La Chronique Agora

SFR, Bouygues, Orange : les enjeux de la téléphonie mobile dépassent la France

Tech

▪ La recomposition du paysage numérique s’amorce à peine en France avec les grandes manoeuvres entre opérateurs téléphoniques que l’Angleterre et l’Allemagne annoncent vouloir conjuguer leurs efforts afin de développer la 5G. L’ère du très haut débit, comparable à celle de l’ADSL ou de la fibre optique, est en marche… et ceux qui ne suivront pas pourraient s’en mordre les doigts.

David Cameron et Angela Merkel ont convenu de la mise en oeuvre d’une coopération entre leurs meilleures équipes de chercheurs (ceux de l’Université de Dresde, du King’s College de Londres et de l’Université du Surrey).

Avons-nous tous besoin de la 5G sur nos portables alors que la 4G se met péniblement en place en France — faute d’une demande empressée de la part des utilisateurs ? L’avenir nous le dira… mais le Japon et les Etats-Unis ont déjà largement plébiscité le haut débit.

Pour vous faire une petite idée du classement de la France dans ce domaine, sachez qu’elle pointe seulement en 15ème position avec un taux de couverture de 68%. Elle est donc bien loin derrière le trio de tête Corée du Sud, Suède, Japon (avec 99%), les Etats-Unis avec 95%, l’Estonie (même score) puis des pays auxquels on ne penserait pas forcément comme le Portugal (90%), les Emirats (80%), l’Arabie Saoudite (76%), l’Australie (75%… alors que 80% du pays est un désert).

Devenir trader sur le marché des devises ?
Difficile… long… coûteux…
… Sauf si vous pouvez répliquer à l’identique les trades d’un spécialiste qui vit du Forex depuis des années !

Comment ça ? Eh bien… tout est là. N’attendez plus !

Pour l’heure, Bouygues possède une petite avance dans le déploiement de la 4G par rapport à ses deux grands rivaux : 6 000 antennes et 65% de taux de couverture, contre 5 000 pour Orange, 1 500 pour SFR, un millier pour Free… Mais par comparaison, Deutsche Telekom compte à lui seul autant de relais 4G que les quatre opérateurs français réunis.

▪ Un marché disputé
Le piètre rang de la France dans le classement mondial des télécoms s’expliquerait en grande partie par la guerre des prix qui freine les investissements dans les réseaux à haut débit… Pas de panique, cependant, c’est encore pire chez de nombreux voisins.

En Europe, plus de 100 opérateurs se partagent un marché de 400 millions d’abonnés potentiels (y compris les entreprises) — là où aux Etats-Unis ou en Chine, on ne compte que trois opérateurs se partageant respectivement 315 et 800 millions d’abonnés.

S’il est davantage question d’image que de nécessité — en termes de demande — dans le projet anglo-allemand, le message est clair : ceux qui ne suivent pas apparaîtront "en retard" aux yeux des abonnés de pays émergents de l’est de l’Europe et du pourtour méditerranéen. Les opérateurs français, en l’occurrence, risquent une fois encore de se lancer dans la course avec un sérieux handicap par rapport à leurs rivaux britanniques ou germaniques.

D’après Arnaud Montebourg, la concurrence par la destruction de valeur s’arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobiles, tout en maintenant des prix bas (ceci pour rassurer les consommateurs).

Elle ne s’arrêtera pas, en revanche, si Numéricâble s’empare de SFR — un scénario qui a pourtant la faveur de Vivendi et qui présente l’avantage d’une mise en place technique et commerciale très rapide. En effet, dans ce cas-là, la concurrence à quatre persisterait… jusqu’à la mort de l’un des protagonistes, je suppose.

▪ Une solution en vue ?
La surprise du jour provient du fait que deux concurrents irréductibles — qui se sont copieusement écharpés à coup de petites phrases assassines dans les médias — se parlent, négocient et parviennent à mettre sur pied une stratégie collaborative qui enterre pratiquement l’alternative Numéricâble avec l’onction de Matignon et des ministères concernés.

L’architecte de cette solution serait Grégoire Chertok, un des dirigeants emblématique de Rothschild. Il a réussi à faire dialoguer puis négocier Maxime Lombardini et Thomas Reynaud (côté Free) puis Olivier Roussat, Richard Viel et Jean-Paul Arzel (le patron du réseau Bouygues). Cela afin de proposer en l’espace d’un week-end un projet de cession d’un ensemble complet de milliers de relais hertziens 3G et 4G qui enthousiasme les marchés.

Une alliance qui tomberait au bon moment pour Iliad, car les dernières statistiques de recrutement d’abonnés constituent une sorte de petite révolution : Free ne pointe qu’à la troisième place avec +60 000 contre +62 000 pour Orange et +72 000 pour Bouygues.

Quant à SFR, il s’inscrit bon dernier avec seulement +48 000, confirmant une perte de vitesse alarmante aux yeux des investisseurs. Bouygues a considéré que remettre cet opérateur historique en selle valait bien une pincée de chaises musicales technologiques, y compris à l’avantage du concurrent honni (Bouygues possède le réseau 4G le plus dense)… La partie –commerciale — n’est pas finie, loin de là: une nouvelle manche commence !

Je m’attends par ailleurs à une surenchère de Numéricâble, ce qui rebattrait les cartes sur le plan financier… mais la surenchère politique serait alors quasi-inévitable. C’est elle qui pourrait pousser Vivendi à poursuivre sa conversation… avec Bouygues exclusivement.

Faut-il continuer de jouer en bourse la carte Iliad plutôt que Bouygues, les actionnaires d’Orange sont-ils condamnés à se morfondre ? Ce sont les questions auxquelles le Pitbull s’est empressé de répondre avec son mordant habituel : découvrez ses recommandations sans plus attendre !

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