La Chronique Agora

Recul de l’inflation contre recul des taux d’occupation

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Le second l’emporte toujours, et la récession qu’il annonce se confirme par d’autres indicateurs…

Le chiffre américain de l’inflation des prix à la consommation (CPI) publié ce 12 avril, c’est la première vraie bonne surprise sur le front de l’inflation en 2022 : le cycle de décrue de l’inflation en est à son neuvième mois consécutif, les marchés commencent à être habitués…

Sauf que, cette fois, les prix ont fléchi dans des proportions inattendues, puisque le taux global retombe de 6% vers 5%, alors que le consensus « optimiste » tablait sur 5,2%.

Certains prix et pas d’autres

L’essentiel de cette désinflation provient de la baisse des prix du fioul, des carburants et des véhicules d’occasion, d’une stabilisation des dépenses de santé, ainsi que du prix de certains aliments comme les céréales et les œufs.

Mais les Etats-Unis n’en ont pas fini avec la hausse du coût de la vie : le prix des véhicules d’occasion repartait déjà à la hausse fin mars, et les loyers demeurent à des niveaux stratosphériques.

Car même après un recul de 5% des prix de l’immobilier dans le pays (en sept mois), l’accession à la propriété demeure impossible pour une majorité d’Américains, avec des taux hypothécaires demeurant supérieurs à 6,5%.

Et « l’effet de base » a été particulièrement favorable, puisque mars 2022 a marqué le point culminant d’un cycle de 12 à 15 mois de hausse pour les matières premières et l’énergie.

Il est probable qu’avril ne déçoive pas en termes d’inflation ; ce pourrait en revanche être le cas pour l’emploi, avec une montée en flèche du nombre des faillites et un ralentissement brutal dans le secteur de la construction.

L’inversion de la courbe de taux reste sans précédent, même après le CPI, avec 160 points de base d’écart entre les taux à 3 ou 6 mois et ceux du « 10 ans ». Une telle configuration a précédé une récession dans 100% des cas depuis 1973. Et, comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, elle ne s’était même pas produite avant les pires crises de ces 40 dernières années :

Ceux qui vivent déjà la récession

Neel Kashkari, patron de la Fed de Minneapolis a laissé entendre que la récession n’était en effet pas loin.

Et son collègue Austan Goolsbee (depuis peu patron de la Fed de Chicago) a déclaré que la Fed « devait faire attention à ce qu’elle fait pour ne pas précipiter l’économie dans la récession ».

Mais la récession est déjà là. Dans le secteur immobilier résidentiel, en chute libre depuis 7 mois, mais aussi – et surtout – dans l’immobilier commercial, où 1 500 Mds$ d’encours de crédit devront être refinancés dans des conditions qui n’auront plus rien à voir avec la période 2019/mars 2022.

Et pour rembourser, il faut encaisser des loyers !

L’exemple de San Francisco, la capitale de la Silicon Valley, est vertigineux : pas moins de 30 millions de mètres carrés sont disponibles à la location et le taux de vacance (d’inoccupation) atteint le ratio record de 29,4%. Il n’avait pas dépassé les 20% aux plus sombres heures de la crise des dot-com.

San Francisco est un cas extrême ? Peut-être, mais pas un cas isolé non plus, puisque Phoenix, Seattle, Boston ou New York affichent des taux de vacance supérieurs à 15% qui n’ont pas d’équivalent depuis 2008/2012. Il est fort possible que la récession à venir soit aussi à cette échelle, mais, pour l’heure, rien n’est « pricé » ; car les investisseurs ne se projettent que dans les futures baisses de taux.

Même les taux zéro ne servent plus à rien quand on n’a plus d’argent pour rembourser !

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