La Chronique Agora

Récession ou économie en amélioration pour les Etats-Unis ?

La grande information de la semaine dernière était la chute des cours des bons du Trésor. Selon Bloomberg :

« Les Bons du Trésor ont enregistré leur plus fort déclin en quatre semaines depuis décembre 2010, alors que les signes d’accélération de la croissance économique réduisent la probabilité que la Réserve fédérale lance une autre série d’achats d’actifs. »

« Les chiffres de l’emploi, du secteur de l’immobilier et du pouvoir d’achat des ménages sont les signes d’une croissance plus rapide, ce qui a aidé à réduire la demande sur les valeurs refuge de telle sorte que les rendements de références des bons à 10 ans ont été poussés à leur plus haut niveau depuis le 11 mai. La Banque centrale va communiquer le compte-rendu de sa réunion du 1er août dans laquelle elle a refusé d’initier un troisième tour de relance monétaire, une politique que l’on appelle ‘quantitative easing‘ (QE, ou assouplissement quantitatif). Le président de la Fed, Ben S. Bernanke abordera la politique monétaire lors de la conférence annuelle de la Fed de Kansas City à Jackson Hole, dans le Wyoming, le 31 août. »

‘Le marché dit qu’il n’y a pas de QE3,’ observe Charles Comiskey, chef du trading de bons du Trésor à la Bank of Nova Scotia à New York, l’un des 21 principaux opérateurs qui traite avec la Fed. ‘Les taux ont fortement reculé. Il n’est pas question d’un QE3.’

« Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a augmenté de 15 points de base cette semaine, soit 0,15 point de pourcentage, à 1,81%, selon Bloomberg Bond Trader. Le coupon de 1,625% à échéance août 2022 a chuté de 1 13/32 soit 14,06 dollars pour une valeur nominale de 1 000 dollars, à 98 9/32… »

« L’indice des indicateurs avancés de l’économie américaine a augmenté plus que prévu en juillet, signe d’une forte expansion des principales économies mondiales. L’indice de confiance du consommateur selon Thomson Reuters et l’Université du Michigan a augmenté de 72,3 le mois précédent à 73,6 dans la version préliminaire d’août, le plus haut niveau depuis mai. »

« Les ventes au détail américaines ont augmenté de 0,8% en juillet selon un rapport publié le 14 août, au-delà de l’estimation médiane des économistes dans une enquête Bloomberg. Un autre rapport datant du 3 août montre que les Etats-Unis ont gagné 163 000 emplois le mois dernier, plus que les 100 000 prévus par les analystes. »

« Les permis de construire, une procuration pour les futures constructions, ont augmenté à un rythme de 812 000, le chiffre le plus élevé depuis août 2008. Les mises en chantiers ont chuté de 1,1% à un rythme  annuel de 746 000 par rapport au chiffre de 754 000 en juin, comme le montrent les chiffres du ministère du Commerce publiés le 16 août à Washington. L’estimation médiane de 79 économistes suivis par Bloomberg News tablait sur 756 000. »

« Le nombre de chômeurs a augmenté de 2 000, à 366 000, dans la semaine du 11 août, comme le prouvent les chiffres du ministère de l’Emploi publiés le 16 août à Washington. La moyenne glissante sur quatre semaines est tombée à 373 400, le plus bas depuis juillet 2008. »

Qu’en dites-vous ? Il y a peu de temps encore nous conseillions de faire attention à une récession à venir. En fait, certains analystes pensent que nous sommes déjà en récession. Et voilà un rapport nous informant du contraire… apportant les preuves que l’économie s’améliore… voire même peut-être qu’il y a une réelle reprise.

En fait, tout est possible. Mais il ne faut pas oublier que le véritable problème en Amérique et dans les autres économies mollassonnes est le surendettement. Et de ce que nous en savons, le poids de la dette augmente, il ne diminue pas.

Que signifient donc réellement ces rapports radieux ? Les données sont-elle à ce point altérées qu’elles ne signifient plus rien ? Notre hypothèse — selon laquelle nous avons une économie lourdement endettée avec un besoin désespéré de réduire les dépenses – est-elle incorrecte ?

