** Baosteel aurait-il vraiment intérêt à faire une offre pour Rio Tinto ? Le président de Baosteel, Xu Lejiang, a sérieusement fait marche arrière dans les médias. Il a dit au Shanghai Securities News que non, il n’avait jamais dit que Baosteel pourrait vouloir faire une offre. "Je n’ai jamais dit ça. C’est une invention des médias".
– Il a dit. Elle a dit. Sa voix contre celle des médias. Qui sait ? Une question intéressante, à présent, serait de savoir qui d’autre pourrait remporter le morceau ? Cela pourrait-il être un consortium comme celui mentionné (ou inventé) récemment dans les médias ? La valeur publiquement inscrite de Baosteel atteint un plafond boursier de près de 43 milliards de dollars australiens. L’offre de BHP Billiton évalue (ou dévalue) Rio à 150 milliards de dollars US. Baosteel envisageait, si l’on en croit les rapports, une offre de près de 220 milliards de dollars.
– Voyons… où peut-on trouver 175 milliards de dollars US en ce moment ? Le China Investment Corporation (CIC), la branche officielle d’investissement de l’Etat, possède près de 200 milliards de dollars. Mais vous ne voulez pas mettre tous vos œufs dans le même panier, n’est-ce pas ? La Chine adorerait investir dans des capitaux stratégiques comme l’énergie et les ressources — au juste prix, bien entendu.
** D’ailleurs, vous vous souvenez du mois de mai, quand la société de private equity Blackstone a été introduite en Bourse ? Le CIC a investi trois milliards de dollars d’un seul coup. C’était, si ma mémoire est bonne, le premier investissement du CIC. Qu’est-ce que ça donne maintenant ?
– Le prix d’introduction de Blackstone était à 38 $. Il était à 21,93 $ vendredi dernier. Sur le papier, c’est donc une perte d’environ 40%. Mauvais début pour le fonds. Mais depuis, ils se sont concentrés sur des choses plus proches de chez eux… comme par exemple les chemins de fer.
– Le CIC a investi 780 millions de dollars hong-kongais dans le China Railway Group Ltd., le plus gros entrepreneur asiatique en chemins de fer et en tunnels. Voilà pour le boom des chemins de fer ! L’entreprise est cotée à Shanghai ; elle a été introduite en Bourse cette semaine. Ses parts sont montées de 69%… en une seule journée. La bourse de Hong Kong devrait être renommée King Kong, avec respect, bien entendu. De toute évidence, elle vit actuellement dans une sorte de bulle périphérique, loin de la Chine "métropolitaine", avec les introductions de sociétés chinoises qui grimpent ensuite en flèche.
** Mais dernièrement, tout n’a pas été tout rose pour les introductions chinoises et la bourse de Shanghai. L’indice composite de Shanghai a perdu 18,2% en novembre. PetroChina — après avoir été, brièvement, l’entreprise ayant la plus grosse capitalisation boursière de la planète — a chuté de 37%. Et deux autres IPO, le constructeur de camions Sinotruck et l’entreprise de logistique Sinotrans, ont tous deux perdu 13% juste après leur entrée en bourse.
– Pendant que nous écrivons à propos d’entreprises dont les noms commencent par Sino, nous avons vu dans The Australian vendredi matin que Sinosteel et peut-être Fortescue comptent écraser l’offre de Murchison pour la junior du minerai de fer Midwest.
– "Le géant chinois de l’acier, Sinosteel Corporation, et la nouvelle puissance australienne du minerai de fer, Fortescue Metals, semblent avoir commencé la chasse à un milliard de dollars australiens pour mettre la main sur la mini-minière Midwest Corporation, déjà convoitée par d’autres", rapportait Matthews Stevens.
– Imaginez la région du Pilbara comme un champ de bataille par procuration entre les fabricants d’acier japonais et chinois. La production annuelle d’entreprises comme Midwest et Murchison est minuscule comparée à celle de BHP ou de Rio. Murchison prétend pouvoir produire 25 millions de tonnes par an pendant 15 ans avec sa base de 400 millions de tonnes de Jack Hills, tandis que Midwest vise les 20 millions de tonnes par an à Weld Range.
– Par comparaison, Rio Tinto a produit 200 millions de tonnes de fer l’année dernière, et BHP 140 millions de tonnes. Les deux entreprises — comme vous le savez sans doute — ont des plans ambitieux pour accélérer la production à Pilbara. Mais cette production est verrouillée dans des ventes avec des fabricants d’acier chinois, coréens et japonais.
– Les plus petits producteurs du Pilbara et du Midwest ont de nombreux clients et partenaires. Il s’agit donc d’économies d’échelle. En parlant de ça, le Bureau australien de l’agriculture et de l’économie des ressources a publié ses statistiques annuelles cette semaine.
– En voici un résumé : la Chine est le plus gros client, le Japon est second, loin derrière. La Chine a augmenté sa production de minerai de fer de 40% entre 2005 et 2006, mais reste un importateur net. L’Australie, malgré une production de près de 46 millions de tonnes de moins que le Brésil en 2006, a exporté exactement une tonne de plus (grâce à un taux de consommation domestique plus bas dans le secteur de la fabrication d’acier).