La Chronique Agora

Sait-on gérer la crise ?

Quelle semaine, mais quelle semaine ! Effondrement des cours, remontée en flèche, puis effritement progressif… les investisseurs sont lessivés. On apprenait en plus hier matin que la France était officiellement entrée en récession, avec deux trimestres consécutifs de contraction du PIB (le troisième et le quatrième trimestre 2008 devraient voir un recul de 0,1% de la croissance française).

Bref, une semaine parfaite pour le lancement d’un magazine financier, comme l’ont souligné de nombreux invités lors de la soirée d’inauguration de MoneyWeek, mardi dernier (je vous ai dit, en passant, que vous pouvez retrouver le numéro 2 du magazine en kiosque cette semaine ? Plus de détails ci-dessous…).

C’est justement lors de cette soirée que nous avons examiné une question intéressante, posée ma collègue Simone Wapler, rédactrice en chef de MoneyWeek : les structures actuelles savent-elles gérer la crise ?

La réponse, à mon avis, est non. La preuve figure même dans l’intitulé de la question : on parle de "crise" — un état par définition temporaire. Nous pensons que la croissance est obligatoire, nous n’envisageons pas autre chose qu’un accroissement et une multiplication constants, éternels, jusqu’à… jusqu’à quoi, au fait ?

La Nature a horreur du vide, dit-on ; notre société, elle, a horreur de l’immobilité. Et pourtant, un ralentissement, un peu de repos, voire — incroyable ! — quelques instants de réflexion sur soi et sur le monde, est-ce que cela ne ferait pas de bien à des économies qui tournent à vide, crachant des billets verts qui n’ont plus de sens et que l’on consacre à des achats tout aussi dépourvus de signification ?

Simone le disait : "il va peut-être falloir s’habituer à n’acheter qu’un seul téléphone portable par an… moins conduire… moins voyager". A un niveau strictement individuel, cela ne pose pas de problème majeur, à part naturellement de devoir se priver de plaisirs que l’on tient souvent pour acquis.

Mais pour les structures économiques, politiques et sociales qui soutiennent le monde tel que nous le connaissons, que va-t-il se passer ? Les gouvernements occidentaux sont ruinés ; ils ont souvent perdu toute crédibilité auprès de leurs citoyens. En face, les pays émergents ou encore sous-développés sont las de la suprématie occidentale, ils veulent leur quart d’heure au soleil ; on ne peut guère espérer de soutien de leur part (du moins pour l’instant — attendez encore quelques décennies, cher lecteur, et à l’issue d’un sommet du Nouveau G7, l’Inde, la Chine, le Brésil, la Russie et quelques pays d’Afrique accepteront, dans un geste sans précédent, d’effacer la dette des "pays engloutis" comme l’Union européenne et les Etats-Unis… Je fais de la politique-fiction ? Pas si sûr…)

La crise qui commence pourrait marquer un tournant dans l’histoire — le genre de tournant que l’on retrouve dans les livres d’histoire aux côtés de la chute de l’empire romain. Sommes-nous armés pour y faire face ?

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