La Chronique Agora

Revente, construction : l'immobilier US est au plus bas

▪ Que d’émotions ! Quel suspens et quel marché palpitant ! Après les 1,6% engrangés le 1er avril grâce à des carnets d’ordres quasi déserts et des vendeurs partis en week-end dès le milieu de la matinée, les indices boursiers ont clairement choisi d’aller… nulle part ce lundi.

Le puissant flux haussier dont se gargarisent les encenseurs de la planche à billets, est en fait un ruisseau qui serpente dans le désert. Personne de sensé n’ose s’y abreuver parce ses eaux proviennent directement des égouts de la Fed.

La liquidité en question découle du recyclage de dérivés de crédit de type subprime. La Fed en a racheté pour 8 milliards de dollars ce lundi. Ils dégagent une forte odeur de moisi. Il en subsiste des quantités astronomiques en cours de décomposition, dans des structures totalement opaques qui hébergent le hors bilan des grandes banques américaines. Malheureusement, la Fed ne va pas pouvoir éponger ce surplus avec son QE2 ni un hypothétique QE3.

Nous avons déjà employé cette image à de multiples reprises. Les sous-sols des banques américaines restent fortement contaminés par les résidus du Tchernobyl financier de 2007/2008. Mais maintenant, c’est la Fed qui s’impose comme la plus grosse décharge de la planète.

C’est à croire que la catastrophe de Fukushima est une bonne nouvelle, dans la mesure où elle signifie qu’il peut toujours y avoir pire ailleurs.

▪ Face à l’ampleur du désastre du 11 mars, nul ne verra d’objection à ce que la Banque du Japon imprime à son tour du papier (buvard ?) en quantité illimitée, comme nous vous l’avons déjà indiqué hier.

Reste à chiffrer la construction d’un super sarcophage, un chantier d’une taille gigantesque — dont le coût devrait dépasser celui du tunnel sous la Manche. Qui va financer ce super couvercle de poubelle nucléaire ?

Le gouvernement nippon reconnaît qu’il s’agit d’une bataille qui s’engage pour plusieurs mois. Mais nous savons déjà qu’il s’agit de plusieurs décennies pour le site de Fukushima. Et la seule perspective de victoire est la stabilisation de la situation après des semaines de rejets radioactifs qui vont continuer de s’accumuler dans les sols et l’océan.

Les marchés se comportent comme s’il s’agissait d’un simple incendie. Ca pique les yeux, ça prend à la gorge, le ciel est brouillé et on ne voit plus le soleil ni la lune. Mais une fois que la réserve de combustible sera épuisée, tout redeviendra comme avant.

Avec Fukushima, c’est tout pareil ! Faites juste preuve d’un peu de patience. Dans 230 000 ans, la radioactivité aura quasiment disparu des sous-sols de la centrale.

▪ Aux Etats-Unis, Wall Street se serait félicité de voir des dizaines de milliers de maisons détruites par le tsunami. Cela éliminerait une partie du surstock qui se chiffre en millions de logements inoccupés.

Les banques continuent de saisir à tour de bras. 27% des propriétaires remboursent un bien dont la valeur est inférieure au prix d’achat. Les niveaux de prix observés en janvier 2011 se rapprochaient du creux du printemps 2009. Cela signifie qu’en moyenne, une maison aux Etats-Unis ne vaut pas plus qu’au printemps 2003. C’est-à-dire juste avant que l’argent gratuit de la Fed ne commence à produire ses effets bullesques sur l’immobilier.

Les reventes de logements anciens n’atteignent même pas le rythme de cinq millions par an, soit leur niveau de l’été 2008 ou de l’été 1999. Les ventes dans le neuf sont au plus bas depuis au moins un demi-siècle (1963). Il ne s’était jamais aussi peu construit de logements (moins de 420 000) sur l’ensemble du territoire depuis les années 1940.

Et rien n’y fait. Même la déduction des intérêts sur les crédits remboursés par les particuliers — 80 milliards de dollars de recettes fiscales sacrifiées sur l’autel de la relance — n’a pas redonné vie au secteur immobilier.

Mais Wall Street s’en passe, comme du reste. L’argent de la Fed est là. Le Dow Jones a échoué à franchir les 12 390 points vendredi ? Qu’à cela ne tienne, il remet ça sans se poser de questions. Le S&P, quant à lui, n’a plus qu’à grappiller 0,5% de plus pour effacer cette stupide résistance des 1 340 points (doublement de valeur depuis le plancher du 13 mars 2009).

Mais il n’y a pas d’acheteur, comme en témoigne l’extrême étroitesse des volumes après le petit pic d’activité de vendredi. Il n’y a eu que cinq milliards d’euros échangés en sept heures de cotations et moins de 2,5 milliards d’euros en clôture.

▪ Le CAC a fluctué au sein d’un corridor de moins de 20 points (entre 4 040 et 4 059 points). A peine 0,5% de volatilité, ce qui signifie une soudaine perte de lisibilité de la tendance.

Difficile de se fier au seul indice parisien. L’Eurotop 100 tente peut-être de nous dire quelque chose. Il avait plongé début mars sous 2 360 points (moyenne mobile à 100 jours) validant une configuration « tête/épaules ».

Le rebond qui s’est amorcé sur 2 215 points — qui pourrait constituer une nouvelle ligne de cou — s’apparenterait à la seconde épaule d’une nouvelle « épaule/tête/épaule ». Tout dépend de la cassure ultérieure des 2 220 points (MM20). Mais pour l’heure, c’est bien la MM100 qui fait office de résistance vers 2 365 points.

La refranchir validerait un potentiel de hausse de 100 points, en vue d’un retracement du zénith du 18 février. Le CAC 40 n’aurait aucun mal à rejoindre le zénith des 4 169 points et pourrait même tester les 4 225 points dans la foulée. C’est-à-dire un peu plus de 4% de gain par rapport au niveau actuel en cas de hausse potentielle identique à celle de l’Eurotop 100.

Le catalyseur a de fortes chances de se situer du côté du marché des changes en cas de rupture baissière du dollar sous les 1,4250-1,4270/euro. Ou l’on pourrait assister à une remontée symétrique au-delà des 1,41/euro, scénario qui aurait le mérite de stopper l’envolée du pétrole sous les 120 $ le baril. Il s’agit là du nouveau record annuel du Brent coté à Londres.

Mais que faire de tout cet argent ? Enfin… de celui dont disposent les complices de Ben Bernanke — et dont l’épargnant qui se constitue une retraite ne verra jamais la couleur. Que faire si les bulles se mettent à se dégonfler ? Nous soupçonnons qu’il existe d’excellents produits dérivés pour jouer la baisse des actions, du marché obligataire ou des matières premières.

Sinon, tout ce fameux argent qui leur brûle les doigts, l’inflation se chargera bien de le détruire… et nos économies avec !

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*1,35 euro par appel + 0,34 euro / minute.
Depuis la Belgique : composez le 09 02 33110, chaque appel vous sera facturé 0,75 euro / minute.

Depuis la Suisse : composez le 0901 801 889, chaque appel vous sera facturé 2 CHF / minute

 
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