La Chronique Agora

Selon le VIX, le potentiel boursier est à la baisse plutôt qu'à la hausse

▪ Vendredi dernier, la série de victoires de la Bourse américaine a pris fin. Huit séances consécutives dans le vert… mais pas de neuvième, puisque le Dow Jones a chuté de 37 points, pour descendre à 10 742. Malgré tout, la Bourse américaine a offert des performances étonnamment fortes dernièrement, surtout quand on voit le niveau de l’économie.

Jour après jour, les actions remontent doucement, malgré une économie qui se traîne. Cette évolution semblerait plus raisonnable si les actions étaient bon marché. Mais ce n’est pas le cas. D’après les estimations du consensus pour 2010, l’indice S&P 500 se vend plus de 21 fois les bénéfices. Autrefois, on appelait ça "cher".

Néanmoins, dans un monde de rendements microscopiques sur les marchés monétaires, les actions semblent être une option moins effrayante pour beaucoup d’investisseurs. Nous comprenons l’attrait d’actifs comme les actions qui pourraient rapporter un léger rendement, par rapport à des actifs tels que les T-Bill à un an qui n’offrent quasiment aucun rendement. D’un autre côté, nous pensons également que les bénéfices rapportés par les actions — s’il y en a — pourraient ne pas être positifs.

Parfois, +40 points de base sûrs, c’est mieux que de se voir rendre ses derniers jetons.

▪ Vos chroniqueurs ne prédisent pas que la Bourse va bientôt accabler les investisseurs plutôt que de les réconforter, mais nous n’écartons pas complètement cette éventualité. Nous sommes un peu mal à l’aise face à la confiance béate qui inspire de nouveaux ordres d’achat à 21 fois les bénéfices. Maintenant que le S&P 500 est remonté de plus de 60% en seulement 12 mois, la plupart des actions sont bonnes à vendre, pas à acheter.

"Le VIX mai est à 21,70, soit 5,10 au-dessus du VIX cash, à 16,60", note Jay Shartsis, spécialiste en options qui travaille pour R.F. Lafferty à New York. "Le VIX juin est à 22,60, soit six points au-dessus du VIX. C’est une prime gigantesque, et très inhabituelle. Cette énorme prime sur les contrats de mai et juin laisse supposer qu’un rebond énorme va se produire pour le VIX… et cela signifie une chute brutale pour les actions".

L’indice VIX, appelé également "indice de la peur", mesure la volatilité implicite de certaines options. Il mesure donc la peur ou au contraire la confiance des traders en options. Quand le VIX est très bas, comme c’est le cas en ce moment, les traders en options sont assez complaisants — signe de danger. Quand le VIX est élevé, les traders sont très craintifs, ce qui signifie généralement que les actions ne vont pas tarder à remonter.

L’observation de Shartsis ajoute une inquiétude supplémentaire : la valorisation relative des options de court terme sur le VIX. Ces options de court terme tendent à influencer le VIX. Ainsi, quand une grosse prime fait son apparition entre les options à court terme et le VIX cash, comme c’est le cas actuellement, "l’argent intelligent" commence à s’inquiéter pour la Bourse.

Vous voilà prévenu : l’argent intelligent est inquiet… et nous aussi.

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