La Chronique Agora

Pas de fanfare pour le second semestre boursier

banques centrales

▪ Tout le monde se souvient des +2,55% du mardi 2 janvier 2013 : l’année boursière démarrait en fanfare… Eh bien l’entame du second semestre n’a pas grand’chose à voir avec des indices européens gagnant initialement 1% avant d’afficher 92 minutes plus tard une perte de 0,3%.

Les médias ne retiennent que les scores finaux, à +0,75%. Cela suffit au bonheur des permabulls, car le film de la séance démontre l’étendue de la fragilité de la tendance haussière avec deux contrepieds de plus de -0,5% en intraday, le dernier survenant à une heure de la clôture.

Les indices américains avaient eux aussi entamé le troisième trimestre sur une belle progression initiale : +1% sur le Dow Jones, +1,2% sur le S&P 500 et +1,4% sur le Nasdaq (dans le sillage des biotech). Cependant, les scores se sont rapidement figés au bout de 45 minutes de cotation ; la stagnation du marché américain a duré plus de quatre heures, comme si une panne d’alimentation électrique était survenue vers 16h15.

Lorsque le courant est revenu vers 20h15 (à moins de deux heures de la clôture), les cours ont commencé à glisser lentement, comme du ketchup au fond d’une assiette. Les gains ont été réduits de moitié et aucun rebond d’importance n’a pu se matérialiser à l’approche du coup de cloche final : les actions américaines ont clôturé près des plus bas du jour.

▪ Wall Street faiblard malgré les chiffres
Au final, le Dow Jones ne grappillait plus que 0,45% à 14 975 points, contre 15 093 points au plus haut. Et si le Nasdaq affichait un score flatteur de +0,9%, à 3 434 points, c’était grâce à un rebond de 3,3% du géant Apple — la firme a déposé la marque iWatch au Japon.

Wall Street sous-performe les places européennes. Cela malgré une batterie de chiffres américains jugés plutôt encourageants, avec des dépenses de construction en progression de 0,5% (0,6% attendu).

L’indice PMI manufacturier américain a été accueilli positivement : il s’établit à 50,9 le mois dernier, contre 50,6 anticipés.

La composante emploi se dégrade à 48,7 (contre 50,1), alors que la production s’envole de 48,6 vers 53,4 — ce qui peut apparaître contradictoire.

▪ Chine et Europe font parler d’elles
Les opérateurs semblent prendre plaisir à se bercer de douces illusions : ils saluaient hier matin le PMI officiel chinois, lequel se maintient très opportunément juste au-dessus du seuil technique des 50 (à 50,1)… Cela a valu Shanghai une hausse de dernière minute — et un retracement des 2 000 points ce mardi matin.

La Chine fait très fort puisqu’elle parvient à maintenir sa production industrielle avec 6,5% de consommation d’énergie en moins (et en plus, ils deviennent économes !).

Selon HSBC, le chiffre réel se situerait plutôt vers 48,2 ; il traduit une poursuite de la contraction de l’activité dans l’Empire du Milieu.

Les investisseurs relativisent les statistiques des mois précédents car ils espèrent beaucoup de la réunion de la BCE de jeudi. Après la Fed, la Banque d’Angleterre (qui vient se doter d’un nouveau directeur qui a fait ses classes chez… Goldman Sachs) et la Bank of Japan, il apparaît peu probable que Mario Draghi passe son tour après-demain.

Il devrait au minimum baliser le terrain, sans annoncer d’intervention précise… mais ne pas laisser les marchés s’ancrer dans la conviction qu’il continuera à jouer la montre au moins jusqu’aux élections allemandes. En effet, trois mois perdus pourraient avoir de fâcheuses conséquences pour l’Espagne (les taux longs sont remontés à 4,75%) et l’Italie. Cette dernière se refinance certes à 4,44%… mais des rumeurs inquiétantes font état d’une situation tendue des finances publiques, sans oublier des bruits de pertes sur des opérations de swaps qui auraient été initiées au début des années 90 sur le modèle grec.

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