La Chronique Agora

Risques sur les banques et les devises… l’or en profite

▪ Je voudrais rebondir sur le cri du coeur de Françoise Garteiser dans sa chronique du week-end intitulée Incroyable, baroque, inimaginable, où elle pointe "cette chose qu’on n’avait plus vue depuis 2008 — voire avant. Soudain, les marchés — attention, tenez-vous bien, cher lecteur –, réagissent à l’économie réelle".

"Après des années passées à ronronner derrière les assouplissements quantitatifs et autres mesures ‘non-conventionnelles’, les marchés se réveillent… et s’aperçoivent que tout ne va pas si bien — notamment dans le secteur bancaire".

Les banques pourtant n’ont jamais été "solides" avec des ratios de solvabilité deux fois supérieurs à ce qu’ils étaient en 2008 — et avec des possibilités de prise de risques limitées par un empilement de directives émanant du Comité de Bâle.

Le système bancaire serait donc à l’image de la Deutsche Bank : "solide comme un roc"… Mais existe-t-il une variété de roche qui résiste à une pression de 50 000 milliards d’euros d’encours sur les marchés dérivés ?

Bien sûr, je fais semblent d’ignorer les nouvelles règles de la physique instaurées par les banques centrales : les dettes sous toutes leurs formes (senior, junior, à mezzanine sécurisée ou non), les actifs financiers, quels que soient leur nature et leur degré de volatilité, se sont affranchis de l’attraction terrestre grâce à l’instauration d’une gravité négative par les banques centrales.

Nous avons assisté en février 2015 à l’avènement d’une "nouvelle normalité" à la Lewis Carroll

Nous avons assisté en février 2015 à l’avènement d’une "nouvelle normalité" à la Lewis Carroll. Désormais, le créancier doit de l’argent à l’emprunteur… l’épargnant devra bientôt payer pour avoir le droit de posséder de l’argent sur son compte… la banque centrale se transforme en big bad bank parce qu’elle a le droit unilatéral de prendre notre argent en otage puis d’en réduire la valeur à néant.

Si vous êtes Français, ce message vous concerne

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A part la Fed et la banque centrale du Venezuela, la plupart des banques centrales des pays développés ont opéré un basculement dans l’ère des taux à "moins quelque chose". Et cela sans plancher théorique puisque messieurs Draghi et Kuroda nous expliquent que la BCE ou la Banque du Japon n’admettent aucune limite à leur capacité d’action contre la déflation et en faveur de l’offre de crédit.

Sauf que le problème du moment, c’est la tension des taux high yield. C’est-à-dire sur les dettes d’entreprise et dettes périphériques, avec une flambée de 100% au Portugal — à plus de 4,3% — en deux mois et des taux grecs qui flambent à 15% sur le deux ans.

▪ D’autres foyers de tension
Ce serait un souci isolé si nous n’observions pas une détente symétrique des bons du Trésor de type "coffre-fort" : les T-Bonds US viennent de faire une incursion sous les 1,55% tandis que les Bunds allemands reviennent tester les 0,2%.

Et quand les Bunds tendent vers zéro, historiquement, la croissance économique allemande ne tarde pas à s’aligner six à neuf mois plus tard. S’il n’y a pas de croissance à l’horizon, pourquoi les entreprises investiraient-elles ?

Que faire, cependant, des tombereaux de liquidités gratuites déversés par les banques centrales, et que les banques commerciales sont contraintes de prêter via la répression monétaire exercée par les taux négatifs ?

Elles ne vont tout de même pas les risquer dans des prêts aux PME locales livrées au bon vouloir de leurs donneurs d’ordre de gabarit international qui mettent à chaque seconde le monde entier en concurrence.

En revanche, les mêmes multinationales se sont vu prêter 1 000 milliards de dollars pour opérer de rachats de leurs propres titres (pour plus de 256 milliards sur le seul dernier trimestre 2015). Voilà de quoi éponger une bonne partie des liquidités dont les banques regorgent… et c’est l’équivalent en année pleine d’une fois et demi le QE de la BCE, ou deux fois celui de la Banque du Japon !

