une des 10 plus grosses sociétés au monde.

Xiaomi, le rival d’Apple

 Xiaomi a été fondée en 2010 par Lei Jun (48 ans), toujours CEO de la firme. Cette entreprise chinoise d’électronique et d’informatique est avant tout le plus gros fabriquant de téléphones chinois et le 4ème au plan mondial. C’est donc la Némésis d’Apple.

Comme Apple, Xiaomi ne se contente pas de fabriquer des téléphones. La société propose également des ordinateurs portables et pléthore d’autres appareils électroniques (de la trottinette à la TV en passant par le robot ménager ou encore le sac-à-dos), et investit dans des applications mobiles.

Ces produits de qualité sont vendus à des prix très abordables, à l’inverse de la stratégie pratiquée par Apple.

Xiaomi a fait ses premiers pas en Europe au travers des contrats d’affiliation avec les sites d’actualité spécialisés dans la technologie. Par exemple, lorsque Numerama met en avant un produit Xiaomi qui est finalement acheté par l’un de ses lecteurs, le site est rémunéré.

Avec la hausse de sa notoriété, Xiaomi a pu lancer en Europe ses premiers points de vente physique (les Mi Store) d’abord en Espagne, puis à Paris (le 22 mai dernier). D’autres implantations sont prévues à Londres, en Pologne, en Slovaquie, en Ukraine ainsi qu’en Biélorussie.

Fin mai 2018, la capitalisation boursière de Xiaomi se montait récemment à 78 Mds $, ce qui en fait le plus modeste acteur des BATX.

[NDLR : Peu d’investisseurs — à moins d’être technophiles et bien conseillés — choisissent des actions qui se révèlent être le nouvel Apple ou le nouvel Amazon.

De tels investisseurs sont rares… mais ils existent — et vous pouvez en faire partie grâce aux conseils de notre spécialiste : cliquez ici pour en savoir plus et engranger des gains sur l’avancée technologique la plus incroyable de ces 58 dernières années.]

Par quels titans de la tech l’Europe sera-t-elle mangée ?

 Sans que leur présence saute aux yeux, les BATX ont bel et bien débarqué en Europe. Notre continent n’ayant pas permis l’émergence d’acteurs de cette taille, il n’est aujourd’hui qu’un énorme gâteau dont les géants chinois de la tech veulent soutirer leur part aux titans américains. L’Europe est en passe de devenir une « colonie numérique », pour reprendre les mots de Laurent Alexandre.

 

Comme le déplore Laurent Alexandre, « L’Europe est TOTALEMENT absente. La Chine explose à toute vitesse. Les Etats-Unis restent leaders. »

Pour ce qui est de la banque, certains commentateurs estiment que la partie serait en fait déjà jouée. Les BATX pourraient finir par rafler l’intégralité de la mise.

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