La Chronique Agora

La revanche des outsiders

Milei a le forum économique mondial en ligne de mire…

(Le lieu de la conférence du Forum économique mondial de Davos est sécurisé par des barrières et des fils barbelés sur une pente. De quoi ont-ils si peur ? Source : Getty Images.)

« Ne vous laissez pas intimider par la classe politique ni par les parasites qui vivent de l’Etat. L’Etat est lui-même le problème. » – Javier Milei.

Lundi, Oliver Bäte, P-DG d’Allianz, a averti le Forum économique mondial, réuni à Davos, en Suisse, que les autochtones commençaient à s’agiter. Si les élites ne font pas attention, a-t-il dit, il pourrait y avoir une révolte des masses.

Le fondateur du WEF, Klaus Schwab, voyant déjà la foule se former, a identifié ses meneurs : « un ‘anti-système’ appelé libertarianisme, qui implique de détruire tout ce qui crée une forme d’influence du gouvernement sur la vie privée ».

Les outsiders sont en train de remporter des élections clés. Donald Trump a remporté les élections primaires républicaines de l’Iowa, avec une forte avance. Geert Wilders a gagné aux Pays-Bas. Et dans un retournement de situation qui est peut-être le plus excitant et le plus impressionnant à ce jour, Javier Milei a pris le rôle de « jefe » en Argentine. Voici ce que rapporte The Guardian :

« D’Helsinki à Rome et de Berlin à Bruxelles, les partis d’extrême droite ne cessent de grimper dans les sondages, façonnant les politiques de la droite traditionnelle pour refléter leurs programmes nativistes et populistes, et occupant des rôles ministériels de choix dans les gouvernements de coalition. »

Il reste à voir si l’un de ces « populistes », « autoritaires » ou « cinglés de droite », selon le point de vue que l’on adopte, peut réellement éloigner le navire de l’Etat des rochers.

Éblouissant et envoûtant

Certains, comme Donald Trump, semblent n’avoir aucune étoile pour les guider. Pendant quatre ans, il est resté dans la salle de contrôle de la Maison-Blanche, flottant comme un bateau ivre, n’allant nulle part. Son mélange de bluff, d’esbroufe et d’hypocrisie n’a abouti qu’à ceci : dette, décrets et dysfonctionnement.

Mais Milei est différent. Il ressemble à ce que Ronald Reagan aurait pu être s’il avait eu le temps de lire Hayek et Bastiat, d’étudier l’économie classique, la philosophie et l’Histoire… et si la CIA ne l’avait pas induit en erreur, lui faisant croire que l’Union soviétique était une grande menace militaire, alors qu’il s’agissait en fait d’un empire moribond.

Qu’on le veuille ou non, Milei a une théorie cohérente sur le fonctionnement du monde. Et de notre point de vue, une théorie beaucoup plus séduisante. Mercredi, il l’a expliquée à l’assemblée de Davos, où se trouvaient des valets, des imbéciles et des membres du Deep State. Comme Daniel entrant dans la fosse aux lions, il a délivré un message si inattendu… si inhabituel dans toute discussion publique… si contraire à toute la philosophie de Davos… C’était éblouissant et envoûtant :

« Nous sommes ici pour vous dire que les solutions collectivistes ne sont jamais la réponse aux vrais problèmes qui affligent le monde. 

Le capitalisme de libre marché n’est pas seulement le seul système pour soulager la pauvreté, c’est aussi le seul système moral.

L’État n’est pas la solution. L’État est le problème. »

Vive la liberté, bon sang !

Milei au WEF : Allez vous faire voir !

Milei remettait en question le credo fondamental du groupe de Davos. Il s’agit de la crème de la crème de l’élite… 800 PDG sont présents, ainsi que des chefs d’Etat du monde entier. Ce sont les intellectuels et les représentants du pouvoir qui ont créé bon nombre des problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. Mais quel que soit le défi, réel ou imaginaire, ils sont prêts à le relever de front, avec davantage de « solutions » qui accroissent leur propre prestige et leur propre pouvoir.

