La Chronique Agora

Regrets et réserves

** Si vous achetez une once d’or aujourd’hui, vous pourriez le regretter demain. Mais si vous n’achetez pas d’once d’or aujourd’hui, vous pourriez le regretter dans deux ans… sinon plus tôt.

– Selon un rapport flambant neuf de Paul Mylchreest, analyste chez Chevreux, le prix de l’or est en passe de grimper… de grimper très haut. La confluence de plusieurs tendances de fond, déclare Mylchreest, fera passer le prix de l’or à 1 000 $ l’once au moins d’ici 2008. Si l’analyste de Chevreux a raison, l’investisseur aurifère d’aujourd’hui n’a pas besoin de se faire beaucoup de soucis sur le fait de payer son once d’or 550 $ plutôt que 600 $.

– Les principales sources d’offre déclinent toutes, déclare Mylchreest, alors même que de nombreuses sources de demande augmentent… et continueront d’augmenter. Pour rendre les choses plus intéressantes encore, le marché mondial de l’or est déjà confronté à une pénurie d’offre d’environ 600 tonnes. Même si le prix de l’or a doublé ces dernières années, Mylchreest pense qu’il doublera encore au cours des années à venir — voire qu’il quadruplera pour atteindre le ‘super-pic’ de 2 000 $ l’once. Nous sommes convaincus par ses arguments haussiers.

** Tout d’abord, jetons un coup d’oeil au déclin de l’offre…

– La production minière mondiale n’a pas augmenté depuis la fin des années 90, et a même chuté de 5% en 2004, selon le World Gold Council. La chute de la production n’est pas un grand mystère. Les prix de l’or ont été si bas tout au long des années 90 que les sociétés minières ont sévèrement réduit leurs efforts d’exploration. ‘[Une fois que] l’exploration a été radicalement diminuée’, explique Pierre Lassonde, PDG de Newmont Mining, ‘il faut environ sept à huit ans pour qu’une augmentation des cours génère non seulement de l’exploration, mais une exploitation des résultats’… En d’autres termes, le secteur mondial des mines d’or ne fera pas grimper l’offre avant un bon moment.

– Pendant ce temps, les banques centrales occidentales semblent diminuer leurs ventes d’or, tant ‘officielles’ qu »officieuses’. Au nom de la ‘diversification des réserves’, ces banques se sont débarrassées de tonnes d’or chaque année (assez ironiquement, les banques centrales orientales ont profité de la même phase pour AUGMENTER leurs détentions d’or). Les banques centrales européennes, en particulier, ont été particulièrement vendeuses d’or durant plusieurs années. En même temps, elles ont prêté leur or à des banques de métaux, qui, à leur tour, l’ont vendu — via diverses formes, méthodes et aspects — sur les marchés.

– Mais il semble à présent que les banques centrales occidentales réduisent leurs ventes directes officielles, tout en diminuant également leurs activités de prêt d’or. Chevreux estime que les banques centrales ont réduit leurs prêts d’or en cours de plus de 2 000 tonnes ces deux dernières années.

– L’industrie aurifère mondiale réduit également ses activités de vente d’or. Tout au long des années 90, de nombreux producteurs aurifères ont vendu leur production ‘à découvert’ afin de verrouiller leurs profits. Ces transactions de couverture ont artificiellement mis sous pression de prix de l’or durant plusieurs années. Mais à présent que le prix de l’or rebondit, de nombreuses sociétés minières craignent que vendre leur future production aux prix actuels ne fera que réduire leurs futurs profits. Elles se limitent donc. Chevreux estime que les producteurs d’or mondiaux ont réduit leurs ventes à découvert d’environ 42% — passant de 2 271 tonnes à 1 323 tonnes.

** Et tandis que toutes les sources d’offre citées ci-dessus s’assèchent, la demande grimpe en flèche.

– Les banques centrales de Chine et de Russie, par exemple, ont augmenté leurs détentions d’or, en promettant d’en acheter plus encore. En novembre dernier, la banque centrale russe a annoncé ses plans de doubler ses réserves d’or. Quelques jours plus tard, le président Poutine a déclaré : ‘je soutiens la proposition que la banque centrale fasse plus attention aux métaux précieux dans la formation de nos réserves d’or et de devises étrangères’. Les officiels chinois ont fait part d’intentions similaires… autant de choses qui font naître de fascinants scénarios du style ‘et si’.

– Par exemple, même si le Japon et la Chine possèdent les huitième et dixième plus grandes détentions d’or au monde, ces positions ne représentent que 1,1% et 1,3% de leurs réserves respectives. ‘Si nous devions supposer’, raisonne Salman Partners, ‘que ces deux pays augmenteront leurs détentions de 50% à [seulement] 1,6% et 2,0% des réserves, respectivement, ces deux banques centrales à elles seules devraient acquérir plus de 680 tonnes d’or sur le marché libre (soit 27% de l’offre minière de l’année dernière). Nous n’anticipons pas un changement de cette ampleur en 2006 . cependant… même un léger changement vers des niveaux de réserves d’or plus élevés en dehors de l’Europe et des Etats-Unis pourrait avoir un impact énorme sur le prix de l’or.’

– Cette notion n’est pas si étrange. Plusieurs banques centrales orientales ont des positions grotesquement élevées de bons du Trésor US, en plus de leurs détentions curieusement petites d’or. Mais récemment, quelques banques importantes ont cessé ou ralenti leurs achats de T-bonds. ‘Il y a certainement eu un ralentissement dans le rythme auquel la Chine a acheté des bons du Trésor US au cours du second semestre 2005’, note Chevreux, ‘et les détentions japonaises ont stagné tout au long de 2005. Ces tendances pour les deux plus grands détenteurs de titres de T-bonds sont un sujet d’inquiétude potentiel pour le Trésor US et la Fed.’

– … mais une joie potentielle pour les investisseurs aurifères !

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