▪ L’Europe commence à se retourner contre les élites prônant l’austérité. Sarkozy a perdu le premier tour face au candidat socialiste. Le gouvernement hollandais de Mark Rutte a donné sa démission à la reine Béatrice. Les technocrates en Italie et en Grèce se demandent pendant combien de temps ils tiendront encore.
Les Etats-Unis, pendant ce temps, se préparent à leur propre élection présidentielle. D’un côté, on a un candidat qui semble ne pas avoir de convictions fermes, pas plus que d’idées quant à une solution pour tirer le pays de son pétrin post-crise. De l’autre, on a… eh bien… la même chose.
Comme toujours et partout, les candidats sont décevants. Mais la politique est une profession clinquante qui invite les escrocs et les gens superficiels. Peu importe le système que l’on pense avoir, c’est toujours le même. C’est toujours le même type qui domine — avide, ambitieux, assoiffé de statut. C’est un empêcheur de tourner en rond… il rudoie… il tance… il négocie avantages et pouvoirs. Il truque la partie… il utilise les autres. Il utilise le pouvoir du gouvernement — c’est-à-dire le pouvoir de faire faire aux gens ce qu’on veut, sous la menace des armes si nécessaire — pour faire avancer sa cause et — il en est souvent convaincu — celle du monde entier. Au mieux, un politicien est un comploteur opportuniste. Au pire, il est fou ou commet des massacres.
Dans une démocratie, le candidat lui-même n’est souvent qu’une coquille vide… prête à être remplie par une canaille rusée ou un riche donateur.
Dans une monarchie, le roi est parfois la véritable puissance… mais c’est souvent l’homme de l’ombre qui tient les rênes, derrière le crétin portant l’habit pourpre.
Même dans une dictature, le véritable dirigeant peut n’être pas le dictateur lui-même. Il est parfois manipulé par un groupe d’hommes puissants.
Plus il y a de pouvoir en jeu… plus le candidat travaille dur pour l’obtenir. Dans les cas extrêmes, il ne recule devant rien… pas même l’assassinat, le vol ou la fraude.
Certes, de temps en temps, une personne honorable obtient le poste, généralement par accident. Cela dure rarement longtemps. Et lorsque cet homme est parti, les historiens nous disent quel raté il était. « Il n’a rien fait », disent-ils.
Evidemment, toutes les sociétés ont leurs limites… leurs normes… leurs traditions. Un homme dont l’ambition est trop voyante ou dont les méthodes semblent trop implacables n’obtiendra pas ce qu’il guette ; les gens ne le supporteraient pas.
Mais sous la pression, les limites changent. Les gens accueillent à bras ouverts les mensonges maladroits du premier venu. Ils ignorent ses crimes et excusent ses techniques pataudes. Plus tard, ils finissent par en avoir assez… mais ce n’est généralement pas avant de longues, longues années.
Dans l’ensemble, les gens ne sont pas très intelligents. Ils croient à peu près n’importe quoi.
▪ Pourquoi nous ne sommes pas sortis d’affaire
Evidemment, les politiciens ne peuvent pas résoudre les problèmes économiques pour une raison très simple : ils en sont la cause.
Qui a décidé des taux d’intérêts et des critères de prêt ? Qui a causé les bulles en prêtant trop bas pendant trop longtemps ? Qui a ensuite « réglé » la crise — en prêtant plus, à des taux encore plus bas, aux institutions mêmes qui s’étaient révélées être de si mauvais gardiens ?
Qui dépense plus qu’il ne gagne… année après année ? Qui promet encore plus de dépenses — alors que la faillite menace ? Qui produit de la fausse monnaie — imprimant des milliers de milliards de dollars adossés sur rien sinon la « bonne foi » d’un gouvernement insolvable ? Qui commence des « guerres » qui coûtent des milliers de milliards de dollars et des centaines de milliers de vie… et qui, ensuite, debout dans les ruines, annonce la victoire avant de partir sur la pointe des pieds ?
Eh oui. Les autorités… les empêcheurs de tourner en rond… les truqueurs… font toutes ces choses. Mais comment pourrait-il en être autrement ?
Un homme honnête est trop occupé — à améliorer le sort de son entreprise, de son ménage, de sa famille — pour s’intéresser à la politique de trop près. Il sait, de toute façon, que ce ne sont que des sottises. Il sait à quel point il est difficile de faire vraiment mieux chez soi, même quand on connaît les faits et qu’on y travaille à plein temps. Alors quand il s’agit d’améliorer les choses lointaines, alors qu’on ne sait pas vraiment ce qui se passe !
Un homme honnête sait qu’il fait mieux de ne pas se mêler des affaires des autres. Ses propres affaires sont déjà bien assez difficiles. Il se soucie profondément des choses qui l’entourent… et tente de faire mieux de toutes les manières possibles. Mais il serait profondément embarrassé s’il devait prétendre résoudre les problèmes des autres. Même s’il ne fait que donner des conseils, il le fait à contrecoeur… prudemment… et sans s’avancer.
S’il est intelligent, il sait qu’on ne peut pas vraiment améliorer les choses en rudoyant et en menaçant les gens. Une économie fonctionne le mieux lorsqu’on laisse faire la seule chose que les empêcheurs de tourner en rond ne peuvent pas permettre — lorsqu’on laisse les gens passer leurs propres accords, trouver leurs propres emplois et résoudre leurs propres problèmes.
C’est la seule chose que les truqueurs ne peuvent pas faire, et la seule chose que chaque candidat considère comme un suicide politique : vider les lieux, tout simplement. Mais non, un politicien prospère doit avoir un plan, un programme, des crédits d’impôts, des propositions de dépenses. Il doit être aux commandes. Il doit être un activiste, promettant assez de récompenses aux électeurs pour être élu. Il ne peut pas ne pas avoir de réponse. Il ne peut pas ne pas avoir d’intérêt. Il ne peut pas avoir une trace de modestie ni une évaluation réaliste de la situation ou de sa capacité à la comprendre — sans parler d’y faire quelque chose.
La dernière chose qu’il peut être… est précisément la chose qu’on recherche le plus chez un politicien…
… quelqu’un qui n’en a vraiment rien à faire.