Et puis, il y avait Milei, hier, qui se tenait devant eux… et qui leur disait à tous, en substance, d’aller se faire voir.

L’homme de Davos veut contrôler votre argent, votre temps, votre maison, votre voiture… votre vie entière. Et vos pensées. L’une de ses principales préoccupations pour 2024 est que le commun des mortels puisse avoir des pensées qu’il ne peut pas contrôler. Voici un rapport du WEF :

« Certains gouvernements et plateformes pourraient ne pas agir pour freiner efficacement les informations falsifiées et les contenus nuisibles, ce qui rendrait la définition de la ‘vérité’ de plus en plus controversée dans les sociétés. »

Le WEF détient la vérité totale et définitive, bien sûr… et préconise la censure pour le bien de la planète… ainsi que la recherche de l’égalité.

Et maintenant, ils veulent que nous vivions tous dans de petits appartements qui consomment peu d’énergie, que nous ne fassions qu’un seul voyage par an, que nous ne mangions pas de viande et que nous roulions en voiture électrique. Nous « ne posséderons rien, mais nous serons heureux ». Ils veulent que nous votions démocratiquement et que nous lisions le New York Times.

Collectivisme contre volontariat

Milei a parlé de façon directe, et avec l’autorité de quelqu’un ayant de l’expérience, contre le collectivisme. Et nous allons clarifier les choses.

Les solutions « collectivistes » ne fonctionnent pas. Mais la raison pour laquelle elles ne fonctionnent pas n’est pas qu’elles impliquent une action collective.

Nous travaillons tous « collectivement », ensemble, sous une forme ou une autre. Une entreprise est un projet collectif. Il en va de même pour une famille, une église, une tribu, une ville. Toutes ces entreprises impliquent des groupes de personnes travaillant plus ou moins ensemble, suivant certaines règles, avec plus ou moins d’objectifs communs, guidées par des marchés libres qui nous indiquent ce que les choses valent vraiment. Et même le produit le plus simple, comme un crayon de papier, nécessite jusqu’à un million de personnes différentes – de celui qui plante l’arbre à celui qui le colore – avec des centaines de compétences, de machines, de langues et de croyances différentes.

L’homme est un animal social. Il ne peut exister que si deux membres de son espèce se réunissent. Et il ne peut prospérer que s’il travaille avec d’autres pour chasser, récolter, construire et échanger les fruits de l’un contre les services de l’autre. Le capitalisme est une entreprise collectiviste. Il nécessite des échanges quasi constants entre des personnes qui ne sont jamais totalement indépendantes les unes des autres.

La différence entre le capitalisme et le type de collectivisme dont parle Milei est que le premier est volontaire ; le second ne l’est pas.

L’élite collectiviste, dont on retrouve de nombreux gros bonnets à Davos, ne produit pas de crayons… et, souvent, rien d’autre. Nous n’avons pas le choix ; nous sommes contraints de suivre leurs règles et leurs politiques, que nous le voulions ou non. Ces politiques, qui favorisent toujours les initiés aux dépens de tous les autres, ont ruiné l’Argentine pendant 80 ans et tué quelque 100 millions de personnes dans le monde au cours du XXe siècle.

Le capitalisme a aussi ses élites. Mais elles ne le sont que tant qu’elles fournissent des biens et des services à tous les autres. Lorsqu’elles échouent, elles sont rapidement mises à l’écart. En revanche, les élites collectivistes, une fois au pouvoir, sont pratiquement impossibles à éliminer. L’accord gagnant-gagnant devient gagnant-perdant. Et le peuple s’appauvrit.

Nous attendions la fin du discours de Milei. Comment l’élite allait-elle réagir ? Reconnaîtraient-elles que Milei leur disait qu’elles perdaient leur temps et qu’elles détruisaient le monde ? Son micro allait-il être coupé ? Le public sortirait-il de la salle ?

Et bien, ils se sont assis en silence, puis l’ont applaudi poliment, comme on le fait pour les prédicateurs honnêtes. La foule devait savoir qu’il avait raison, mais elle ne voulait pas l’entendre.

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