Nous ne le savons pas. Seul le temps nous le dira…

Mais attendez un peu : si l’économie reprend réellement, les rendements ne continueront-ils pas à augmenter ? Et les taux d’intérêt ne reviendront-ils pas à la « normale » ? Et comment une économie qui est entraînée à fonctionner sur une ZIRP (zero interest rate policy — politique monétaire basée sur des taux d’intérêts nuls ou presque) continuera-t-elle de fonctionner lorsque l’argent ne sera plus gratuit ? L’inflation n’augmentera-t-elle pas elle aussi ?

Les investisseurs et les épargnants ne chercheront-ils pas les chiffres et n’anticiperont-ils pas de plus fortes hausses des prix à la consommation ? Ne commenceront-ils pas à vendre massivement les obligations US ? Et cela ne provoquera-t-il pas le genre de cataclysme financier que les autorités tentent d’éviter ?

Oh, qu’il est merveilleux pour un Nord-Américain curieux d’être toujours en vie … Toutes ces catastrophes qui arrivent si régulièrement à des pays comme le Brésil et l’Argentine. A présent nous les voyons de plus près !

Entre-temps…

Hier soir, nous nous sommes rendus dans une fête de village — un dîner en plein air… avec un chanteur de style Las Vegas… puis des feux d’artifice. Organisée par la mairie, c’était comme un festival d’été rural, du genre qu’on pourrait trouver dans une petite ville du fin fond des Etats-Unis. De la mauvaise musique. De la mauvaise nourriture. Des femmes obèses. Des hommes maigres et burinés.

(Pourquoi est ce que la vie rurale rend les femmes costaudes et les hommes maigres ? A Paris, c’est tout le contraire : les femmes sont minces et les hommes sont gros. Certainement, le sujet mérite de plus amples études scientifiques ; nous en attendons avec impatience les conclusions.)

Nous nous sommes assis sur de longs bancs face à des tables à tréteaux. Presque tous les convives étaient des Français du coin ; la plupart d’entre eux avaient les cheveux blancs. La jeunesse a fui la campagne. En août, les jeunes vont à la plage ou à la montagne. Le reste de l’année, ils vivent dans les grandes villes, travaillent… étudient… ou glandent, vivant aux frais de l’assistance publique.

Seules restent les personnes âgées dans ces zones rurales. Et à présent elles partent elles-aussi.

« Je me souviens, dans les années 1950, il y avait six cafés en ville » se remémore un ami. « Aujourd’hui, il n’y en a plus un seul. Le dernier a fermé cet hiver.

« Et maintenant Anne-Marie [sa femme] veut aller vivre à Poitiers. Elle est fatiguée de passer les mois d’hiver ici. De plus en plus de nos amis déménagent à Poitiers. Et plus ils s’installent à Poitiers moins elle veut rester ici.

« Anne-Marie dit qu’elle ne veut pas se retrouver seule ici. Et je la comprends. Statistiquement, elle sera veuve pendant plus de 10 ans. Elle préfère donc être veuve à Poitiers plutôt qu’ici, à la campagne. »

La population de la France, comme celle des Etats-Unis, devient de plus en plus âgée. Comment ces personnes pourront-elles maintenir le style de vie auquel elles ont été habituées — avec des médicaments et des retraites payés par la génération suivante ? C’est là une autre raison pour laquelle il est si merveilleux d’être vivant ; nous assisterons à l’explosion de l’Etat guerrier et protecteur à la fois.

Attendez… Paul Ryan va rééquilibrer les finances des Etats-Unis. Oui ! Il a voté pour le programme de médicaments du président Bush : la plus grande fumisterie d’assurance maladie non financée de l’histoire. Ryan s’est également prononcé en faveur du TARP : 700 milliards de dollars pour du bidon. Il a voté pour renflouer General Motors : une industrie automobile bidon. Et il affirme que ne réduira pas d’un centime le budget du Pentagone : de loin le plus grand objectif bidon de tous les temps. Existe-t-il une supercherie pour laquelle il ne votera pas ?

Un chanteur est monté sur scène vers 21h, interprétant d’horribles chansons françaises de rock des années 1980. Nos amis français semblaient les apprécier. Les quelques rares jeunes filles présentes levaient les bras et balançaient les hanches. Les personnes âgées étaient patiemment assises sur les bancs.

« Je pense que je n’ai jamais entendu de musique aussi mauvaise » ai-je crié à l’oreille d’Elisabeth.

La performance du chanteur était épouvantable. Et il ne s’arrêtait pas. Il continua à beugler ainsi jusqu’à minuit. Même les vaches du champ voisin se retirèrent du côté le plus éloigné de la colline.

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