La Chronique Agora

Sécurité bancaire : qui sera le dindon de la farce ?

▪ Aujourd’hui, cher lecteur, sera une chronique un peu spéciale… avec un extrait exclusif du dernier rapport spécial édité par Simone Wapler (plus de détails à ce sujet en fin d’article).

Je ne vous apprends rien en vous disant que Simone est de longue date très attentive à la sécurité et aux risques qui planent sur les épargnants individuels en France : après l’assurance-vie et les banques, elle a tourné récemment une petite vidéo sur le sujet… et a donc décidé de consacrer un dossier complet à la sécurité bancaire dans le cadre de sa lettre d’investissement.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses conclusions sont implacables. Je lui laisse la parole…

▪ "Si vous avez 20 000 euros et que vous cherchez à les placer intelligemment, vous êtes tout seul. La gestion privée ne vous ouvrira pas ses portes à moins de 100 000 euros. A ce prix-là vous aurez le stagiaire et le choix entre trois fonds aux noms de fleurs, et vous n’imaginez pas les honoraires qu’aura facturés l’agence de communication pour accoucher de ces trois noms ridicules…

Maintenant, sachant que 94% des dépôts bancaires sont inférieurs à 100 000 euros et que le patrimoine moyen d’un Français en 2010, immobilier y compris, est de 150 000 euros, votre ‘conseiller financier’ de quartier est la plus grande éminence financière qu’il vous sera donné de rencontrer.

Je prends le pari avec vous. Allez demain dans votre banque de détail et posez la question : comment puis-je protéger mon argent dans le cas où une grande banque serait en difficulté et que la Zone euro éclaterait ? Livret, Assurance-Vie et PEA seront ses meilleures réponses.

Pourtant, dans ces trois cas, votre épargne est ‘intermédiée’, la banque (ou bancassureur) reste votre risque de contrepartie :

– Vos dépôts ne sont plus votre argent mais une créance que vous avez vis-à-vis de votre banque.
– Un contrat en euro ou un livret A est essentiellement investi en obligations de l’Etat français.
– Un contrat en unités de compte est une créance que vous avez vis-à-vis de votre bancassureur à hauteur de la dernière valorisation de votre ligne.

En cas de panique sur la dette française, les banques seront priées de se montrer très obligeantes vis-à-vis de leur Etat de tutelle et d’utiliser vos dépôts dans le sens du bien commun.

Pourquoi tous les conseillers financiers de France ne peuvent-il pas vous aider face à la crise ? Tout simplement parce que la plupart des risques rencontrés ont été considérés comme négligeables par les PDG des banques, leurs directeurs, leurs bras droits et stratégistes, les cadres et votre conseiller financier… Faillite d’une grosse banque, défaut d’un Etat de la Zone euro, et même éclatement éventuel de l’euro… Autant d’événements dont la probabilité est infime, inférieure aux marges d’erreur des modèles de nos brillants statisticiens. C’est un biais cognitif classique. Ce que nous ne connaissons pas, ce que nous ne voulons pas imaginer n’existe pas.

Je ne saurais prédire l’avenir de l’euro, mais petit à petit, avec la crise de Chypre qui suit celles de la Grèce, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, et demain la Slovénie, voici que la possibilité de l’éclatement de la Zone euro devient réelle, suffisamment importante pour ne pas être négligée, suffisamment importante pour devoir s’en prémunir… et c’est tout un modèle financier qui devient caduc. Toute une série d’investissements qui étaient auparavant sûrs, devient spéculative. Tout comme l’immobilier américain était considéré sûr… jusqu’à un beau jour de 2008 où l’on se rendit compte que c’était en fait très spéculatif. C’est ici la même histoire qui se répète sauf qu’il s’agit de votre livret A et
pas de la maison d’un inconnu…

La garantie bancaire ? 1 euros garanti réellement pour 880 euros déposés !
Il y a bien la garantie des dépôts bancaires jusqu’à 100 000 euros. Vous l’avez vu avec Chypre, la garantie n’a finalement été respectée qu’à la suite d’un bras de fer.

En France que se passerait-il ? La garantie s’applique par déposant ET par banque… Si vous avez 90 000 euros aux Banques populaires et autant à la BNP, vos 180 000 euros sont couverts au titre de la garantie des dépôts bancaires, en principe. Au global, le total des dépôts éligibles à la garantie se montent à 1 760 milliards d’euros. Or la trésorerie du Fonds de garantie des dépôts, l’organisme chargé de vous rembourser en cas de faillite de votre banque, était à fin 2010 de deux milliards d’euros. Cela signifie qu’il n’y a qu’un euro disponible pour 880 euros de dépôts garantis. A peine de quoi renflouer une grosse agence. Ne parlons pas de la BNP ou du Crédit Agricole qui ont chacun près de 2 000 milliards d’euros de dettes en portefeuille.

Si les garanties de dépôts ne s’actionnent pas, nous verrions s’instaurer des mesures de contrôle des retraits et des mouvements de capitaux à la chypriote pour éviter le bank run massif.

Finalement, alors que vos économies garantissent les activités spéculatives de votre banque, personne ne garantit vraiment vos économies. En cas de crise vous serez le dindon de la farce".

▪ Comme je vous le disais plus haut, cette analyse est extraite du nouveau rapport spécial offert aux lecteurs de La Stratégie de Simone Wapler : pour le découvrir dans son intégralité, cliquez ici… Et ensuite, n’attendez pas pour prendre quelques précautions élémentaires.

Même si, par miracle, les autorités réussissent à rééquilibrer le système sans encombre, comme aime à le répéter Simone, "on ne regrette jamais d’avoir pris trop de précautions" !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

 

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