La Chronique Agora

Réserves brutes

inflation, Argentine, pétrole

Le pétrole mène tous les autres prix vers le haut, alors que les groupes pétroliers font de bonnes affaires…

Nous avons dû prendre le train pour participer à une conférence.

Ayant écrit cet article dans la précipitation, nous n’allons pas relier de points soigneusement comme à notre habitude. Nous allons simplement les évoquer sans trop de précisions.

Déjà, commençons par citer deux chiffres peu plaisants. L’inflation américaine mensurée par le CPI est remontée en août pour atteindre 3,6% d’une année sur l’autre. Et le prix du pétrole a récemment atteint un niveau record depuis près d’un an. C’est une bonne chose pour notre transaction de la décennie. Mais c’est une mauvaise chose pour les CPI des prochains mois, les prix de l’énergie étant affectés par la hausse.

Voici quelques détails provenant du bureau des statistiques du travail :

« L’indice comprenant tous les prix a augmenté de 3,7% durant la période de 12 mois se terminant en août, une plus importante hausse que les 3,2% de la période équivalente se terminant en juillet. L’indice excluant les prix de l’alimentation et de l’énergie a augmenté de 4,3% sur les 12 derniers mois. L’indice des prix de l’énergie a diminué de 3,6% sur la période de 12 mois se terminant en août, tandis que l’indice des prix alimentaires a augmenté de 4,3% sur la même période. »

Et USA Today nous rapporte la même histoire :

« L’inflation a accéléré pour un second mois d’affilée en août, en raison d’un pic des prix de l’essence et d’une mesure sous-jacente des dépenses des ménages, qui a plus augmenté que ce qui avait été anticipé. Cela renforce l’idée que la bataille de la Fed pour dompter les prix est loin d’être finie. »

Jouer avec les chiffres

Il y a tout de même un autre détail qui mérite d’être relié à ces chiffres de l’inflation. D’après le bureau des statistiques du travail, le prix des assurances santé a diminué – de 6%, rien que ça.

Est-ce que le prix des assurances santé a vraiment diminué ? Apparemment, non. Ce qu’il s’est vraiment passé, c’est que les statisticiens ont fait un peu de prestidigitation. Ils ont pris l’augmentation de 2% et l’ont transformée en diminution de 4% – en jouant avec les chiffres. A mesure que les hausses de prix deviennent une nuisance de plus en plus persistante, nous nous attendons à voir de plus en plus de tours de magie de ce type.

Et voici la conséquence inévitable de ce phénomène, rapportée par Breitbart :

« Le revenu réel médian des ménages était de 74 580 $ en 2022, ce qui représente une baisse de 2,3% par rapport à l’année précédente, d’après le bureau du recensement.

C’est la baisse du revenu des ménages américains la plus importante depuis 2010, lorsqu’il avait chuté de 2,6%. Cela signifie que c’est encore pire que la baisse de 2,2% liée à la pandémie. C’est, selon les données remontant à 1985, la quatrième pire année enregistrée. »

Dans nos chroniques récentes, nous nous sommes demandés comment cela était possible. Les Etats-Unis ne sont-ils pas la plus grande économie, et le pays le plus important, jouissant de la meilleure période de l’existence humaine ?

Apparemment, non. Mais pourquoi pas ?

Un progrès… d’un certain genre

Sur les 40 dernières années, l’économie américaine a permis un grand nombre de progrès bien concrets pour les capitalistes – des hausses de prix pour leurs actions et portefeuilles d’obligations. Mais peu de gains – autre que ceux très peu quantifiables des nouvelles technologies – pour le prolétariat. L’homme médian de 2023 gagne le même salaire médian réel qu’en 1975.

Est-ce une forme de progrès ? Peut-être, mais pas celui que nous aurions souhaité.

La hausse des prix de l’énergie a été citée comme la principale cause de l’inflation, plus forte qu’attendue. Avez-vous remarqué que le prix du baril de pétrole était repassé au-dessus des 90 $ ?

Durant le cycle électoral de mi-mandat, l’an dernier, Joe Biden a siphonné les réserves stratégiques des Etats-Unis pour tenter de maintenir les prix à la pompe stables. Et maintenant qu’un nouveau cycle électoral approche… il n’y a plus beaucoup de pétrole restant à pomper dans les réserves.

Les stocks du pays seraient plus bas qu’ils l’ont été à tout moment durant les 40 dernières années. L’offre risque donc d’être limitée… et les prix plus élevés aux stations-services.

Le combat contre l’inflation ne sera donc pas si simple.

Selon Stansberry Newswire :

« Ces récents mouvements de prix sont largement dus aux coupes de productions de pétrole en cours, en Arabie saoudite et en Russie. [Le 5 septembre], les deux nations ont annoncé qu’ils conserveraient leur réduction de production de 1,3 million de barils par jour jusqu’à la fin de l’année.

La dernière fois que le prix du baril de pétrole était près de 90 $, la réserve stratégique de pétrole des Etats-Unis contenait 250 millions de barils de bruts de plus qu’actuellement. »

Cette réserve est à son niveau le plus bas depuis 1983.

« Cela signifie que les Etats-Unis n’ont plus de marges de manœuvre pour compenser des hausses de prix de l’énergie qui pourraient être causées par des événements géopolitiques. »

Panique dans la pampa

Pendant ce temps, le présentateur de télévision Tucker Carlson est allé en Argentine pour voir les conséquences de l’inflation.

L’Argentine est un pays de 47 millions d’habitants, explique un économiste qu’il interviewe sur Twitter, et ce qu’ils ne savent pas sur l’inflation mérite d’être connu. Mais sur ces 47 millions de personnes, seuls 11 millions ont un emploi… et, si vous retirez les fonctionnaires, il n’en reste que 7 millions qui ont un vrai emploi créateur de richesse.

Et l’inflation est actuellement d’environ 10%… par mois.

« Chaque mois », insiste Carlson, « les gens s’appauvrissent de 10%. »

Cela fait beaucoup de gens pauvres. Le « taux de pauvreté infantile » est de 60%. Et l’Argentine a chuté de sa position parmi les pays les plus riches du monde, pour atteindre le statut de « no man’s land économique ».

Mais la chose la plus intéressante à observer ces jours-ci en Argentine est le « phénomène Milei ». Le croirez-vous, cher lecteur… un politicien qui propose de réduire la taille du gouvernement, réduire les impôts, revenir à un système basé sur une vraie monnaie, se débarrasser de milliers de fonctionnaires inactifs et de démanteler la banque centrale du pays ?

Pour la première fois depuis la guerre d’indépendance des Etats-Unis, un mouvement politique substantiel vise un gouvernement plus petit, et pas plus gros.

Et le plus stupéfiant dans l’histoire… c’est qu’il semble gagner ! Durant les élections primaires d’août, Javier Milei est arrivé en tête.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile