▪ Les marchés ont corrigé, sans se disloquer façon 6 mai 2010 à Wall Street. Les dégagements ont été particulièrement fournis. Les volumes ont fait un bond de 50% cette semaine à Paris, passant de 20 à 30 milliards d’euros échangés. Les acheteurs n’ont pas déserté ni capitulé face à l’avalanche de catastrophes tectoniques et nucléaires majeures. Le tout sur fond de nouvelles convulsions géopolitiques dans les pays arabes.
Les places boursières occidentales ont reculé de façon ordonnée, sans véritable vent de panique. Le calme semblait même revenir en fin de semaine avec des variations indicielles limitées en Europe et à Wall Street.
Après les pics de nervosité du début de la semaine — l’indice VIX a bondi de 50% en une semaine pour culminer vers 31 mercredi soir –, les marchés avaient apparemment retrouvé une certaine sérénité à la veille du week-end.
Cependant, ce calme apparemment peut être trompeur. La journée de vendredi constituait pour beaucoup d’opérateurs la conclusion du premier trimestre 2011 et il n’était pas question de laisser le chaos s’installer.
Des objectifs précis devaient être défendus afin que le bilan de la période demeure positif, même de façon symbolique. Le CAC 40 clôture in extremis au-dessus de ses planchers du 31 décembre 2010, à 3 810 points. Le trimestre écoulé (pour les gérants détenant des positions sur les marchés à terme) s’achève sur un léger repli de 1,5%, par rapport aux 3 821 points du vendredi 17 décembre 2010.
Malgré une actualité qui semblait porteuse vendredi après-midi, le CAC 40 n’est pas parvenu à refermer le gap des 3 871 points du 14 mars. Cela pourrait constituer un signe de faiblesse. En dépit du sursaut des dernières 48 heures, le marché parisien abandonne 3% sur l’ensemble de la semaine.
▪ Parmi les valeurs qui ont le plus souffert du contexte hors norme des dix derniers jours, Areva se détachait avec une perte de 13,4%. Il est clair que si le nucléaire n’est pas abandonné, la filière va voir ses projets retardés de plusieurs mois. EDF — le premier exploitant de parc nucléaire au monde — a également dévissé de 10%. En revanche, sa filiale EDF Energies Nouvelles a bondi de 12,5%.
La désorganisation de l’outil industriel nippon a particulièrement affecté STMicro (-8,2%), Bourbon (-5,4%), Renault (-6,4%) ou encore Valéo (-5,6%). Les valeurs du luxe et spiritueux ne sont pas en reste avec PPR (-6,4%), LVMH et Pernod Ricard (-4,1%).
Les émeutes qui continuent d’éclater à travers tout le Proche-Orient affectaient les valeurs liées au tourisme avec Club Med (-7,25%) et Air France-KLM (-4,85%).
▪ La tension semblait retomber un peu après l’annonce d’un cessez-le-feu en Libye. Ce dernier devait entrer en vigueur ce week-end, quelques heures après une résolution de l’ONU votée in extremis grâce à l’abstention de la Chine, de l’Allemagne et de la Russie notamment.
Cette trêve décidée par le dictateur libyen ne convainc pas ses adversaires. Barack Obama a prononcé une courte allocution pour affirmer qu’après avoir beaucoup hésité, les Etats-Unis se tenaient prêts à agir. Nul ne sait quel sera le prochain coup tordu du colonel Kadhafi (privé de l’atout majeur que constitue l’aviation pour vaincre définitivement les insurgés) après une semaine de victoires s’enchaînant les unes derrières les autres.
Les cours du pétrole ne cessaient de remonter depuis le milieu de la semaine ; ils culminaient vendredi matin à plus de 103$ sur le NYMEX (à New York). La nouvelle envolée du baril s’accompagnait d’une rechute simultanée du dollar. Il ne faut pas oublier le climat d’urgence absolue qui régnait mercredi sur le marché des changes avec l’effondrement du dollar face au yen. Même si le billet a refait surface au-delà des 81 yens, aucune des difficultés de financement que va devoir affronter le Japon ne sont réglées sur le fond.
Pour calmer le marché des changes, il aura fallu l’injection de 250 milliards de dollars par la banque du Japon en 48 heures. Il faut également compter l’intervention concertée du G7 — la première en une décennie — pour stopper l’envolée du yen (qui avait atteint 8% en trois jours).
Mais tandis que l’on colmate les brèches d’un côté, cela se fissure de l’autre. Le billet vert s’est s’enfoncé symétriquement en direction des 1,42 face à l’euro et semble se diriger vers le plancher des 1,43/euro du 4 novembre 2010.
Cela pourrait constituer le coup de grâce pour la croissance européenne. En effet, la récession menace l’Espagne et le Portugal en 2011, la Grèce et l’Irlande étant déjà en route pour une année noire, comparable à 2008.
La Zone euro souffre manifestement de la décrue du dollar. En témoigne le déficit du commerce extérieur de 14,8 milliards d’euros avec le reste du monde en janvier (comparé à 9,7 milliards de dollars en janvier 2010, selon Eurostat).
Les stress tests qui vont être appliqués aux banques d’ici la fin du mois sont déjà considérés comme une mascarade. La pire hypothèse consisterait dans une récession de 0,5% en Zone euro. Aucun défaut de paiement de dettes souveraines n’est pris en compte. On omet aussi le risque associé aux émissions obligataires des établissements de crédit des pays périphériques (PIGS) dont le système financier exsangue reste en survie artificielle depuis l’automne 2008.
▪ Vendredi, c’était l’occasion de faire le point sur le premier trimestre 2011. Les performances des indices apparaissent assez paradoxales. Pour le Dow (+0,7% en clôture), le bilan de la semaine s’établit à -1,5%. Celui du mois de mars ressort négatif de 3% (contre -7,3% pour le CAC 40). Le score depuis le 1er janvier reste positif de 2,45% (+0,14% pour le CAC 40). Le gain depuis le 17 décembre (la précédente « journée des Quatre sorcières ») s’établit à +3% (contre -1,5% pour le CAC 40).
En ce qui concerne le Nasdaq, le bilan de la semaine est négatif de 2,65%, de 6% sur le mois de mars, et de 0,35% depuis le 1er janvier.