Le doute plane sur la fin de la Goldilocks Economy. Trois causes pourraient amener les marchés à se retourner : inflation, récession, surendettement.
Les marchés obligataires craignent-ils vraiment le retour de l’inflation ?
Au mois de février, l’air du temps sur les marchés était à prévenir du grand retour de l’inflation aux Etats-Unis, après plusieurs années passées sous la menace de la déflation. Les taux longs devaient continuer d’augmenter et la Fed devait entamer la normalisation de sa politique monétaire pour contrecarrer les effets inflationnistes de la relance de Trump.
Natixis s’interrogeait sur cet éventuel « changement de paradigme » dans une note en date du 26 février.
L’équipe de recherche de Patrick Artus concluait que l’inflation avait intérêt à ne pas trop tarder à montrer le bout de son nez, sans quoi les marchés abandonneraient ce qui n’est finalement qu’un « pari ».
Par ailleurs, si les taux et les anticipations d’inflation évoluaient de manière assez corrélée jusqu’à fin 2017, le lien entre ces deux données corrélation ne semble désormais plus aussi fort.
Par conséquent, on peut se demander si ce n’est pas une autre statistique qui inquiète désormais les marchés obligataires…
Cette « faille » dans la Loi de Finances 2018 peut vous rapporter des milliers d’euros… nets d’impôts
C’est très simple… sans paperasse à remplir… et sans conditions d’âge ou de revenus : tout est expliqué ici. Cliquez vite ! |
Ne s’orienterait-on pas plutôt vers une nouvelle récession ?
Une nouvelle récession arrive : c’est l’hypothèse qu’avançait Zero Hedge le 9 mars du fait de la configuration graphique suivante :
Les deux courbes ci-dessus représentent les anticipations de taux d’inflation breakeven (c’est-à-dire dérivées des obligations US à maturité constante) à cinq ans et à 10 ans aux Etats-Unis.
Dans une économie en bonne santé, l’écart (spread) entre ces deux courbes devrait être important, les marchés anticipant un niveau d’inflation beaucoup plus élevé à horizon 30 ans qu’à horizon cinq ans.
Or, sur ce graphique, c’est l’exact inverse que l’on constate : les deux courbes se croisent, ce qui n’était pas arrivé depuis… 2008.
Voici comment Zero Hedge interprète ce graphique :
« Dit simplement, les marchés anticipent un élan inflationniste à court terme, mais ils ne s’attendent pas à ce qu’il soit durable car il sera sans doute noyé par une récession, du fait que l’économie ne se développe pas à un rythme assez soutenu pour justifier une augmentation des prix […].
Par conséquent, pour la première fois depuis juillet 2008, la courbe des taux d’inflation breakeven s’est inversée, les marchés anticipant une inflation à 30 ans en-deçà de l’inflation qui nous attend à cinq ans. Ce qui est particulièrement remarquable est que la dernière fois que cela s’est produit, les Etats-Unis étaient déjà profondément entrés en récession […].«
On notera que ce résultat se retrouve dans la courbe des taux US, qui a tendance à s’aplatir*, ainsi que dans l’écart (spread) entre le taux à 10 ans et le taux à un an, écart qui a des vertus assez prédictives.
Je vous invite à le constater par vous-même en jetant un oeil au graphique suivant, sachant que les barres grises représentent les récessions :
Je précise que je tiens ce graphique de la Fed de San Francisco qui s’est émue de cette situation.
Mais il y a peut-être une autre raison que l’inflation pour expliquer la remontée des taux…
Les marchés obligataires seraient-ils effrayés par le niveau de la dette US ?
Le 26 avril, au lendemain du plus haut du 10 ans US à 3%, Bruno Bertez relevait le traitement que faisait le Wall Street Journal de cette nouvelle.
Pour le quotidien économique et financier, la hausse de ce taux au-delà de 3% pour la première fois en quatre ans est « un signe de la confiance des investisseurs dans une croissance économique stable ».
Pour Bruno Bertez, il s’agit d’une grosse blague. Ou plutôt, d’un parfait exemple des contes » qui vous maintiennent dans le monde inversé de la névrose. […] ». L’important est de présenter la hausse des taux longs « provoquée par la peur de l’inflation, le gonflement des déficits et l’envolée des dettes »comme un événement positif, afin de favoriser un atterrissage en douceur. Bref, gardez confiance, braves gens !
Pour Simone Wapler, il n’y a même pas à pinailler avec les anticipations d’inflation. Le 24 avril, Simone vous indiquait ce qui lui semble être la cause à retenir pour expliquer la remontée des taux :
« La Fed […] rend le crédit plus cher et elle achète moins de bons du Trésor alors que Trump a prévu d’en émettre plus, MAGA (Make America Great Again) oblige. La hausse des taux est la conséquence de ces décisions ».
La dette US et sa soutenabilité, voilà le sujet sur lequel je vous propose de nous pencher dans un prochain article.
[NDLR : Une hausse des taux pourrait provoquer un bain de sang sur les marchés. Découvrez ici les mesures à mettre en place maintenant pour vous protéger quoi qu’il arrive.]
*La courbe des taux représente la relation entre les taux d’intérêt à court terme et les taux d’intérêt à long terme. Lorsque les taux à court terme sont inférieurs aux taux à long terme, la courbe est normale. Lorsqu’elle s’aplatit ou s’inverse, la situation devient anormale.