Il faut y rajouter les centaines de milliards consommés au quotidien par les hedge funds pour la couverture de leurs positions spéculatives tous azimuts.

Comment se portent les hedge funds qui avaient pris du levier sur le pétrole lorsqu’il oscillait entre 100 $ et 110 $ ?

Au fait… comment se portent les hedge funds qui avaient pris du levier sur le pétrole lorsqu’il oscillait entre 100 $ et 110 $ ? Où en sont ceux qui tradent le cuivre, l’acier, le palladium, etc. ?

Et comment se portent les banques qui ont "packagé" des CDS (assurance sur un défaut de l’émetteur) sur des tranches obligataires high yield devenues illiquides ?

Cela fait beaucoup de questions qui suffiraient en temps ordinaire à écorner la confiance des opérateurs (le doute est le pire ennemi de l’investisseur). Cependant, la détermination des "mains fortes" qui boxent les banques depuis le 1er janvier semble démontrer qu’il y a plus que de la peur… et très probablement quelques échos alarmants concernant des foyers de perte dont la multiplication pourrait déclencher une réaction en chaîne façon 2008.

Car si tout le monde convient que les subprime immobiliers ne seront pas le coupable d’une éventuelle crise systémique en 2016, personne n’est capable de démontrer l’absence d’un risque de contagion se propageant depuis le secteur du crédit aux entreprises énergétiques, au crédit automobile… sans parler d’un krach du crédit à la japonaise en Chine, mais à la puissance "singe de feu" (dont l’avènement vient d’être fêté dans une bonne partie de l’Asie… la précédente édition remontant à 1968).

▪ Et comment se porte l’Asie ?
Heureusement si mal que le seul salut se situe dans une fuite en avant éperdue des banques centrales dans une spirale de création monétaire vertigineuse… ou abyssale pour le pouvoir d’achat des citoyens concernés.

Ne cherchez pas plus loin pourquoi les Chinois un peu fortunés cherchent par tous les moyens à diversifier leur épargne dans des devises plus solides que le yuan. La banque centrale chinoise annonce une nouvelle injection de liquidités sous une forme ou une autre chaque semaine depuis le krach de Shanghai survenu mi-juin 2015.

Cette stratégie nous laisse rêveur : le Japon aligne un cinquième trimestre consécutif de décroissance

Lesdits investisseurs ont privilégiés le yen ces dernières semaines — il a bondi de 8% entre le 1er et le 12 février… Cette stratégie nous laisse rêveur : le Japon aligne un cinquième trimestre consécutif de décroissance (PIB en baisse de 0,4% au quatrième trimestre 2015, consommation en recul de 0,5%, exports en repli de 0,2%).

Les "Abenomics" sont un échec mais en attendant, détenir du yen ou de l’euro semble préférable à des actifs boursiers ou obligataires libellés en yuan.

Le refuge par excellence demeure l’or, toutefois. Ce n’est pas un hasard s’il vient de franchir le cap technique décisif des 1 200 $ l’once.

Détruire sa monnaie a longtemps été considéré comme un sport national nippon… mais c’est devenu une sorte de sport olympique de dimension mondiale.

La devise de l’Europe — qui débute dans la discipline — semble être "l’important, c’est de participer", vu que ses chances de victoire semblent quasi nulles… A moins qu’un gros imprévu affectant notre secteur bancaire ne fasse de notre monnaie unique un actif dont la Terre entière souhaiterait se débarrasser.

De toute façon, qu’il s’agisse du yen, du yuan, de l’euro, du dollar (piloté par une Fed en perte de crédibilité), le seul arbitrage raisonnable nous apparaît plus que jamais devoir s’effectuer au profit de l’or.

Profitez d’une résurgence de l’appétit pour le risque qui pénalise temporairement l’once d’or (consolidation vers 1 195 $) pour renforcer vos positions — surtout si le CAC 40 plafonne rapidement vers 4 170 ou le S&P 500 vers 1 900 points.
[NDLR : Besoin d’aide pour investir dans l’or ? Suivez les conseils de nos meilleurs spécialistes du domaine en cliquant ici.]

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