Et voici que le pétrole arrive sur les 20 $ !
Poisson d’avril…
Barron’s a encore fait des siennes : début février, le magazine a annoncé que le brut se dirigeait vers les 20 $. Bien sûr, le pétrole a connu une forte hausse juste après sa prévision, plafonnant au-dessus des 40 $. Bravo les gars !
L’important rally du pétrole signifie-t-il qu’il est temps pour nous de parier sur des prix plus élevés? Ou bien ce rebond est-il destiné à retomber comme un soufflé ? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui…
Pour être honnête, l’article du Barron’s associé à la couverture tape-à-l’oeil était un peu plus nuancé. Il affirmait que nous étions en train de voir la dernière partie du krach pétrolier. Il allait même jusqu’à observer que les investisseurs dans le pétrole pourraient profiter d’un fort rebond au cours de la seconde moitié de 2016 car les pays producteurs réduisaient enfin l’offre.
La couverture du Barron’s annonçant un pétrole à 20 $ a coïncidé avec le plus grand rally pétrolier depuis plus d’un an |
Cela ne change rien au fait embarrassant que la couverture du Barron’s annonçant un pétrole à 20 $ a coïncidé avec le plus grand rally pétrolier depuis plus d’un an…
Le pétrole a bondi de plus de 16% en mars, atteignant même les 40 $. Et ce malgré toutes les rumeurs d’un fort excès de l’offre…
« On s’attend à ce que les futures sur le pétrole enregistrent leur gain mensuel le plus important depuis près d’un an, même si l’offre américaine de pétrole a grimpé ces six dernières semaines et que les principaux producteurs de pétrole n’ont pas encore établi de plan pour stabiliser la production », rapporte MarketWatch.
Ceux qui ont parié contre le pétrole veulent sortir — sans attendre |
Le pétrole a grimpé malgré le fait que l’offre ait augmenté. Pourquoi ?
Si ce ne sont pas les stocks de pétrole qui attirent de nouveaux acheteurs, que se passe-t-il ? C’est en fait le débouclage de toutes les positions vendeuses dans le secteur pétrolier. Ceux qui ont parié contre le pétrole veulent sortir — sans attendre.
Mais alors qui donc a profité du rally du pétrole ?
Certainement pas les fonds, pour la plupart…
« Alors que le pétrole a gagné plus de 50% depuis le 11 février, le nombre de positions sur une hausse des prix a à peine bougé », observe Bloomberg. « Au lieu de cela, la pression à la hausse sur les prix semble provenir des traders qui soldent leurs paris perdants à un rythme sans précédent. Selon la U.S. Commodity Futures Trading Commission, la liquidation de positions courtes au cours des sept dernières semaines est la plus importante jamais enregistrée ».
Une fois encore, le marché a exercé sa magie. Trop de paris baissiers ont laissé toutes les positions baissières sur le pétrole dans une situation précaire. Le marché est devenu sursaturé –et les vendeurs ont forcé leur chance. A présent le marché les punit. Le monde se noie-t-il dans le pétrole ? Peut-être mais le marché s’en fiche. Lorsqu’un groupe tire trop au-delà des limites, un retour brutal et puissant n’est généralement pas loin.
Et maintenant ?
Vous allez beaucoup entendre parler d’un gel potentiel de la production de pétrole dans les semaines à venir. La plupart des gens vont y croire. Puis il y aura la « saison estivale où la circulation routière est plus dense » — un sujet qui revient systématiquement à chaque printemps. Oubliez ce baratin. Ce ne sont pas les familles banlieusardes qui emmènent leurs enfants à Disneyland qui feront grimper ou baisser le prix du pétrole.
Le rebond du prix du pétrole sur ses plus bas s’est bien ralenti lorsqu’il a croisé sa moyenne mobile à 200 jours en baisse |
La pression de l’achat ou de la vente, en revanche, s’en chargera. Le rebond du prix du pétrole sur ses plus bas s’est bien ralenti lorsqu’il a croisé sa moyenne mobile à 200 jours en baisse. Mais cela est normal après une variation aussi forte.
Il nous faut surveiller certains éléments dans l’objectif d’un possible second rally du pétrole. Le premier a fini d’opérer dans une bande étroite entre 38 $ et 40 $. On peut constater des razzias de la part des acheteurs à chaque baisse du pétrole (comme ce qui est arrivé vendredi dernier).
Ensuite, nous devrions voir le pétrole monter une attaque sérieuse sur sa moyenne mobile à 200 jours près des 42,50 $. S’il ne parvient pas à dépasser ce jalon, nous pourrions assister à une chute plus importante avant que le pétrole ne se stabilise à nouveau — peut-être dans la petite trentaine de dollars.
En conclusion : nous allons avoir besoin de plus de preuves avant de déclarer que ce nouveau rally du pétrole est bel et bien vivant. Jusqu’à présent, ça a été un rebond d’enfer sur ses plus bas. Mais si le pétrole ne parvient pas à consolider et à effacer la résistance, la seconde partie du rally pourrait bien être mort-née…