La Chronique Agora

Retour dans les années 70

▪ La récente hausse des marchés nous ramène à notre position habituelle — une incertitude qui frôle le dadaïsme. Et si les bourses ont grimpé, il en est allé de même pour l’or.

"Je pense donc je suis", a dit René Descartes. Comment savait-il qu’il pensait ? Et s’il pensait qu’il ne pensait pas ? Ne serait-il pas ? Il aurait dû essayer de suivre les marchés ! Cela aurait amélioré sa philosophie. "Je pense que je pense", aurait-il rectifié. "Mais peut-être que je ne pense pas"…

Début de semaine, nous n’étions pas certain de la direction des marchés. Puis nous avons eu des doutes… Nous pensions que les cours étaient à la baisse. Mais les bonnes performances ont remis notre hypothèse en question.
 
Pourquoi les actions baisseraient-elles ? Parce qu’elles sont valorisées pour une reprise forte. Mais nous n’aurons pas une reprise forte. Nous n’aurons pas de reprise du tout. Les investisseurs ne pourront que s’en apercevoir, tôt ou tard.

Un nouvel indice des transports — basé sur la fréquence des pleins de carburant faits par les gros camions — a chuté de 37% en janvier, par rapport à une hausse conséquente en décembre. Ni le chômage ni l’immobilier ne donnent signe d’une véritable amélioration.

La Grèce est au bord de la faillite. La Chine est assise sur la Grande muraille et menace de chuter à tout moment.

En dépit de tout ça… il n’y a toujours pas de ruée à la vente sur les marchés. Pourquoi ?

Nos amies Mary Anne et Pam Aden ont récemment suggéré que ce marché ressemblait à la période, dans les années 70, où le marché baissier avait déjà commencé — des années auparavant — mais était marqué par quelques rebonds majeurs. Ces rebonds ont duré environ 17 mois chacun. Et à chaque fois, le Dow se rapprochait de son précédent sommet.

Hmmm… elles ont peut-être raison. Ce rally pourrait durer jusqu’en été.

Mettons le sommet historique du marché américain en janvier 2000. Le Dow avait été multiplié par 11 ou presque depuis son plancher de 1982. Puis est arrivé le marché baissier. D’abord, le Dow a pris une raclée en 2001. Et le gouvernement est arrivé avec le plus grand plan de relance que le monde ait jamais vu. Ce qui a engendré un rebond… un grand rebond… qui a mené le Dow au-delà des 14 000 — bien au-delà du sommet précédent. Mais même ainsi, si l’on ajuste le Dow à l’inflation, il n’avait fait aucun vrai progrès. Puis, en 2007, il s’est repris une volée de bois vert. Cela a ramené le Dow sous les 7 000, atteignant son plus bas en mars dernier. Depuis, les actions remontent.

Un rebond typique — si on peut employer ce terme — dure quelques mois et reprend environ la moitié de ce qui a été perdu. Ce rebond est typique dans le sens où il a récupéré la moitié de ce qui a été perdu. Mais il dure depuis plus longtemps — comme les grands rebonds des années 70.

Comment se sont terminées les années 70 ? L’inflation a grimpé et le Dow a coulé. Il n’a pas atteint son plancher final avant août 1982. Mais à ce moment-là, les actions étaient indéniablement bon marché. On pouvait acheter le Dow pour cinq fois les bénéfices environ.

Allons-nous revivre les années 70 ?

▪ En arrivant à l’aéroport à Washington l’autre jour, nous avons remarqué un bar. Il s’appelait le Harry’s Bar, ou quelque chose comme ça. C’est le décor qui a retenu notre attention. Il y avait des briques beiges sur les murs… des tons vert et brun… et du lambris. Comme dans les années 70…

Puis nous avons remarqué autre chose. Elizabeth portait une nouvelle tenue. Elle avait quelque chose de familier. Un pull large… des jeans patte d’éléphant…

"Oui, les années 70 sont à nouveau à la mode", a-t-elle expliqué.

Certains diraient que Barack Obama nous renvoie également dans le passé — à Jimmy Carter. Il semble irrésolu… et distant. Il semble être destiné lui aussi à ne tenir qu’un seul mandat.

Les politiciens de Washington considèrent Carter comme un raté. Pour nous, cependant, il est toujours un héros. C’est le seul candidat à la présidence américaine pour lequel votre correspondant a voté. Et il s’est avéré être l’un des plus grands présidents des Etats-Unis. Il n’a pas poussé le pays à la guerre ou à la faillite. Il a laissé Washington et le pays plus ou moins dans l’état où il les avait trouvés. Que demander de plus ?

Mais M. Obama n’est pas Jimmy Carter. Sous son mandat, le pays va contracter environ 5 000 milliards de dollars de dettes supplémentaires. Carter n’a pas laissé la nation dans un pire état que lorsqu’il a pris le pouvoir en 1977 — Obama, lui, va empirer considérablement la situation.

Bien entendu, l’idée de Carter que la conservation d’énergie était "l’équivalent moral de la guerre" était idiote. Mais au moins elle était en majeure partie inoffensive.

De plus, Jimmy Carter a fait preuve d’un immense courage personnel. Pour commencer, il a fait une chose remarquable — il a annulé des augmentations de salaires pour l’armée. Puis, en 1979, Carter était en train de pêcher à Plains, en Géorgie, lorsque le bateau présidentiel a été attaqué par un "lapin des marais" fou, qui a essayé de grimper à bord sans permission. Seul, sans armes, le président a repoussé l’envahisseur à coups de rame.

Pour autant que nous en sachions, aucun autre président n’a été menacé de la sorte… et aucun n’a montré le sang-froid de Carter lorsqu’il était attaqué.

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