La Chronique Agora

Reprise économique : d'où viendra l'argent ?

** Qu’est-ce que nous essayons de comprendre exactement ?

* Eh bien, nous voulons comprendre ce qui se passe… non ?

* Et nous voulons essayer de deviner ce qui se passera probablement ensuite, pas vrai ?

* Nous aimerions savoir, par exemple, si les actions vont grimper ou chuter… et si le moment est bien choisi pour acheter de l’immobilier… ou de l’or… ou des bons du Trésor américain. Nous aimerions le savoir, non ?

* Bien entendu. Malheureusement, "il n’est pas donné à l’homme de connaître son destin", comme le disaient les anciens. Tout ce que nous savons, c’est ce qui s’est produit par le passé… ainsi que le destin des hommes qui sont venus avant nous… et même ça, nous ne le connaissons que par bribes incertaines. Tout ce que nous avons, ce sont des histoires.

** Quoi qu’il en soit, l’administration Obama a annoncé que la crise était un peu plus grave qu’on le pensait, si bien que son estimation pour le déficit budgétaire de 2010 a dû être mise à jour — avec une augmentation de 19% — à 1 500 milliards de dollars. Le Congressional Budget Office a fait son propre décompte et est arrivé à la somme de 1 400 milliards de dollars. Quoi qu’il en soit, ça fait beaucoup d’argent.

* Nous nous demandons d’où viendra l’argent. Cette semaine, le meilleur économiste de Goldman, Jan Hatzius, déclarait que selon lui, une bonne partie serait "monétisée" par la Fed… le bilan de cette dernière atteignant jusqu’à 2 000 milliards de dollars. Les caisses de la Fed représentent le ballast monétaire de l’économie tout entière. A mesure qu’il grimpe, il en va de même pour les capacités de l’économie. En théorie, le potentiel d’inflation augmente de matière géométrique ; un dollar de la Fed pourrait être multiplié par 10 dans l’économie. Bernanke a déjà doublé le bilan de la Fed — rachetant pour 1 000 milliards de dollars supplémentaires d’échecs de Wall Street et de dettes des autorités américaines. Il devra peut-être en racheter pour 2 000 milliards de dollars — ce qui porterait le total à 4 000 milliards — avant que cette crise ne termine, disait le gars de Goldman.

** Les prix des maisons continuent de baisser, déclare le dernier titre, mais "moins que prévu". Sont-ce là de bonnes nouvelles ? Eh bien, ça pourrait être pire.

* Les derniers chiffres de ventes immobilières montrent une hausse. Mais une analyse un peu plus poussée montre que les statistiques sont toujours épouvantables… Les gens achètent des maisons à 250 000 $… sauf que ce sont des maisons qui se vendaient 500 000 $ en 2005. Les malheureux qui avaient des maisons à 500 000 $… et des prêts "jumbo"… coulent à pic. Quasiment la moitié d’entre eux seront sous l’eau d’ici 2011, selon une estimation.

* Les autorités déclarent à présent que le chômage à 10% est inévitable aux Etats-Unis. Naturellement, lorsque les gens perdent leurs emplois, ils ont du mal à tenir leurs remboursements hypothécaires.

* Il y a deux ans de ça, lorsqu’un propriétaire américain avait du mal avec ses versements hypothécaires, il y avait 45% de chances qu’il rattrape son retard. Aujourd’hui, ce taux est passé à 6,6%. Les propriétaires ne se remettent jamais… ils prennent de plus en plus de retard jusqu’à ce que la maison soit saisie.

** Vous voulez d’autres nouvelles ? Durant les récessions passées, les Etats-Unis émergeaient les premiers et tiraient le reste du monde hors de l’ornière. Cette fois-ci, les Etats-Unis sont toujours sur la pente descendante… si bien que les analystes se tournent vers la Chine. La République populaire annonce une croissance rapide. Elle déclare aussi qu’elle aura un taux d’inflation de 2% cette année. Actuellement, les prix chutent au rythme de 1,8%. La Chine est en déflation, non en inflation. Que se passe-t-il en Chine ? Nous ne le saurons pas avant un moment… mais ne comptez pas sur elle pour tirer le monde hors de la crise. La Chine a autant besoin d’une correction que le reste de la planète.

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